Article13 / lundi 25 juin 2018
Cameloteurope l’agence anti-squat.
« Spécialiste européen de la gestion de locaux vacants, Camelot Europe optimise la protection et la préservation de vos biens temporairement inoccupés. Cette approche vous permet de minimiser les risques et les menaces liées à l’inoccupation du bien, tels que le vandalisme, le vol, le squat et la dépréciation tout en optimisant les revenus de vos biens vacants. »
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L’entreprise Cameloteurope a été créée aux Pays-Bas en 1993, leader d’un nouveau marché florissant dans différents pays d’Europe, et présente à Marseille depuis 2016 Cameloteurope propose des « solutions de protection par occupation » (introduites dans la législation en 2009 par l’Article 101 de la Loi Molle), à l’heure actuelle l’entreprise signe principalement avec la mairie. Avec plus de 9 000 logements vacants Marseille représente un marché qui s’annonce juteux. Environ 400 personnes en France « bénéficient » de ce type d’hébergement à aujourd’hui. Les candidatures sont scrupuleusement étudiées afin de sélectionner les « bons » profils.
Selon le contrat de résidence temporaire que signe l’occupant le locataire reconnaît être parfaitement conscient du caractère provisoire et précaire de l’hébergement. Tout type de bâtiment vacant (école, hôpital, usine…) peut ainsi être légalement (et moyennant loyer) utilisé en échange de l’occupation payante des locaux.
Les locataires doivent également fournir un service de gardiennage et de protection (du bâtiment vacant)… Cette technique sert évidemment principalement de gagne pain aux spéculateurs immobiliers par la valorisation et l’entretien (gratuit) des lieux, et participe ainsi au flicage et à la hausse des prix de l’immobilier, tout en exploitant les résident-es.
Un “gardien” révèle les pratiques de ces agences : « Quand on a dû partir de notre première maison, on a eu des offres de l’agence de l’époque pour être relogés. On nous avait proposé un grand appartement […] L’agence nous a proposé de rester environ trois semaines, […] pour améliorer l’espace avant de revendre l’appartement. Ils nous ont dit : “Vous pouvez occuper cet appartement mais vous devez le nettoyer intégralement, le rendre plus agréable, vivable.” […] Et puis, ils ont ajouté : “Quand le contrat sera fini, nous avons d’autres maisons à vous proposer.” Évidemment, c’était basé sur le même principe.(1) »
Il est selon les contrats interdit d’inviter plus de deux personnes sans demander l’autorisation, de partir plus de trois jours sans prévenir, d’avoir des enfants*, de fumer, avoir des animaux, de s’approprier le logement (sic!), et de parler aux journalistes sans autorisation… (*il est donc possible dans les fait d’expulser une personne enceinte pour éviter d’avoir un enfant sur place par la suite par exemple), des inspections bimensuelles non-annoncées sont également mise en place .
L’entreprise flatte aussi la population bobo en proposant la création de lieu éphémères (ateliers d’artiste, Co-working etc) et propose également de signaler les logement vacants par le biais de son site internet.
Les services de gardiennage pour éviter le squat sont déjà présents dans de nombreux pays notamment en Espagne. De la même manière les conventions d’occupation sont de plus en plus nombreuses pour les squater.euses acceptant ce type de contractualisation légaliste. On imagine bien les conséquences pour tous.tes les autres, et la main mise de la mairie ou du prorio sur ce type de lieu. Cette opération passe ici par le biais d’une entreprise gestionnaire d’occupations précaires, mais l’objectif est toujours le même, que la propriété soit toujours respectée et que l’ordre règne.
L’occupation « absorbé » par la légalité devient ainsi contrôlable et permet de fixer un cadre pour « l’usage » des logements vacants, il s’agit ici en somme de faire du beurre sur la précarité et transformer les occupant.es en gardien.nes d’immeuble précaires et souvent insalubres* pour mieux empêcher le squat.
En 2013, une personne est décédée électrocutée sous la douche suite aux défaillances des installations d’une maison gérée par Camelot, cette dernière avait été déclarée inhabitable* à cause d’un système électrique défaillant mais les travaux n’avait pas été réalisés.
Reformulé de la presse mainstream