extrait de Corse-Matin / dimanche 20 mai 2018
Vitres explosées, fils électriques à nu, enchevêtrés, murs et plafonds retapissés à la suie, faux plafonds béants : ce ne sont pas les images du bombardement d’une ville en guerre mais le résultat de l’incendie qui a ravagé l’Esat (établissement et service d’aide par le travail) U Licettu, sur la route du Vazzio dans la nuit de vendredi à samedi.
Gérée par l’Adapei (Association départementale des parents et amis de personnes handicapées mentales) de Corse-du-Sud, cette structure emploie 170 personnes, handicapées mentales dans plusieurs ateliers. Si la cuisine a été particulièrement endommagée, les dégâts au niveau des installations électriques et la suie qui s’est répandue sur l’ensemble du bâtiment contraignent les responsables à fermer momentanément – mais totalement – les locaux.
Il était 2 heures du matin lorsque les sapeurs-pompiers ont été appelés par des habitants du quartier, réveillés par la lueur des flammes et les odeurs de fumée.
Sur place en quelques minutes, huit voitures du centre de secours d’Ajaccio se mettent en position de lutter contre le feu et les pompiers attaquent immédiatement des flammes déjà virulentes.
La quinzaine de pompiers luttera pendant deux heures avant que tout risque ne soit écarté et le feu soit déclaré totalement éteint. Il ne s’est, heureusement, pas propagé à la végétation des collines alentour mais sur la façade et à l’intérieur des locaux. Les dégâts n’ont pu être évités.
Dès le départ des pompiers, ce sont d’autres fonctionnaires en uniforme qui ont investi les lieux : les enquêteurs de la Direction départementale de la sécurité publique chargés de déterminer l’origine du feu.
Et leurs premières constatations, hier, ne laissaient que peu de place au doute, comme le souligne Antoine Secchi, le président de l’Adapei: « Une ou plusieurs personnes sont entrées dans l’enceinte de l’établissement, ont déplacé une poubelle jusqu’au véhicule garé devant les cuisines, puis le feu a été mis au contenu de la poubelle. »
L’acte, manifestement volontaire, a visé directement l’établissement car le ou les incendiaires ne s’en sont pas tenus là. « Ces personnes ont forcé le rideau métallique et ont tenté de le soulever sans y parvenir. Le but était bel et bien d’entrer dans la cuisine », précise Antoine Secchi.
Le résultat de cet incendie criminel est particulièrement dommageable. 170 personnes, handicapées mentales, sont employées par l’Esat U Licettu qui fournit 1 800 repas quotidiens à diverses collectivités, notamment à 23 groupes scolaires. « Nos partenaires ont immédiatement pris contact avec nous. Ils sont solidaires mais nous savons que les semaines et les mois qui viennent vont être difficiles », reconnaît Antoine Secchi. D’autant qu’une bonne partie des travailleurs handicapés de l’établissement se retrouve de fait au chômage technique. […]