Toulouse : Partie de la prison, la révolte se répand après la mort d’un détenu
Sans Attendre Demain / mardi 17 avril 2018
Dans la nuit de samedi à dimanche 15 avril, un détenu de la prison de Seysses, Jawad (27 ans), est mort dans sa cellule. La thèse officielle (celle de l’administration pénitentiaire) parle d’un « suicide par pendaison ». Mais les proches du défunt évoque plutôt un tabassage violent de la part des matons. Le dimanche, plus de 90 prisonniers répondent à cette mort en refusant de remonter en cellule. La contestation dure plusieurs heures et l’AP décide de faire appel aux ERIS pour rétablir l’ordre.
Le soir-même, la colère s’exprime alors dans les rues du quartier de la Reynerie, où de nombreux véhicules sont cramés (plus d’une dizaine), les flics caillassés. Le commissariat du Mirail, à Bellefontaine, est également attaqué au cocktail Molotov par des jeunes au cours de la soirée. La nuit de désordre se termine sans aucune interpellation.
Dans la nuit de lundi à mardi 17 avril, les émeutes s’intensifient et se répandent bien au-delà du quartier de la Reynerie : Bellefontaine et Bagatelle, jusqu’au quartier de la Patte d’Oie en direction de Casselardit, et même jusqu’aux Minimes, et aussi à Blagnac et Colomiers. Des « groupes mobiles de 30 à 40 personnes » montent des guets-apens contre les forces de l’ordre déployées en nombre pour cette deuxième nuit d’émeutes consécutive (outre les effectifs toulousains, déploiements massifs des escadrons de CRS dans tout le quartier, plus un hélicoptère de la gendarmerie nationale). Les flics sont attaqués à coups de caillasses, poubelles et véhicules sont brûlés… Commencées vers 20h40 à La Reynerie, les émeutes se poursuivent jusqu’à 4h du matin, tous quartiers confondus.
Depuis la soirée de lundi 16 avril, des manifs défilent au centre-ville avec banderoles: lundi soir, des slogans ont été criés d’Esquirol à Jean Jaurès en passant par le capitole : « crève la taule », « flic matons assassin », « solidarité avec la Reynerie »…
*****
Deuxième nuit : 18 interpellations au Mirail, à la taule encore des refus de rentrer de promenade
France 3 / mardi 17 avril 2018
Selon des sources policières et judiciaires, parmi les 28 interpellés, on compte 7 mineurs. Les autres sont âgés entre 25 et 30 ans. Surtout, la moitié de ces jeunes ne seraient pas originaires du Mirail. Tous seraient défavorablement connus des services de police.
Lundi soir, les journalistes de France 3 sur place ont en effet assisté à plusieurs arrestations. Dans un fourgon de police, quartier Bagatelle, quatre jeunes hommes menottés étaient emmenés par les policiers quand nous avons pu leur parler, par la vitre du camion de police : « Nous n’avons rien fait de mal, on regardait ce qui se passait et on nous a contrôlés et arrêtés » nous a dit l’un d’entre eux.
Tout au long de la soirée, des incidents se sont déroulés dans les quartiers de la Reynerie, Bellefontaine, La Faourette et Bagatelle. Jets de projectile depuis les coursives, incendies de voitures…
Selon la direction départementales de la sécurité publique, les personnes interpellées l’ont été dans le cadre de « flagrant délit d’incendies volontaires, violences volontaires avec armes, outrages et rébellions, participation à un groupement violent en vue de commettre des dégradations de biens ou des violences aux personnes ».
La préfecture ne donne pas de bilan du nombre de véhicules incendiés. Mais selon nos informations, 25 véhicules, voitures et camionnettes ont brûlé lundi soir à Toulouse. Sur un trottoir de la rue du Lot, un homme filme une voiture en feu avec son téléphone portable : « C’est ma voiture, mon outil de travail » lâche-t-il seulement d’une voix blanche. Il prend des photos et des vidéos pour son assurance.
Dimanche soir, des premiers incidents circonscrits à deux quartiers du Mirail avaient opposés une centaine de jeunes à des policiers qui avaient été surpris. Il n’y avait eu aucune interpellation. Cette fois, les forces de l’ordre étaient nombreuses et même si les émeutiers ont joué au chat et à la souris avec la police, certains ont pu être interpellés.
A l’origine de ces événements, plusieurs éléments selon des sources policières : le contrôle d’identité dimanche après-midi d’une femme portant un niqab [il faut être un journaliste peut imaginer qu’il ya besoin d’un dieu et d’une de ses illuminé.e.s pour se révolter face à la police; NdAtt.], un contrôle qui a mal tourné. Et puis, des rumeurs sur les conditions de la mort d’un détenu à la maison d’arrêt de Seysses près de Toulouse : l’homme a été retrouvé pendu dans sa cellule d’isolement samedi vers 18 heures et tout porte à croire qu’il s’agit d’un suicide selon le parquet de Toulouse. Cette mort a également donné lieu à deux mouvements de détenus à la maison d’arrêt. Lundi après-midi, 90 prisonniers ont refusé pendant deux heures de regagner leurs cellules après la promenade. Ce mardi, ce sont 200 d’entre eux qui ont refusé de rentrer après la promenade.
*****
Troisème nuit, moins d’affrontements, plus d’incendies
20 minutes / mercredi 8 avril 2018
Des quartiers sensibles toulousains ont vécu une troisième nuit consécutive de violences urbaines, toutefois moins intenses que les précédentes, entre mardi et mercredi. Des jets de projectiles sur les forces de l’ordre ont encore eu lieu dans le quartier de la Reynerie, situé au Mirail, et dans celui de Bagatelle, mais la soirée a connu moins d’affrontements que la veille, selon des sources policières.
S’il n’y a pas eu de blessé, les dégradations ont encore été très nombreuses : 29 véhicules ont brûlé (contre 25 la veille), ainsi que des containers à ordure et d’autres éléments de mobilier urbain. Le même dispositif que 24 heures plus tôt, avec 200 policiers appuyés par un hélicoptère, avait été déployé.
Cinq personnes ont été interpellées. Ils étaient 18 la nuit précédente, dont six avaient moins de 18 ans, ce qui avait poussé mairie de Toulouse et préfecture à étudier mardila mise en place d’un couvre-feu pour mineurs dans les quartiers concernés par les violences.
*****
Premières comparutions immédiates au tribunal
France 3 / mercredi 18 avril 2018
16 des 18 personnes, tous des hommes, interpellés lundi soir à Toulouse lors des violences urbaines au Mirail étaient toujours mercredi matin en garde à vue, celle-ci ayant été prolongées, a indiqué à France 3 le parquet de Toulouse.
Deux mineurs ont été relâchés. En revanche, 4 autres mineurs étaient toujours en garde à vue ainsi que 12 adultes.
On s’achemine vers des comparutions immédiates devant le tribunal correctionnel : une personne sera jugée dès mercredi après-midi, les autres, sur lesquelles les investigations se poursuivaient mercredi matin, devraient l’être à l’audience de vendredi 20 avril. Dans l’attente, le parquet de Toulouse va demander leur placement en détention provisoire.
Les charges retenues sont l’incendie volontaire et la destruction de biens, les jets de projectiles sur les forces de l’ordre et la participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences ou destructions volontaires.
Mardi soir, même si la soirée a été plus « calme » que la veille, 5 personnes ont tout de même été interpellées et placées à leur tour en garde à vue.
Le préfet de la Haute-Garonne, Pascal Mailhos a évoqué dans un communiqué, une situation « encore fragile » dans le quartier du Mirail. La préfecture étudie avec la mairie de Toulouse la possibilité de mettre en place un couvre-feu pour les mineurs.