Sans Attendre Demain / mercredi 11 avril 2018
Nous apprenons par la presse que le.a compagnon.ne Cedar, arrêté.e par les flics le 6 avril pour la balade saccageuse dans la Locke Street début mars, s’est vu refuser sa demande de libération sous caution, lors de sa comparution devant le juge ce mardi 10 avril. De nombreuses personnes étaient présentes en soutien. Il/elle est actuellement incarcéré.e en préventive jusqu’à la date de son procès qui aura lieu le 24 avril.
Les enquêteurs partent du principe que cette balade contre l’embourgeoisement était étroitement liée à la foire du livre anarchiste d’Hamilton qui se tenait durant ce même week-end dans le lycée Westdale et dans les locaux de The Tower, espace anarchiste à Cannon Street East. Pour rappel, il est inculpé pour « complots & association de malfaiteurs ».
Le 6 avril, il/elle avait été arrêté.e par les flics à son domicile et directement incarcéré.e à la prison de Barton Street.
En 2011, Cedar avait déjà été condamné.e pour des dégradations dans le cadre du sommet du G20 à Toronto en 2010.
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Ci-dessous, le communiqué de The Tower, centre social anarchiste d’Hamilton, à titre informatif :
Tôt vendredi matin, la police d’Hamilton a fait irruption dans une maison de certaines personnes impliquées dans l’organisation de la foire du livre anarchiste. La porte a été fracturée et une grenade flash jetée à l’intérieur et un escadron du SWAT est entré : avec leurs fusils d’assaut pointés en notre direction, l’escadron SWAT a fait sortir les personnes présentes de leur lit, dont certaines étaient nues et, à une exception près, à leur mettre les menottes. Trois personnes ont été retenues et une autre arrêtée. Cedar, un membre du collectif The Tower et notre ami précieux, a été arrêté et emmené et se trouve actuellement en détention.
Les personnes qui n’ont pas été arrêtées ont été contraintes d’attendre dehors pendant près de cinq heures, pendant que les flics « fouillaient » la maison. Comme les fascistes qui ont attaqué The Tower le mois dernier, les flics ont complètement saccagé l’espace et même retourné les étagères. Tous les trois étages de la maison ont été mis sens dessus dessous et beaucoup de choses ont été endommagées, notamment une collection de cartes postales féministes encadrées qui ont été déchirées en mille morceaux et jetées dans les toilettes de la salle de bain. Les flics sont des porcs misogynes, purement et simplement, sans exception. De nombreux objets ont été saisis, notamment tous les appareils électroniques (téléphones, ordinateurs, caméras, disques dur externes, etc…), livres, affiches, zines, et un assortiment assez aléatoire de documents (articles de revues universitaires, traductions de textes d’un projet de livre, notes manuscrites, programmes d’événements, brochures…).
En ce qui concerne l’arrestation, Cedar fait face à des accusations de « complots » en lien avec la soit-disant « émeute de la Locke Street ». Nous n’avons aucune envie de nous engager dans la politique de l’innocence. Le concept d’innocence et son versant qu’est la criminalité (entendre « culpabilité ») obscurcissent plus qu’ils illuminent – personne n’est innocent et les plus « criminels » parmi nous sont à la tête de l’économie et du gouvernement. Au-delà de cela, ces notions perpétuent la logique d’un système juridique colonial enraciné dans la « suprématie blanche ». Ceci dit, il convient de noter que les accusations de complot sont connues pour être douteuses et fragiles, qu’elles sont depuis bien longtemps utilisées comme outil de persécution politique. Cela correspond à un acte de désespoir destiné à ratisser large et à effrayer les gens.
De telles accusations ne sont pas matière à s’engager dans une activité particulière, mais plutôt d’encourager éventuellement une activité particulière.
The Tower est un projet ouvertement anarchiste qui depuis sa création a promu les idéaux d’entraide et de solidarité, d’égalité et d’autonomie des individus, ainsi que l’action directe, la guerre de classe et la riposte. Notre projet a toujours inclus *à la fois* les jardins et les émeutes. Nous voulons voir les gens construire de belles alternatives de libération de la même manière que nous voulons les voir attaquer les structures de domination. Rien ne changera à ce sujet, et malgré les défis actuels, notre projet continuera à impulser ces idées. Nous n’avons toujours pas de larmes pour Locke Street et nous continuons de soutenir sans réserve les activités qui ont eu lieu le mois dernier. Ce sont des actions comme celles-ci qui peuvent stimuler des conversations que personne ne cherche à avoir (dans ce cas, l’intensification de la gentrification à travers la ville) et nous voyons cela comme positif.
Comme tout se passe vite, il est important que les gens se rappellent qu’il n’est jamais acceptable de coopérer avec les flics – ne leur parlez pas et ne partagez aucune information avec eux (quelle soit vu comme ). Il ne s’agit pas d’être en accord ou en désaccord avec des tactiques particulières, mais de refuser de prendre des mesures qui facilitent la violence et la répression de l’État. En dehors des discussions sur la Locke street, les médias locaux ont été dominés par des histoires de corruption policière, de mauvaise conduite, de brutalité et, plus récemment, de meurtre. Il y a moins d’une semaine, la police de Hamilton a abattu Quinn MacDougall, un jeune homme de 19 ans non armé qui avait appelé le 911 en détresse pour demander de l’aide. Les flics ne sont pas et ne seront jamais nos alliés. Nous gagnons en sécurité et en force en restant ensemble et en gardant le silence.
[Traduit de Northshore par Sans Attendre Demain, 10 avril 2018]