On ne se laissera pas Limoger

IAATA.info / dimanche 1er avril 2018

Récit partiel de deux perquisitions à Toulouse, et d’une visite non choisie de la ville de la porcelaine.

6h00 du mat’, le 27 mars 2018, les gendarmes débarquent dans deux maisons toulousaines. Il y a là différentes unités : entre autres, les sections de recherche de Toulouse et de Limoges, ainsi que leurs PSIG associés (pelotons de sécurité et d’intervention de la gendarmerie). Ce qui va être pris au long de cette longue matinée, c’est du matos informatique, des carnets, de l’argent, des téléphones, mais aussi des caleçons et des taies d’oreiller, pour l’ADN. Surtout, deux personnes sont embarquées. Après un passage éclair à la gendarmerie de Balma, départ pour Limoges, où les personnes sont présentées à la juge d’instruction. Celle-ci leur signifie que leur garde à vue est reconduite jusqu’au lendemain. Chaque personne sera retenue dans une gendarmerie différente, à quelques kilomètres de Limoges. Dans le même temps, une personne de Limoges subit sensiblement le même scénario.

Il est annoncé aux personnes de Toulouse qu’elles sont retenues dans le cadre d’une enquête pour association de malfaiteurs en vue de commettre un crime et des dégradations en relation à des faits ayant eu lieu dans la nuit du 18 au 19 septembre 2017 à Limoges. Elles resteront 36 et 38 heures en garde à vue, auditionnées longuement sur leurs positionnements politiques et leurs fréquentations. Ces deux personnes sortiront sans mise en examen. La personne de Limoges vient d’être transférée en préventive pour 1 an renouvelable. Nous savons que d’autres perquisitions et arrestations ont eu lieu le mercredi matin à Ambert, et que les personnes ont été placées en détention provisoire pour 4 mois renouvelables deux fois. On ne peut affirmer un quelconque lien entre ces événements à l’heure actuelle.
Au vu de ce qui a été dit, on peut supposer qu’il y eu des écoutes et des filatures depuis plusieurs mois, dans le cadre d’une instruction, suivie d’une commission rogatoire, ouverte le 20 octobre 2017 et renouvelée le 13 décembre 2017 (13.12…). Gageons que cette surveillance ne concerne ni les seules personnes auditionnées, ni ces seules villes.

Derrière l’appellation floue d’association de malfaiteur-rice-s, il apparaît que l’Etat cherche à criminaliser des liens entre des gens, des lieux fréquentés, des modes d’organisation, idées politiques et pratiques. C’est là un éventail large qui peut être constitué en faisceau de suspicion : manger dans un squat, utiliser des listes mails sécurisées, participer à des actions, organiser des rencontres, faire du sport ensemble, communiquer, se déplacer. Et même faire des pâtes au fromage.

Il est important de repréciser nos solidarités, et de continuer à lutter, à tenir pour déjouer les stratégies judiciaires.

Toutes malfaiteurs,
Adhérons à l’association !

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Les journaflics s’en mèlent

Le Populaire du Centre / samedi 31 mars 2018

L’affaire avait fait grand bruit à Limoges. Dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 septembre 2017, cinq véhicules de la gendarmerie (trois fourgons de gendarmerie mobile et deux bus) avaient été incendiés au sein de la caserne Jourdan.
La piste de l’incendie volontaire avait tout de suite été privilégiée par les enquêteurs de la Section de Recherches de Limoges, d’autant que l’acte avait été revendiqué sur les réseaux sociaux par le collectif R.A.G.E. (Révolte Anarchiste des Gendarmes Exilés). Une revendication jugée à l’époque fantaisiste par le parquet de Limoges. Le lendemain, un acte similaire avait été perpétré à Grenoble en Isère.
Plus de six mois après les faits, le dossier a semble-t-il rebondi cette semaine. En effet, plusieurs personnes auraient été placées en garde à vue. Vendredi, une personne était toujours entendue par les enquêteurs. Selon une source proche de l’enquête, ces gardés à vue appartiendraient au courant idéologique de l’ultra gauche.
Le site Indy média, une plate-forme appartenant aux mouvances libertaires et anticapitalistes, qui avait relayé la revendication du groupe R.A.G.E. affirme même que plusieurs perquisitions et deux interpellations auraient été effectuées dans le secteur de Toulouse.
Des informations que n’a pas confirmées le parquet de Limoges.
À la suite de cet acte incendiaire, une information judiciaire avait été ouverte. Le dossier est entre les mains d’un juge d’instruction.

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