Insurrection News / mardi 27 mars 2018
Le 29 novembre 2017, dans la cour intérieure de la prison de Korydallos [à Athènes ; NdAtt.], a commencé le procès en deuxième instance (cour d’appel) pour les compagnons Argyris Dalios, Giannis Michailides, Dimitris Politis, Nikos Romanos and Gerasimos Tsakalos (membre de la Conspiration des Cellules de Feu). Tous sont accusés de braquage de banque et de bureaux de poste, possession de munitions, contrefaçon et attaques incendiaires, tandis qu’au début (lors du procès en première instance) les compagnons étaient accusés de participation à l’organisation révolutionnaire Conspiration des Cellules de Feu, accusation qui tombe sous la loi antiterroriste n° 187A.
Lors de ce procès (dont était président Konstantinos Ganiatsos), les compagnons ont été acquittés de l’accusation de participation à la CCF, mais le tribunal a statué sur le fait qu’ils sont donc des « terroristes individuels » et que leurs actions sont de nature « terroriste », les condamnant à des nombreuses années de prison.
Plus précisément, la sentence du 26 mars condamne A. Dalios à 27 années d’emprisonnement (contre 29 années requises en première instance), N. Romanos à 18 années (contre 20 en première instance), D. Politis à 12 années et 2 mois (contre 13 années de taule en première instance), G. Mihailides à 11 années (comme en première instance) et le membre de la CCF G. Tsakalos à 5 années (comme en première instance). C’est la première fois dans l’histoire de la jurisprudence grecque que l’article sur le « terrorisme individuel » est utilisé, du moins contre des anarchistes.
Plus précisément, le procureur Sofia Apostolaki a suggéré que le simple fait d’être anarchiste suffit pour qualifier les agissements de quelqu’un comme « terroristes » et que si une personne ne fait pas partie d’un groupe, il s’agit alors d’un « loup solitaire ». Cette interprétation de l’article antiterroriste 187A, déjà délibérément vague, permet d’accuser chaque anarchiste de terrorisme, créant un précédent de lourdes accusations et de longues sentences pour le mouvement anarchiste. Jusqu’à présent, les accusations de participation à un groupe « terroriste » étaient basées sur des échantillons d’ADN, des relations d’amitié ou de famille, des témoignages inexistants ou des éléments « disparus », qui portaient soit à l’acquittement soit à des sentences de vengeance, imprévues même pour la justice civile. Dès à présent, le simple fait d’être anarchiste est un « élément » suffisant pour conduire à une condamnation. Une simple phrase d’un Procureur est suffisante pour cibler le mouvement anarchiste dans son ensemble en tant qu’ « ennemi intérieur » et condamner nos compagnons à de longues peines.
Alors que dans le même temps fascistes, mafieux, hommes d’affaires et magnâts du transport maritime sont traités avec faveur par l’État et la loi, tou.te.s ceux/celles qui luttent contre eux et les valeurs qu’ils représentent, contre tout type d’oppression, sont conduit.e.s aux cachots de la démocratie civile en raison de leur bord politique.
La gravité d’un tel précédent, que l’État essaye d’établir, nous concerne tou.te.s, l’ensemble du mouvement, qui choisissent d’agir en dehors des cadres de la loi et attaquent l’État et ses mécanismes. Cela concerne tout un chacun qui ne reste pas indifférent face à la brutalité capitaliste et choisit, par solidarité et complicité, le côté des opprimés. En cette période d’intenses luttes internes au système, parmi les scandales, les mémorandums, milliers de ventes aux enchères de biens saisis et la dévalorisation totale de nos vies, cette décision précise de la justice est un message à tou.te.s ceux/celles qui choisissent la route difficile mais nécessaire de l’action révolutionnaire. Un message que nous, en tant que composantes du mouvement anarchiste, devons retourner à l’envoyeur.