Sans Attendre Demain / samedi 14 octobre 2017
La semaine dernière, nous avons décidé de faire écho au procès de Kara Wild à Paris en faisant pleuvoir des bris de verre dans les rues de Chicago et en faisant exploser les pneus des flics pour chaque mois passé en prison. Les fenêtres de magasins bobos de la côte nord complètement gentrifiée étaient gigantesques et vulnérables à nos marteaux. Les pneus de voitures de sheriffs, garées sans vergogne dans les rues résidentielles, nous ont mis au défi de les immobiliser. Seulement du caoutchouc et du verre. Ce ne sont ni des blindés ni des bunkers. Pourtant, la tension entre la fragilité évidente et le fait que cela semble intouchable a pour but de rendre l’attaque impossible. Chaque fenêtre non brisée et chaque pneu non crevé est un monument maussade de nos imaginations séniles.
Nous sommes fatigués de marcher à travers les bastions de bobos en sachant que leurs vitrines sont si faciles à péter sans le faire pour autant. Fatigués de marcher devant les voitures de flics avec un couteau de poche plié dans la main. Les vitres brisées et les pneus crevés sont des lettres d’amour à faire circuler entre nous. Ne faites pas attention au degré quantitatif de ces attaques quant à savoir si nos ennemis sont impactés. En nous masquant et en brisant leurs devantures, nous ouvrons ce bel espace dans lequel nous pouvons être nous-mêmes, où rien n’est sacré mais où nous renforçons des liens et partageons notre dégoût pour leur monde de misère. Par une soudaine clarté : nous savons ce que nous aimons et nous savons ce que nous détestons.
Trop souvent nous justifions l’inaction par de vagues comparaisons à des mythes, où l’intervention est plus facile et moins risquée. Nous inventons des histoires de surveillance inégalée et de répression qui s’abat sur nous partout où nous agissons. Ainsi, nous nous éloignons de notre potentiel destructeur et de nos désirs communs, en nous distanciant de celles et ceux qui, comme Kara et Krem, continuent à prendre des risques calculés face aux conséquences brutales. Nous tentons de mettre fin à cette distance et rejoindre ce corps anti-social grandissant qui transgresse la sainte loi. Par l’attaque répétée, nous surmontons nos peurs. Une fois que nous commençons à briser ces merdes, nous oublions de nous arrêter.
Rejoins-nous dans la nuit qui s’illumine !