AFP / Mardi 5 septembre 2017
La France va se doter de drones armés, rejoignant ainsi un club comprenant notamment déjà les Etats-Unis, Israël, la Grande-Bretagne et l’Italie, a annoncé mardi la ministre française des Armées Florence Parly.
« J’ai décidé d’engager le processus d’armement de nos drones de renseignement et de surveillance », a déclaré Florence Parly devant un parterre de militaires et de parlementaires à l’Université d’été de la Défense à Toulon (sud-est).
Les Etats-Unis et Israël ont été les précurseurs dans ce domaine, suivis du Royaume-Uni. En Europe, l’Italie a obtenu en 2015 l’autorisation des Etats-Unis d’armer ses drones américains Reaper.
Au Moyen-Orient, ils seraient également utilisés par l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l’Irak, l’Iran, le Pakistan et la Turquie, selon un rapport des sénateurs français Cédric Perrin et Gilbert Roger rendu public en mai. D’autres pays en sont équipés ou envisagent de le faire, de la Chine à l’Asie centrale.
« En pratique cette décision concernera dans un premier temps les drones Reaper que nous avons acquis aux Etats-Unis. Il s’agira de les doter d’un armement guidé de précision », a expliqué la ministre.
La France possède actuellement six Reaper – cinq basés à Niamey pour les opérations de surveillance des jihadistes au Sahel et un à Cognac (sud-ouest) – dans une version non armée. « Mais à moyen terme, le futur drone européen dont nous réalisons les études en coopération avec l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne sera également doté d’armement », a-t-elle ajouté.
Pointant « les craintes et les amalgames » que la question des drones armés suscite, Mme Parly a insisté sur le fait qu’il ne s’agirait pas de « robots tueurs » et qu’ils seraient utilisés avec les mêmes règles d’engagement que les armes actuelles. « Cette décision ne change rien aux règles d’usage de la force, au respect du droit des conflits armés (…) Les règles d’engagement pour les drones armés seront strictement identiques à celles que nous appliquons déjà », a-t-elle souligné.
« Qu’il s’agisse d’un canon Caesar, d’un missile de croisière, d’un Rafale, si l’opérateur est physiquement éloigné de l’objectif, l’homme n’en est pas moins au cœur de l’engagement du feu. Il en ira de même pour les drones », a-t-elle ajouté.
Selon la ministre, les armées françaises gagneront ainsi en « efficacité » dans les opérations et « limiteront le risque de dégâts collatéraux ». « Ce nouvel usage permettra aussi d’optimiser l’emploi de nos avions de combat, de nos hélicoptères, de leurs ravitailleurs. Ces avions sont plus rapides, plus puissantes mais également plus lourds dans leur mise en œuvre », a-t-elle encore souligné.