Indymedia Bruxelles / samedi 1er juillet 2017
Il existe (encore et toujours…) en ce bas monde des individus animé-es par un désir de liberté. Un désir de vivre sans contrainte, sans entraves, sans autorité. La plupart se nomment anarchistes. Une partie d’entre elles et eux refusent d’attendre que d’hypothétiques « conditions » soient remplies, qu’un Grand Soir balaye tout. Ils et elles veulent arriver à l’anarchie par la destruction totale de ce monde, par l’attaque par l’écrit et par le geste. Par groupes affinitaires, jamais permanents. On appelle ça le milieu.
Ce qui me rapproche d’un-e individu, ce sont bien évidemment les idées communes, et
surtout une affinité. L’affinité n’est pas quelque chose qui se conquiert une fois pour toute. Elle se tisse à travers les expériences, les désaccords, et me concernant une certaine sensibilité. Il ne m’est pas facile de me faire de nouvelles affinités, que ce soit dans le milieu ou dans la vie quotidienne.
Qui plus est, ces glorieux-euses et immortel-les combattant-es de la liberté ne sont pas toujours (et je m’y inclus) comme dans les livres. Rumeurs destructrices, coup bas, ostracismes ne sont malheureusement pas de rares exceptions. On ne diffusera pas tel écrit parce que bien qu’on soit en accord total avec le fond et la forme, on a entendu dire que l’auteur-e aurait fait ça ou ça. La main tendue se transforme en coup de poing une fois le dos tourné. Dents blanches, et carnassiers.
Il faut un code de conduite, il faut respecter ce qui n’est qu’en fait qu’une idéologie, peu importe le degré de sincérité des individu-es. Si tu as une affinité avec telle personne que je n’apprécie pas, tu es forcément un connard. Sans compter les appels à choisir des camps, les concours de testostérone, l’hypocrisie latente, et surtout, avant tout, le paraître. Parler aux personnes en vue avant les autres. Faire savoir que c’est nous les auteurs de tel ou tel chose. On peut être sûr d’une chose, ce n’est pas en étant en retrait que l’on collectionnera les affinités ou les « relations » tels les points de fidélité au magasin bio.
Tout cela, c’est un fonctionnement de parti. Un fonctionnement de meute. Le compagnon d’hier devient le bâtard d’aujourd’hui, l’ennemi principal de demain. Comme entendu, on perd plus souvent des compagnon-nes par les disputes que par la répression. Alors parfois, ça fonctionne dans l’autre sens. Des individu-es avec qui nous n’avions aucune affinité, ou plus aucune, refont surface. Car elles et eux aussi sont exclu-es du milieu, parce que le milieu en a décidé ainsi. Et il est vrai que ça fait un point commun, un réel point de départ.
Cependant il ne s’agit donc pas de cumuler les affinités comme les amis sur Fakebook. Oui c’est chiant, oui c’est pas sexy (déjà entendu…), mais tisser un fil affinitaire ça prend du temps, et même que aussi ça prend de l’énergie. Cependant, il me paraît essentiel, voire vital, de partager une sensibilité commune. Parce que les individualités exclues ont forcément une rancœur contre les jurés du milieu. Parce que cette rancœur, parfois même une haine, peut aveugler. Ce n’est pas parce que tu as été exclu-e (bien évidemment nous ne sommes pas des communistes, il n’y a ni réunion, ni processus et autres conneries, non non juste tu n’est pas/plus le-a bienvenu-e et on ne te parlera pas) et que moi aussi, qu’on devrait forcément créer le parti des exclu-es. Ce serait trop facile. Ce serait partir sur des bases pourries. Parce qu’il ne suffit pas de ça pour créer une affinité sensible et durable.
Alors oui, ce milieu a comme tous les milieux des pratiques dégueulasses, encore et
toujours. Et il est toujours triste de voir des individu-es se faire traîner dans la bière parce qu’ils/elles n’ont pas voulu marcher droit. Ou parce que la rumeur, le spectre, fait l’individu. Mais cela ne suffit pas. Il ne s’agit pas de créer un contre-milieu. Nous ne sommes pas des gauchistes. Partager des expériences, en parler, est un réel soulagement quand on s’est fait piétiner le cœur. Mais prenons le temps nécessaire afin de ne pas recréer, en voulant faire du nouveau, des affinités basées sur des haines communes et des rumeurs.
Nous portons un monde pourri dans nos cœurs.