Paris : Ni patrie, ni patron
extraits du Parisien / dimanche 23 avril 2017
A l’appel de mouvements «antifascistes» et «anticapitalistes», qui entendaient organiser une «nuit des barricades», quelque 300 manifestants s’étaient réunis dans l’après-midi. Si dans les premiers instants, la manifestation était calme, la tension est montée autour du célèbre monument avec des mouvements de foule. Certains militants ont tenté d’arracher les palissades autour de la statue du Génie puis ont lancé sur les CRS des bouteilles et des pétards. Les forces de l’ordre ont répliqué en chargeant les manifestants et tentent de les contenir autour de l’Opéra.
Dès 21 heures, les débordements ont lieu du côté du boulevard Beaumarchais. Les manifestants ont cassé des vitrines d’agences bancaires, des Abribus, des conteneurs à verre, plusieurs Autolib’ mais aussi des vitres de véhicules appartenant à la préfecture de police. Vers 22h30, le groupe de casseurs se dirigeait vers le quartier Jaurès (XIXe arrondissement). Selon nos informations, la police a interpellé une grande partie de ce groupe, en ayant notamment recours à du gaz lacrymogène.
extraits du Parisien / lundi 24 avril 2017
Nuit de tension à Paris dimanche soir à l’issue du 1er tour de la présidentielle où des affrontements ont éclaté entre des manifestants «antifascistes» et des CRS. Vingt-neuf personnes ont été placées en garde à vue à l’issue de manifestations «antifascistes» dans Paris dimanche soir au cours desquelles 143 personnes avaient été interpellées, indique ce lundi la préfecture de police. Parmi les gardés à vue, figure un homme en possession d’un couteau, d’une bombe lacrymogène et de 10 tubes de mortier. Six policiers et trois manifestants ont été légèrement blessés lors de ces heurts.
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Paris : Récit et réflexions à propos de la soirée du 1er tour, « ni Le Pen ni Macron, ni patrie ni patron »
Paris-Luttes / lundi 24 avril 2017
Dimanche soir, à l’annonce des résultats du 1er tour des Présidentielles, entre la reine des racistes et le roi des capitalistes, notre coeur n’a eu qu’une envie : vomir. Pourtant, en abstentionnistes revendiqué-e-s, on aurait pu décider de se désintéresser complètement du cirque électoral. On a préféré exprimer notre rage dans les rues de Paris…
Comme à chaque élection présidentielle, les actions directes contre la farce démocratique et ses partis se sont multipliées ces derniers mois et se sont intensifiées ces dernières semaines : attaques de permanences de partis politiques de toutes tendances, arrachage et détournement d’affiches électorales, tags abstentionnistes dans la rue et dans le métro, enfarinages de candidats, manifs contre le FN et perturbations de meetings de divers candidats (merci Fillon pour avoir osé aller jusqu’au bout malgré toutes tes casseroles, tu as fait grandir la colère populaire contre la classe politicienne).
Samedi (le 22 avril), une manif pour un « premier tour social » a vu quelques actions directes menées contre des banques et des tags anti-vote apparaître sur les murs :
Et dimanche, si le rendez-vous « Nuit des barricades » à Bastille n’a pas tellement bien marché (trop de flics, pas assez de gens), une manif sauvage a quand même fini par partir de la place malgré la nasse policière, tandis qu’une autre semble être partie de Ménilmontant plus ou moins en même temps, et qu’encore une autre arrivait place de la République dans la soirée. Bon, c’était un peu chaotique et compliqué à suivre, mais il y avait clairement de l’énergie pour gueuler contre le 2e tour qui s’annonce et contre la mascarade électorale en général.
Un peu plus tard dans la soirée, alors que de plus en plus de gens affluaient sur la place de la République, on a vu arriver des flics à deux ou trois angles de la place. Ça semblait le bon moment pour partir en manif sauvage… Malgré quelques personnes qui essayent de freiner cet élan, avec l’idée qu’on finirait par être 5 000 si on attendait un peu (si seulement…), on finit par bouger, avec l’idée qu’on finirait tou-te-s nassé-e-s sur la place si on attendait un peu (version plus terre à terre, tmtc). La grande insurrection, ça sera pour une autre fois. On s’en doutait, nan ?
À ce moment-là, on est quelques centaines, la rage au ventre, à crier « À bas Le Pen, les flics et Macron« , ou encore « Tout le monde déteste le FN » / « Tout le monde déteste Macron« . Mais si ces slogans inspiré de « Tout le monde déteste la police » ont le mérite d’affirmer notre haine du renouveau du racisme pour l’une et du renouveau du capitalisme pour l’autre, ils ont le défaut d’être faux, tout simplement. On a envie que tout le monde haïsse la police, le FN et Macron, mais de fait, on en est loin… Sur les 47 millions d’inscrits sur les listes électorales, il y en a quand même plus de 8 millions qui ont voté Macron, et plus de 7 millions qui ont voté Le Pen. Sans compter les 7 millions qui ont voté Fillon, etc. Bref, même si les abstentionnistes restent les plus nombreux, on est quand même très loin d’une détestation généralisée des deux candidat-e-s qui se retrouvent au 2nd tour de la Présidentielle.
Un slogan plus « juste », et plus parlant, fera son apparition : « Ni Le Pen ni Macron, ni patrie ni patron« , affirmant ainsi notre détestation des deux candidats en tête tout comme du nationalisme et du capitalisme comme systèmes de domination.
Partie sur la rue du Faubourg du Temple, la manif sauvage est dynamique et gagne en intensité au fur et à mesure. Des tags apparaissent sur les murs, du mobilier urbain est renversé en travers de la route pour empêcher les flics de nous suivre trop facilement. Au croisement de Belleville, on tergiverse un peu [et la CFDT a ainsi le temps de se faire casser des vitres et tagguer « Mort aux collabos »; NdAtt.], on hésite à prendre la rue de Belleville, un ou des véhicules de flics sont attaqués, des lacrymos sont jetées sur la foule par les flics et toute la manif se dirige alors vers la place du Colonel Fabien en prenant le boulevard de la Villette. Des panneaux de pub et des Autolib prennent des coups, ainsi que tous les habituels bâtiments capitalistes, qui ont tous leurs façades repeintes et/ou leurs vitrines pétées : banques, agences immobilières, agences d’assurance, magasins de bourges, supermarchés, etc. Tout cela se passe dans une bonne ambiance, une rage collective accompagnée de slogans anticapitalistes. Le rythme de la manif est assez élevé, ce qui parfois n’aide pas trop à l’entraide entre manifestant-e-s, ou à l’attention aux un-e-s et autres, mais c’est un sentiment génial de continuer à avancer et transformer cette soirée d’élections présidentielles en émeute en plein coeur de Paris (on était 500 au début et jusqu’à 1 000 au plus fort de la manif, selon le suivi de Paris-Luttes.info).
Les flics ont mis du temps à nous rattraper, et c’est seulement vers La Chapelle qu’ils ont essayé de nous bloquer le passage. Quelques projectiles répondent alors aux jets de grenades lacrymogènes, et après un petit moment d’hésitation [qui coute tous ses vitres à une banque LCL; NdAtt.] a repart en direction de Louis-Blanc, où une autre attaque policière finit par couper la manif sauvage en deux ou trois groupes (dont un termine nassé – une cinquantaine [au fait une centaine; NdAtt.] de personnes seront interpellées et emmenées en contrôle d’identité au comico de l’Évangile, dans le XVIIIe). Là, la manif continue mais il y a une sorte de flottement, l’ambiance est pas mal retombée et on est beaucoup moins nombreux. On se regroupe progressivement et rue du Faubourg Saint-Denis on repart au pas de course en direction de Gare du Nord pour éviter d’être bloqué dans un endroit sans rues adjacentes. À l’angle de la Gare du Nord, d’autres flics armés nous attendent. Demi-tour, on commence à faire tourner le mot que l’heure de la dispersion a sonné. Si on peut, on se retrouve place de la République !
- Émeute après les résultats du 1er tour, 23 avril 2017, Paris
Quelques temps plus tard, s’il y a du monde sur la place de la République, on voit bien que ça grouille de flics partout dans le Xe arrondissement et tout autour de la place. Alors que des affrontements commencent entre des manifestant-e-s et des flics sur un angle de la place, feux d’artifice contre lacrymos, toutes les rues sont rapidement bloquées par des rangées de flics anti-émeute. La place est noyée sous les gaz lacrymogènes, ça court dans tous les sens et il y a peu de perspectives enthousiasmantes dans ce grand traquenard. C’est vers ce moment-là qu’avec mes ami-e-s on s’esquive, et quand on a appris qu’il y avait un rencard à Ménilmontant il était trop tard pour nous. On dirait que deux petites manifs sauvages sont reparties de là-bas…
Pour celles et ceux qui y étaient, cette soirée émeutière n’aura pas manqué de faire penser à celle qui avait éclaté au soir-même de l’élection de Sarkozy en 2007. Ça avait même duré trois soirs d’affilée à Paris, des manifs sauvages offensives avaient accueilli comme il se doit l’arrivée au pouvoir de cette ordure.
En 2017, dans cette période d’état d’urgence normalisé et de montée des idées réactionnaires, ce n’est pas toujours évident de savoir comment s’opposer à la marche écrasante de l’ordre établi. Pourtant, à la suite du mouvement contre la loi Travail et son monde et du mouvement de solidarité avec Théo, les moments de révolte sociale n’ont pas manqué ces derniers mois. Et on l’a vu ce dimanche soir, on est quand même un certain nombre à avoir la rage contre ce monde, à être déterminé-e-s à continuer de s’insoumettre aux chefs, aux partis et aux institutions. En dépit de l’adversité grandissante, faisons exister, faisons connaître, développons les idées et pratiques autonomes, anarchistes, révolutionnaires et anti-autoritaires.
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Nantes : Ni banquier, ni raciste
extrait du Parisien / dimanche 23 avril 2017
Quelques manifestations se sont également déroulées en province. Selon la préfecture de Loire-Atlantique, il y a eu plusieurs interpellations à Nantes, où des centaines de personnes ont manifesté derrière une banderole proclamant «Ni banquier, ni raciste» et aux cris de «Nantes debout soulève toi, ni Le Pen, ni Macron».
Des manifestants ont lancé des cocktails Molotov et cassé quelques vitrines d’agences bancaires. Les forces de l’ordre, présentes en nombre, ont répliqué par des tirs de grenades lacrymogène et de désencerclement, ainsi que par des tirs de gomme-cogne.
extrait du Parisien / lundi 24 avril 2017
Plusieurs interpellations ont eu lieu à Nantes, avait indiqué dimanche soir la préfecture de Loire-Atlantique. A Bordeaux, les forces de l’ordre ont essuyé des jets de projectiles et procédé à deux interpellations. Une personne a été placée en garde à vue.
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Toulouse : Les élections ne comprennent qu’un langage : grève, blocage, manif sauvage !
IAATA / lundi 24 avril 2017
Dès 19h, alors qu’on occupe la place à discuter tranquille, c’est la parade des camions de flics et la mise en place du dispositif. Grille anti-émeute rue saint-rome, flics à tous les coins de rue, innombrables cars de CRS stationnés. On sent l’ambition d’écraser toute volonté de révolte.
Vers 21h au Capitole entre 100 et 300 personnes sont réunies. « Jour Debout » fait tourner le micro, beaucoup d’appels au calme et à la non violence quand un départ en manif est suggéré dans l’assemblée. On leur coupe la parole à coup de « Tout le monde déteste le FN » et de feux d’artifice.
Tentative de départ en sauvage derrière une banderole : bref affrontement entre flics et manifestants rue du poids de l’huile. Une lacrymo est jetée. La place est entièrement encerclée par des centaines de CRS. On fait vite le constat qu’on ne partira pas en manif depuis la place.
Un rendez-vous est donné à 23h à Arnaud Bernard. A l’heure dite nous sommes une centaine. On démarre direct et on chope des gens en chemin, notamment devant les bars. Arrivé-es rue du Taur on est peut-être 200 ?
Des horodateurs, des agences immobilières et des DAB sont fracassés, quelques tags fleurissent sur les murs.
Peu de monde réalise que deux motos de voltigeurs s’incrustent en plein milieu du cortège.
Après quelques péripéties, nous revenons vers la basilique Saint Sernin où les lacrymos se mettent à tomber du ciel.
Là commence une chasse à l’homme qui dure jusqu’au moment où sont écrits ces lignes (01h00). Après la manif, les flics auraient nassé un bar à Arnaud Bernard pour chercher des personnes (et en auraient profiter pour en étrangler une autre).
Voltigeurs, flics en civil à pied ou en vélo (!), voitures sérigraphiées, CRS, la ville est ratissée, contrôles d’identité à la clef. Une ligne de CRS bloque les petites rues d’Arnaud Bernard. Plusieurs arrestations seraient à déplorer […]
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Toulouse : Manif sauvage
Coté Toulouse / lundi 24 avril 2017
Vers 21 h 45, une petite centaine de personnes était rassemblée sur la place du Capitole, pour une manifestation spontanée. Des projectiles auraient été lancés sur les CRS présents sur place, rapporte une source policière. Pour disperser la manifestation, les forces de l’ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes, permettant ainsi le retour au calme.
Plus tard dans la soirée, peu après 23 h, près de 80 sympathisants de l’ultra gauche auraient tenté de rallier la place du Capitole, après être partis de la place Arnaud-Bernard. Sur leur chemin, qui empruntait la place Saint-Sernin et la rue du Taur, ils auraient dégradé plusieurs commerces, à coup de tags et de coups de pied dans les vitrines.
C’est au niveau de la rue du Taur qu’ils ont croisé le chemin des forces de police, qu’ils auraient pris pour cible avec divers projectiles. Là encore, les policiers ont utilisé des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants.
Deux individus ont été interpellés. Le premier, âgé de 21 ans, était en possession d’une petite quantité de stupéfiants et a été interpellé pour dégradations volontaires et violences aggravées. Le second, âgé d’une trentaine d’années, a été interpellé pour dégradations volontaires et participation à une manifestation non autorisée avec le visage dissimulé. Ils ont tout deux été placés en garde à vue.
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Rennes : Court compte-rendu 23 avril soirée
Indymedia Nantes / lundi 24 avril 2017
La préfecture voulait empêcher tout rassemblement place sainte-anne (dite place satan). Les pouvoirs publics qui puent ont mis la pression sur les commerçant-e-s, voisin-e-s etc ils ont même fait fermer la station de métro et controlé les bus mais ils n’y sont pas parvenus. La préfecture et les pouvoirs publics = zéro (cela dit stratégie de tension portée à son maximum)
- Départ en manif’ d’un gros groupe (centaine) avec banderole rejoint par de petits apports constant le long de la soirée
- Très nombreuse présence policière (CRS, Gendarmes mo, police natio, bac , motos , hélico etc )
- Journalistes et voitures des médias « désiglés » (anonymisée-e-s).
Plusieurs charges et suite à des mouvement rapides de véhicules de keufs crs = nasses
- nasse rue chicogné
- nasse à coté boulevard de la tour d’auvergne
Plusieurs controles d’identités
à cette heure (23 h 40), la bac fait du « saute-dessus » en centre ville et pourchasse en voiture des gen-te-s.
- à noter que les groupes qui ont manifesté hors centre ville (banlieues et périphéries) n’ont pas vu l’ombre des keufs hormis l’hélico lointain.