Indymedia Nantes / jeudi 20 avril 2017
Affiche glanée sur les murs de Caen.
Ni justice, ni paix !
Le tabassage et le viol de Théo, perpétré début février à Aulnay-sous-bois par des flics, est venu briser le spectacle sécuritaire orchestré depuis des années, et accentué par l’Etat d’urgence. Difficile de faire gober que l’introduction d’une matraque télescopique dans un rectum sur une longueur de 10 cm est une maladresse. Difficile en effet de se laisser une nouvelle fois berner par la thèse de l’accident, répétée jusqu’à la nausée, dans les meurtres successifs de Zyed et Bouna, de Rémi Fraisse, d’Adama Traoré, de Lamine Dieng… et de tant d’autres qui ont le malheur de ne pas avoir la bonne couleur de peau , de ne pas habiter le bon quartier, de ne pas assez se soumettre aux injonctions de l’Etat et du capital…
L’affaire Théo, comme bien d’autres avant elle, et comme l’assassinat de Liu Shaoyo depuis, n’est en rien un accident, mais la manifestation de la répression dans sa banalité la plus crue, le rôle habituel dévolu à la police. En maintenant l’ordre, elle maintient un monde, assoit des dominations qui structurent nos sociétés : l’emprise étatique et économique, le racisme, le sexisme…
Pour autant face à ce nouvel exercice de la violence d’Etat, nous ne réclamons pas justice. Car lorsque la justice travaille au quotidien, nous savons que c’est bien elle aussi pour préserver les intérêts de la domination. Là où la justice d’abattoir condamne déjà à la pelle ceux et celles qui sont censés avoir organisé des guet-apens pour venger le viol de Théo, elle se précipite pour valider la thèse farfelue de l’accident dans son cas, comme elle avait déjà relaxé auparavant les assassins de Rémi Fraisse, de Zyed et Bouna et de bien d’autres.
Nous ne voulons pas plus de la paix, car l’Etat comme le capital mènent une guerre sourde contre les plus pauvres, les migrants et les migrantes, contre ceux et celles qui refusent de courber l’échine (anarchistes, zadistes, syndicalistes trop remuants), contre ses supposés ennemis intérieurs. Mais également plus visible, pour défendre leurs intérêts conjoints aux quatre coins de la planète, et surtout dans les ex colonies. Là bas on bombarde, on mutile, on viole, on laisse les civils à leur sort face aux troupes alliées, on forme les armées de tortionnaires à même de protéger les intérêts d’Areva, Elf ou Total. Partout se testent, s’emplifient et s’élargissent les stratégies contre-insurrectionnelles, en même temps que s’étend le droit de « légitime défense »pour les flics, qui ne consiste en rien d’autre que de leur offrir un permis de tuer.
Nous ne nous résignerons pas non plus à sauver ce monde avec un bulletin de vote. Ceux et celles qui nous poussent à voter n’ont plus rien d’autres à nous proposer que de le faire pour empêcher Marine Le Pen d’accéder au pouvoir. Pourtant, depuis longtemps déjà, ceux et celles-là même qui nous intiment de remplir notre devoir civique, n’ont eu de cesse, de soumission à l’Etat d’urgence en acceptation des centres de rétention, de fabrication de boucs émissaires en durcissement des conditions d’exploitation, d’imposer le programme même du Front National.
En matière de bulletin de vote, les plus dangereux illusionnistes sont encore ceux et celles qui demandent une meilleure représentation des « minorités ». Comme si le problème résidait dans une meilleure représentation de la population, et non dans ce que fabrique le pouvoir, quelque soit la couleur de l’épiderme ou le sexe de celui ou celle qui l’exerce. Les exemples des administrations Obama, Tatcher, Merkel devraient pourtant en avoir vacciner plus d’un ou d’une. Et nous rappeler ce vieil adage du Guépard : « il faut bien que quelque chose change pour que rien ne change ! »
Parce que c’est bien ce Monde qu’il faut détruire, sans rien attendre de sa justice. Parce qu’on entre pas dans un monde nouveau sans effraction, organisons nous pour le renverser. Sabotons toutes les machines à pacifier ce Monde comme les élections, joignons nous à la grève des électeurs et des électrices.
Assemblée autonome, Caen , mars 2017.