Le Monde / jeudi 16 mars 2017
Le parquet antiterroriste français a été saisi, jeudi 16 mars, après qu’une assistante de direction a été blessée aux mains et au visage lors de l’ouverture d’un courrier qui a explosé au siège du Fonds monétaire international (FMI), dans le 16e arrondissement de Paris. Selon nos informations, il visait un responsable du FMI plus particulièrement chargé des questions européennes.
L’explosion s’est produite peu avant midi. La victime est sérieusement blessée. « Elle a été touchée au visage par des éclats ainsi qu’un blast aux tympans et est actuellement en traitement, sans qu’il y ait le moindre risque quant à sa vie ou à une urgence absolue », a assuré sur place le préfet de police de Paris, Michel Cadot.
« Les dégâts sont assez limités dans le bureau », où se trouvaient trois personnes, selon le préfet de police. « Il semble que ce soit un engin pyrotechnique ou un gros pétard. C’est quelque chose de relativement artisanal, ce n’est en rien une bombe », a-t-il ajouté, précisant que, pour l’heure, il n’y avait, a priori, pas de revendication. « Il y avait eu quelques appels téléphoniques ces derniers jours mais qui ne sont pas forcément en lien avec cette affaire-là », a-t-il dit.
Une adresse en Grèce figure sur le colis a de son côté fait savoir le ministre grec de l’intérieur, Nikos Toskas. « Les autorités françaises nous ont informés qu’il avait été expédié de Grèce », a-t-il affirmé à la chaîne Ant1 TV. Le groupe anarchiste Conspiration des cellules de feu est « vraisemblablement à l’origine » de l’envoi du colis, a déclaré à l’Agence France-Presse la police grecque.
C’est ce groupe qui avait revendiqué, jeudi, l’envoi du paquet reçu mercredi au ministère allemand des finances. Celui-ci contenait un « mélange explosif ». Il avait été envoyé de Grèce, avec comme fausse adresse d’expéditeur celle d’un député de droite. Les anarchistes grecs disent avoir envoyé le colis piégé « au ministre allemand des finances », Wolfgang Schäuble, dans le cadre d’un plan « Nemesis » (« justice » en grec) visant « le système de pouvoir ».
Le groupe Conspiration des cellules de feu, apparu en 2008, avait mis en état d’alerte l’Europe en 2010, avec une série d’envois de colis piégés, notamment aux dirigeants européens, Silvio Berlusconi (Italie), Angela Merkel (Allemagne) et José Manuel Barroso, le président de le Commission européenne d’alors. Une dizaine de membres du groupe purgent de lourdes peines depuis leur arrestation, en 2011. […]