Les journaflics travaillent pour calmer la situation
Le Parisien / samedi 11 février 2017
« Affaire Théo : la tension baisse d’un cran en Seine-Saint-Denis »
Huit personnes ont été interpellées dans la nuit de vendredi à samedi, où les tensions consécutives au viol présumé de Théo lors d’une arrestation violente se poursuivent malgré tout.
Vingt-cinq personnes avaient été interpellées la veille. Le département de la Seine-Saint-Denis a connu sa sixième nuit de violences, en réaction au viol présumé du jeune Théo, 22 ans, lors de son interpellation violente à Aulnay-sous-Bois. De nouveaux heurts ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi, mais la tension a baissé d’un cran.
Quelques voitures et poubelles ont été incendiées, «réparties sur le département», selon une source policière, indiquant que huit personnes avaient été arrêtées, dont une à Aulnay. Selon nos informations, huit mineurs ont été interpellés à Villeparisis dans la nuit pour des feux de poubelles [voir ci dessous; NdAtt.]. Vendredi soir, un officier de police affirmait au Parisien que l’intensité des heurts dans le département était moindre que lors des émeutes de 2005. «Il n’y a pas de réels affrontements, les tirs de projectiles se font de loin et dès que l’on arrive, les groupes se dispersent», indiquait notamment cet officier.
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Manifs à Paris et Marseille
Le Parisien / vendredi 10 février 2017
A Marseille (Bouches-du-Rhône) comme à Paris, des manifestants se sont rassemblées vendredi en fin d’après-midi pour réclamer «justice pour Théo», après le viol présumé de ce jeune homme de 22 ans lors de son interpellation le 2 février à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
Quelque 250 personnes environ se sont rassemblées vers 18 heures sur le Vieux-Port de Marseille, derrière une grande bannière noire avec le slogan: «Mais que fait la police? elle viole, tue, mutile». Les manifestants se sont ensuite dirigés vers le commissariat de Noailles, sur la Canebière, où la police, visière baissée, a essuyé plusieurs tirs de projectile.
Une centaine de manifestants a ensuite marché vers la gare Saint-Charles, scandant «flics, violeurs, assassins», puis a cheminé en direction du quartier de La Plaine, «où il y a de eu de nouvelles prises à partie avec les forces de l’ordre », préfet de police des Bouches-du-Rhône Laurent Nuñez qui a fait état d’«une bombe agricole, des pétards et des fumigènes» détenus par des manifestants. Quatre d’entre eux ont d’ailleurs été interpellés. La police a fait usage de gaz lacrymogènes, et le cortège s’est dispersé après 20 heures en petits groupes.
A Paris, de nombreux policiers ont eu fort à faire pour contenir quelque 150 manifestants qui s’étaient donné rendez-vous, via les réseaux sociaux, à l’intérieur du Forum des Halles, dans le Ier arrondissement. «Face à l’impunité policière soyons ingouvernable», pouvait-on lire sur une banderole.
Le centre commercial des Halles, lieu inhabituel pour une manifestation, a été plongé dans un nuage de gaz lacrymogène peu avant 19 heures. Un passant, les yeux rougis et l’air incrédule, interpellait un policier : «Vous savez qu’il y a des gens qui rentrent du boulot ?» Toutes les issues menant à la place Carrée, dans le sous-sol du Fforum des Halles, ont été fermées et les clients des magasins étaient encouragés à se diriger vers les sorties.
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Villeparisis (Seine-et-Marne) : A Villeparisis aussi, des tentatives de faire quelque chose
Le Parisien / samedi 11 février 2017
Huit jeunes mineurs, âgés d’environ 17 ans, ont été placés en garde à vue au commissariat de Villeparisis, dans la nuit de vendredi à samedi, suite à des feux et des dégradations.
Ce samedi matin, les habitants de l’allée Sébastien Vauban -qui donne sur l’avenue du 8 mai 1945- ont découvert consternés les quatre poubelles parties en fumée ou noircies. Mais surtout, l’un d’eux découvrait le pare-brise arrière de sa Peugeot 107, brisé. « J’ai juste entendu des bruits vers 22 heures mais rien d’autre. J’aurais dû aller voir », regrette une jeune femme. Le pare-brise arrière d’une Peugeot 207 a également fait les frais des casseurs et près d’une habitation, des bris de verre jonchaient le sol.
Selon les premiers éléments de l’enquête, plusieurs personnes se seraient données rendez-vous, via les réseaux sociaux, dans Villeparisis, suite aux violences policières commises sur le jeune Theo, la semaine dernière, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
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Seine-Saint-Denis : C’est la fête toutes les soires
Le Parisien / vendredi 10 février 2017
La nuit dernière, vingt et une communes de Seine-Saint-Denis ont connu des violences urbaines. Après l’interpellation musclée de Théo à Aulnay, jeudi 2 février, et les soupçons de viol qui planent sur l’un des policiers, la colère se propage. Pas une soirée sans que des voitures ou des poubelles s’enflamment. Une quarantaine dans la nuit de jeudi à vendredi, autant la soirée précédente. « C’est l’équivalent d’un 31 décembre et cela fait six nuits que l’on a des 31 décembre », indique un officier. D’abord circonscrits à Aulnay, puis aux villes voisines, les débordements contaminent tout le département. Même la tranquille commune de Vaujours a déploré une voiture brûlée et du mobilier urbain dégradé. La nuit dernière, l’Ile-Saint-Denis, Noisy-le-Grand, La Courneuve… ont été à leur tour le théâtre d’incidents.
A Montfermeil, c’est une patrouille de police qui est prise dans un guet-apens. Les dégâts les plus importants seront recensés au Blanc-Mesnil, deux voitures brûlées dans le quartier Pasteur et surtout un incendie allumé dans les sous-sols de la Maison pour tous de la cité des Tilleuls. Dans la nuit de mardi à mercredi la maison pour tous de la cité Pasteur avait été aussi la cible d’incendiaires. Deux événements que le cabinet du maire refuse de relier aux violences urbaines post-affaire Théo. Thierry Meignen, le maire (LR), ayant décidé de reprendre les commandes ces centres sociaux. « C’est un événement ciblé et opportuniste », affirme-t-on dans son entourage.
A Noisy-le-Grand, neuf personnes ont été interpellées après des tirs de mortiers dans le quartier du Pavé Neuf. « Nous sommes intervenus très rapidement. En un quart d’heure tout était terminé », indique un officier. Ordre avait été donné de concentrer le dispositif policier sur cette commune du sud-est du département. Toutes les brigades anticriminalité (bac) du district ont convergé vers le Pavé Neuf et des CRS les ont rejoints.
« Il n’y a pas de réels affrontements, les tirs de projectiles se font de loin et dès que l’on arrive, les groupes se dispersent, rapporte cet officier qui ajoute, nous ne sommes pas dans la même intensité qu’en 2005. Si cela avait dû exploser, ça se serait passé dans les tout premiers jours. » Le rapport de force est clairement en faveur de la police. « Toutes les nuits il y a 500 à 600 fonctionnaires de police sur le terrain », poursuit-il.
Alors que d’autres villes sont secouées par des incidents, Aulnay a retrouvé son calme. Une autre localité a échappé à ces soubresauts, Saint-Ouen. De l’aveu d’un policier : « Il n’y a pas de violences urbaines à Saint-Ouen car le trafic prend le dessus ».
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Les émeutes continuent en Seine-Saint-Denis
Le Parisien / jeudi 9 février 2017
Vingt-huit personnes ont été interpellées pour violences urbaines mercredi soir en Seine-Saint-Denis, dont une à Aulnay-sous-Bois. Le département est en proie aux incidents depuis le viol présumé du jeune Théo lors d’une arrestation brutale. Les personnes ont été arrêtées pour «jet de projectiles, incendie ou violence».
La préfecture de Seine-Saint-Denis a confirmé que la nuit avait été «calme» à Aulnay-sous-Bois, sans «événements majeurs mais quelques incendies». Une dizaine de personnes ont été arrêtées au Blanc-Mesnil. Plusieurs incendies ont été déclenchés à Sevran. La police a constaté des jets de projectiles à Tremblay-en-France, Stains et Neuilly-sur-Marne. […]
Mercredi soir, trois à quatre cents personnes ont brièvement manifesté à Nantes, sous haute surveillance, contre les «violences policières et en soutien à Théo», environ 200 environ à Rennes [voir plus bas; NdAtt.], et plusieurs dizaines à Bordeaux. Quelques centaines de personnes se sont aussi rassemblées à Paris, pour la deuxième soirée consécutive. A Nantes, 20 personnes ont été placées en garde à vue, dont 16 pour «refus de se soumettre à un contrôle d’identité, transport d’artifices, port d’armes et outrages» et quatre autres personnes âgées de 17 à 25 ans pour port d’armes, violences, participation à un attroupement ou outrage.
Deux personnes ont été placées en garde à vue à Bordeaux pour dégradations sur quelques bâtiments du centre-ville, dont un poste de police de jour (fermé la nuit), a rapporté une source proche de l’enquête.
Mercredi, deux jeunes ont été condamnés à Bobigny à six mois de prison ferme pour les violences de ces derniers jours à Aulnay-sous-Bois. Trois autres jeunes ont écopé de six mois de prison avec sursis. Un sixième prévenu, accusé de jets de pierre à l’encontre des forces de l’ordre, a été relaxé.
Sud-ouest / Jeudi 9 février 2017
Mercredi soir, vers 22 heures, plus d’une centaine de personnes se sont réunies sur le place Saint-Michel, à Bordeaux. Toutes étaient présentes en soutien à Théo, le jeune éducateur d’Aulnay-sous-Bois, pour dire leur colère après son viol présumé lors de son interpellation. Le cortège à cheminé pendant une demi-heure dans le centre-ville. Plusieurs bâtiments ont été dégradé dont le poste de police de la rue du Cerf-Volant. Deux hommes d’une vingtaine d’années ont été interpellés et placés en garde à vue, mercredi soir, pour dégradations et outrages.
Sud-ouest / Jeudi 9 février 2017
Une centaine de Bordelais se sont réunis jeudi soir sur la place Meynard pour afficher leur soutien à Théo, le jeune homme d’Aulnay-sous-Bois victime de violences policières. Après une demi-heure statique, le groupe s’est dirigé vers la place de la Victoire, empruntant les petites rues du quartier Saint-Michel. Quelques tags, beaucoup de slogans mais pas de débordements comparables à mercredi soir
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Manifs, rassemblements et débordements à Paris, Nantes et Rennes
extrait de Paris-Luttes.info / jeudi 9 février 2017
Nouveau rendez-vous mercredi 8 février, 18h, Ménilmontant en solidarité avec les habitants d’Aulnay et pour réclamer la justice pour Théo et tous les autres.
Mise à jour 22h30 : Déploiement policier totalement incroyable à Ménil’. Le quartier est bouclé. Grande nasse plus ou moins lâche autour du métro Ménilmontant. Sur la place, des poubelles sont brulées. Ratissage policier. Finalement la contestation se déporte à Belleville où des baqueux qui essayent d’interpeller un journaliste indépendant se font sortir par la foule. « Il est où ton brassard ? » « Flic, violeur, assassin ! » Repli des keufs en civil et départ en manif’ sauvage rue de Belleville avec pas mal de CRS dans le dos. Des poubelles sont renversées pour ralentir les flics et la manif a tourné avenue Simon Bolivar.
Mise à jour 19 h : énorme nasse de 400 personnes à Ménilmontant. Les flics fouillent à l’entrée et à la sortie ; des baqueux attendent tout autour, bien vénères. Pour le moment la manif ne peut pas partir.
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Le Parisien / jeudi 9 février 2017
Pour la deuxième soirée consécutive, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées autour du métro Ménilmontant, à Paris (XIe-XXe), mercredi soir, réclamant «justice pour Théo», ce jeune homme victime d’un viol présumé jeudi dernier lors de son interpellation à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).Au plus fort de la soirée, les manifestants étaient au nombre de 200 environ. […]
Des incidents ont néanmoins émaillé le rassemblement (poubelles enflammées, projectiles lancés contre une banque) tandis que la foule entonnait des slogans hostiles aux policiers comme « Flics, violeurs, assassins » et « Tout le monde déteste la police ». Déployés aux quatre coins de la place, les CRS ont progressivement encerclé les manifestants jusqu’à leur dispersion, vers 20h30. Mardi soir, ils avaient procédé à six interpellations.
Six personnes ont également été interpellées, mais pas pour violences, à Nantes, où 300 à 400 manifestants s’étaient réunies brièvement. Le rassemblement, sous la surveillance d’un important dispositif policier, a dégénéré après un tir de projectile sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué avec des lacrymogènes provoquant des dispersions.
A Rennes, 200 personnes ont battu le pavé sans pour autant rejoindre le centre historique, bloquées par les forces de l’ordre. Le rassemblement n’a duré que deux heures et s’est achevé par quelques face-à-face tendus, mais pas d’affrontements directs, relate Ouest-France.
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Aulnay : Les citoyens citoyennistes au travail pour désamorcer la révolte
Le Parisien / 9 février 2017
Les nuits sont courtes et à haut risque pour Wissam. Depuis lundi, ce père de famille de 35 ans s’enfonce dans la nuit d’Aulnay-sous-Bois, avec quelques amis, pour calmer une jeunesse au bord de l’explosion. «L’histoire de Théo a tout décuplé dans les têtes. C’est une douleur profonde qui s’est répandue en chacun d’entre nous. Une humiliation», analyse Wissam. Après son travail au centre technique municipal et un bisou à ses enfants, cette force tranquille joue les anges gardiens de la cité «pour éviter le pire». «Je rentre à 4 heures du matin et je retourne au bureau», explique Wissam qui s’apprête à passer sa troisième nuit dehors. «C’est à ce moment-là que nous sommes sûrs de croiser des jeunes.»
Il faut trouver le ton juste. Wissam ne bombe pas le torse. Il n’est pas un professionnel de la médiation. Juste le père de deux adolescents qui travaille sans filet à panser les plaies : «La tâche est compliquée, avoue-t-il. Les jeunes estiment que cette fois-ci, c’est allé trop loin. Vous vous rendez compte, un contrôle de police qui vire au viol de leur pote ! Ils ne comprennent pas non plus pourquoi les policiers ont été remis en liberté.»
Wissam n’a pas de méthode miracle : «On parle d’humain à humain. Je suis juste un adulte qui leur parle sans les stigmatiser. Cette tension entre les jeunes et la police ne date pas d’hier, observe-t-il. Il existe une stigmatisation mutuelle. Tant que la question des rapports difficiles entre policiers et population restera un tabou, il n’y aura pas d’amélioration possible, juge-t-il. Car même l’honnête citoyen peut se retrouver dans une mauvaise posture.»
Dans ce quartier des Etangs, mardi soir, le clash a certainement été évité grâce aux bons offices de Wissam et de son petit groupe de citoyens bénévoles. Les ingrédients étaient réunis : un jeune garçon qui commence à filmer une patrouille avec son smartphone, le ton monte et les invectives fusent. «Arrête de filmer», lance le policier, «Tu me touches pas», rétorque le jeune. Moment de grande solitude pour Wissam. «On ne sait pas comment la police va réagir», avoue-t-il. D’instinct, il écarte le jeune homme et s’avance vers le fonctionnaire. Sa voix calme et son autorité naturelle parviennent à désamorcer l’incident. Il a conscience que l’exercice a ses limites. A peine Wissam et son équipe avaient-ils levé le camp qu’un cocktail Molotov embrasait un véhicule.
NdAttaque : On rappellera que la famille de Théo (et lui même, de façon moins marquée) a appelé au calme, à la patience et à la confiance dans la Justice. Comme quoi, les fameux « premiers concernés »…
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Après trois nuits, la situation se calme à Aulnay, mais le désordre se répand ailleurs
Le Parisien / mercredi 8 février 2017
Alors que la nuit a été calme à Aulnay-sous-Bois, des incidents ont éclaté dans plusieurs villes de Seine-Saint-Denis comme Tremblay-en-France ou Clichy-sous-Bois mardi soir. 17 personnes ont été arrêtées.
Pour la première fois depuis samedi, la nuit a été « globalement » calme à Aulnay-sous-Bois, mais des incidents ont éclaté dans plusieurs communes de Seine-Saint-Denis, où 17 personnes ont été interpellées, a-t-on appris ce mercredi de source policière. […]
A Tremblay-en-France, une dizaine de personnes, dont plusieurs enfants, ont été intoxiquées au monoxyde de carbone après le jet d’un cocktail Molotov dans un bâtiment, a relaté cette source, sans plus de précision. Leurs pronostics vitaux ne sont pas engagés. Un départ de feu à l’école Georges Politzer a obligé les pompiers à intervenir, le poste de police municipale a également été dégradé. De « nombreux » véhicules et poubelles ont été incendiés « dans plusieurs villes », comme à Sevran notamment. Un chauffeur de bus a été aussi légèrement blessé à l’occasion d’un jet d’objet incendiaire « dans les environs de Clichy » (sous-Bois), a indiqué cette source.
[Ce charognard de] François Hollande s’est rendu mardi au chevet de Théo à l’hôpital d’Aulnay-sous-Bois, d’où le jeune homme de 22 ans, victime d’un viol présumé lors d’une arrestation brutale jeudi, a appelé les jeunes de son quartier à ne « pas faire la guerre » et à « rester unis ». Dans une allusion aux violences qui s’étaient produites les trois nuits précédentes dans la cité des 3000, où des policiers menacés ont procédé à des tirs de sommation à balles réelles, il a dit vouloir retrouver sa ville « comme il l’avait laissée ».
Ce mercredi, 17 jeunes interpellés lors de ces trois nuits précédentes seront présentés à la justice, parmi lesquels 11 mineurs, pour la plupart soupçonnés
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Le bilan de émeutes mardi matin
20 minutes (AFP) / Mardi 7 février 2017
Vingt-quatre personnes ont été interpellées dans la nuit de lundi à mardi à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) où des incidents ont éclaté pour la troisième nuit consécutive après l’interpellation jeudi d’un jeune homme gravement blessé à coups de matraque, a indiqué une source policière. Selon un bilan provisoire, une dizaine de véhicules ont été incendiés ainsi que plusieurs poubelles, a indiqué cette source. Des tentatives d’incendie contre deux restaurants (dont un restaurant KFC, NdA) ont aussi été recensées. Le feu a été rapidement éteint par les pompiers, mais ces deux établissements sont « abîmés », a ajouté la source. Parmi les 24 personnes interpellées, certaines sont soupçonnées d’« attroupements armés », a-t-elle poursuivi. Les incidents ont éclaté vers 22h et se sont poursuivis une partie de la nuit dans la cité des 3.000, où un jeune homme de 22 ans a été gravement blessé à coups de matraque jeudi 2 février lors d’une interpellation violente. [….]
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leparisien.fr / Lundi 6 février 2017
Cinq jeunes ont été interpellés dans la nuit de dimanche à lundi à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, après des tirs de mortier artisanal dans la cité des 3000, où plusieurs voitures et poubelles ont été incendiées, a-t-on appris de source policière. C’est la deuxième nuit consécutive où des incidents éclatent dans cette cité, théâtre jeudi d’une interpellation violente d’un jeune homme de 22 ans qui accuse les policiers de viol. Gravement blessé au niveau de la zone rectale, le jeune homme, qui a dû être opéré, était toujours hospitalisé dimanche. Il s’est vu prescrire par un médecin de l’hôpital 60 jours d’incapacité totale de travail (ITT). Dimanche soir, un policier a été mis en examen pour viol et trois de ses collègues pour violences volontaires en réunion. Les quatre fonctionnaires ont été suspendus de leurs fonctions.
Samedi soir, de brefs incidents avaient déjà eu lieu dans la vaste cité des 3000, où une voiture a été brûlée et une tentative d’incendie constatée sur un bus. Des abribus avaient également été cassés, et le quartier plongé dans l’obscurité après le sabotage de l’éclairage public.
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leparisien.fr / Dimanche 5 février 2017
Dans la cité de la Rose des vents, (appelée la cité des 3 000), des violences ont éclaté samedi soir. Une situation qui fait suite à l’interpellation jeudi soir d’un jeune homme qui accuse les policiers de viol. Des affrontements ont eu lieu samedi soir, vers 20h30, dans la cité de la Rose des Vents, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Les habitants font évidemment le lien avec le contrôle de Theo au cours duquel le jeune homme a été sérieusement blessé par des policiers jeudi. « 80 personnes, encagoulées ou encapuchonnées déambulant dans la cité ont été vues » indique une source proche du dossier. Rue Edgar-Degas, précisément où a eu lieu l’interpellation musclée, une voiture Autolib’ a été incendiée vers 21 heures et rapidement éteinte par les pompiers. Des dizaines de cocktails Molotov ont été retrouvés et des plots en plastiques enflammés ont été projetés. Un important dispositif de policiers casqués a été déployé dans la cité. Plusieurs groupes de jeunes se sont également rassemblés à divers endroits du quartier. Vers minuit, le calme semblait revenu, même si la tension était palpable.
Le contrôle de police qui a dérapé, jeudi vers 17 heures, a débouché sur une enquête pour viol, visant les forces de l’ordre. A l’issue de quarante-huit heures de garde à vue à l’IGPN (inspection générale de la police nationale), plusieurs gardiens de la paix du commissariat local ont été déférés hier soir au parquet de Bobigny et placés au dépôt en attendant d’être présentés à un juge ce matin. Les soupçons initiaux pourraient cependant être abandonnés au profit de poursuites pour violences aggravées par personne dépositaire de l’autorité publique. Du côté des services de l’Etat, on tente de calmer le jeu : « La procédure judiciaire se déroule normalement, les fonctionnaires mis en cause ont été placés en garde à vue, la justice fait son travail. Il faut garder son calme. »
Deux versions s’opposent, celle des riverains et celles des intervenants. Aux premières loges, Omar, 30 ans, raconte : « Quatre policiers en voiture banalisée sont arrivés, pour encercler un petit groupe de jeunes. Le ton est monté, l’un a pris une gifle. » Ce que confirme Sirou : « Le policier m’a giflé car il pensait que j’avais crié pour alerter les guetteurs. » Théo, qui passait par là, tente alors de s’interposer. « Il n’y a pas eu de provocation de sa part ! Mais les policiers l’ont roué de coups. Il bavait du sang », poursuit Omar. Sur des vidéos amateurs que nous avons pu consulter, on voit Théo se faire violemment plaquer au sol et subir des coups, avant de se relever en boitant, une chaussure en moins et le visage tuméfié. « C’est un jeune respecté au quartier, sportif et sans histoire », assurent ceux qui le connaissent. La police confirme qu’il n’a rien d’un délinquant. Depuis jeudi la cité gronde. « Marre des cow-boys », souffle un jeune. De leur côté, les policiers disent avoir été insultés à leur passage, ce qui a justifié le contrôle. Selon le rapport d’intervention, ils ont même dû utiliser des grenades de désencerclement. Pour comprendre la suite, les enquêteurs disposent d’images de vidéosurveillance de la ville. On y verrait les fonctionnaires pris à partie reculer puis tenter d’arrêter Théo, l’un des plus virulents.
Lors de l’altercation, le jeune homme perd son survêtement, qui glisse jusqu’aux mollets. Les policiers tentent de l’entraver pendant qu’il se débat en caleçon. L’un d’eux le frappe à coups de matraque télescopique. Mais l’un des coups est porté « en piqué », de manière non réglementaire, comme pour viser le bas-ventre. L’homme chute. Il est aussitôt menotté à terre. Les agents ne semblent pas à ce stade avoir conscience des blessures occasionnées. « Le coup n’aurait jamais dû être porté, mais il n’y avait en revanche aucune connotation sexuelle, ni volonté d’humiliation », estime une source proche de l’enquête. C’est en arrivant au commissariat que les agents, âgés de 24, 27, 28 et 36 ans, auraient réalisé la gravité des blessures. Les médecins constatent sur la victime une plaie importante avec déformation au niveau de l’anus, occasionnant soixante jours d’incapacité temporaire de travail. La famille a décidé de faire appel à l’avocat Eric Dupond-Moretti. Le policier à la matraque pourrait s’exposer à des sanctions administratives « s’il était avéré que les règles déontologiques […] n’ont pas été scrupuleusement respectées », a indiqué, dans un communiqué, Bruno Le Roux, le ministre de l’Intérieur.
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Aulnay sous haute surveillance
leparisien.fr / Dimanche 5 février 2017
Dimanche matin, des policiers casqués, flash-ball en travers du torse étaient positionnés autour de l’antenne de police du Galion, dans la cité de la Rose-des-vents à Aulnay-sous-Bois. Même dispositif autour du commissariat principal qui est désormais confiné. Sur le chemin du marché, les habitants ont découvert un quartier en état de siège. La nuit précédente, le rideau de fer du poste de proximité a été forcé et la porte vitrée caillassée, un véhicule a été incendié et un abribus dégradé. On est loin des émeutes tant redoutées. Mais sur les murs, les messages en disent long sur la colère sourde qui règne. Des tags accusateurs ont fait leur apparition un peu partout, « Police violeurs » flanqués d’une tête de cochon exécutés à la bombe noire. Tandis que sur le mur faisant face à l’antenne de quartier on a écrit « N. la police ».
Une riposte directe au dérapage survenu jeudi dernier lors d’un contrôle de routine. Théo, 22 ans, qui tentait de s’interposer a été plaqué au sol par quatre policiers. Les coups de matraque télescopique ont commencé à pleuvoir jusqu’à ce que l’impensable soit commis. Un médecin de l’hôpital a diagnostiqué sur Théo « une déchirure de l’anus sur 10 cm » avec 60 jours d’ITT qui correspondrait à l’introduction d’un bâton télescopique. […]
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Paris : Récit de la soirée sauvage de solidarité avec Théo
Paris-Luttes.info / mercredi 8 février 2017
Récit du rassemblement du mardi 7 février à Ménilmontant, et de deux des manifs sauvages qui ont eu lieu ensuite.
Jeudi 2 février, à Aulnay-sous-Bois, lors d’une opération de police dans la cité des 3000, quatre flics ont fait vivre un moment d’horreur à Théo, qui suite à ce qui ne devait être qu’une « banale » interpellation s’est retrouvé à l’hôpital, gravement blessé.
Après plusieurs nuits d’émeute à Aulnay-sous-Bois et une marche de soutien à Théo lundi dans la cité des 3000, un appel à rassemblement a été lancé à Paris un peu au dernier moment ce mardi 7 février, pour 18h le soir-même à Ménilmontant.
Et malgré la spontanéité du rassemblement, on était attendu par des dizaines de flics anti-émeutes, des fourgons de police et de gendarmerie étant garés sur les quatre axes partant de la place Ménilmontant.
Vers 18h15, le rassemblement était déjà nassé par les flics, mais assez rapidement, les retardataires ont nassé la police qui nassait les copains-copines. En plus des quelques centaines de militant-e-s présent-e-s (pas mal de visages et de regards aperçus dans les cortèges de tête du mouvement contre la loi Travail, des anarchistes, des antiracistes, des révolté-e-s de toutes sortes, etc.), beaucoup de gens du quartier sont également là à crier des slogans contre la police. Les « Flics, violeurs, assassins » fusent, ainsi que le classique « Tout le monde déteste la police » – existe aussi en « Tout le monde déteste les violeurs » – ou encore « Zyed, Bouna, Théo et Adama, on n’oublie pas, on n’pardonne pas« .
Après quelques frictions, les flics commencent à bouger un peu et la nasse se distend. On se retrouve presque tou-te-s ensemble. De nouveaux fourgons de police arrivent, sous les huées et les coups des gens. Des tags sont posés sur l’abribus de la place, l’ambiance se réchauffe et la perspective de la manif sauvage se fait de plus en plus sentir. Ça commence à se diriger vers Couronnes sur le boulevard de Belleville, mais en face les flics sont assez nombreux.
Il doit être pas loin de 19h, et comme les derniers fourgons arrivés sur la place venaient de la rue de Ménilmontant, ça s’est éclaircit niveau bleusaille de ce côté-là, alors on y va, à 200 ou 250, bien motivé-e-s. Pendant ce temps-là, une autre manif sauvage est semble-t-il partie en direction de Bastille, mais je ne saurais en faire un récit puisque je n’y étais pas.
On monte donc la rue de Ménilmontant en gueulant à peu près les mêmes slogans que pendant le rassemblement. Rapidement, des tags sont inscrits sur les murs (« Flics, violeurs, assassins« , « Flics, hors de nos vies« , « L’État assassine« , « La police viole« , etc.). Des poubelles sont renversées sur notre passage, du mobilier urbain déplacé pour ralentir les flics derrière nous.
L’ambiance est électrique du fait de la présence oppressante des flics à nos trousses, et aussi à cause des tristes raisons qui nous réunissent ce soir, mais il y a une certaine euphorie à se retrouver en manif sauvage.
Alors qu’on approche peu à peu de la place Gambetta, on fait une sorte de demi-tour vers la rue de Ménilmontant en passant par la rue Boyer (dommage, on aurait pu continuer à s’aventurer dans le XXe). Puis on redescend la rue de Ménilmontant en speed, avec les flics anti-émeute derrière qui se mettent à charger. Là, on n’est plus qu’une centaine, beaucoup ont pris des rues adjacentes pour s’esquiver.
Arrivée sur la place de Ménilmontant, la manif sauvage est rejointe par quelques personnes et continue vite fait de l’autre côté, dans le XIe. À deux reprises, des voitures de flics se prennent des coups, puis ça se disperse pour de bon.
Enfin, pas tout à fait, puisque quelques temps plus tard, de plus en plus de gens affluent sur la place de Ménilmontant et font face aux flics anti-émeute. Les slogans reprennent (même contenu que précédemment, bien entendu), les flics tapent sur leurs boucliers pour nous faire flipper et chargent à quelques reprises dans l’objectif de nous disperser. Mais tout ce qu’ils réussissent à faire, c’est créer une nouvelle manif sauvage ! À ce moment-là, vers 20h30/20h40, on doit être environ 150 à partir sur le boulevard de Belleville et à bifurquer rue Jean-Pierre Timbaud en direction des beaux quartiers… Le rythme est élevé, on marche vite, parfois on sprinte. Et ça marche, puisqu’on finit par semer les flics anti-émeute !
En arrivant dans les quartiers plus rupins du XIe puis du IVe, aux tags et poubelles renversées succèdent les bris de vitres et de DAB de banques. Des Autolibs voient aussi leurs vitres voler en éclat, tout comme des agences immobilières, des panneaux de pub et d’autres enseignes capitalistes. C’est mini-carnage chez la bourgeoisie ! Car comme l’indiquait un tag sur la place de Ménilmontant : « La police et la justice existent pour défendre les riches. Vengeance ».
On pourra toujours nous dire que c’est pas comme ça qu’on fait la révolution. On rétorquera que déjà on n’a jamais prétendu faire la révolution en faisant une manif sauvage à 150. Que dans tous les cas, ça fait bien chier les bourges quand on leur abîme leurs quartiers et leurs propriétés. Et puis, la révolution, on ne la fera pas non plus en signant des pétitions, alors disons-le : péter des objets de la domination capitaliste, ça y participe un peu, à faire la révolution ! Au minimum ça montre notre colère, ça montre notre insoumission : que l’État prenne acte qu’à chaque fois qu’une histoire de meurtre ou de mutilation ou de torture de la part de ses flics sortira, il faudra s’attendre à ce qu’il y ait du bordel. Les émeutier-e-s l’ont prouvé à Aulnay-sous-Bois, big up à eux et elles. On l’a montré ce soir au coeur de Paris. Et on recommencera !
Ouais, parce que pendant ce-temps-là (vers 21h), les flics ne se tournaient pas les pouces comme si de rien n’était. Alors comme toutes les bonnes choses ont une fin (sauf la banane, qui en a deux), il a fallu que ces tarbas de keufs rappliquent à toute blinde, plusieurs véhicules de police nous coupant la route presque au bout de la rue de Turenne (à la lisière des IVe et IIIe arrondissements), provoquant la dispersion finale de cette jolie manif sauvage. J’ai réussi à me natchav’, ainsi qu’un paquet d’autres personnes, mais il y a semble-t-il eu quelques violentes arrestations à ce moment-là.
Parce qu’on ne croit pas plus à la justice qu’à la police, on n’appelle pas au calme. Les agressions policières ne doivent pas rester sans réponse.
Pour Théo, Adama, Zyed, Bouna, Lamine et tou-te-s les autres : rage et solidarité.
À la prochaine !
Un anarchiste du 93