NdAtt. : Lors de la sortie du n°4 du bulletin marseillais Du pain sur la planche, nous en publions cet article, qui nous rappelle encore une fois que, face à la violence permanente de la police (et de la société qu’elle défend), la réponse n’est pas la demande de « vérité et justice », mais la révolte, jusqu’à quand il n’y aura plus de police, plus d’autorité.
Assassinat d’Adama Traoré: vengeances et attaques
Le 19 juillet dernier, Adama Traoré est tué lors de son arrestation par les gendarmes de Persan- Beaumont (Val d’Oise). Une fois de plus, les keufs ont butté quelqu’un parce que noir, pauvre et trop rétif (Adama avait réussi à leur échapper deux fois au cours de l’après-midi). Comme toujours les médias se sont fait les portes voix des charognard-es en blouses blanches (et leurs rapports d’autopsie bidons et contradictoires) et des mensonges éhontés des flics, tentant de transformer en attente (de leurs expertises, de la justice et de sa « vérité ») la rage provoquée par la mort d’Adama. Les différents appels au calme et à la « dignité » n’ont pas réussi à désamorcer la colère…
Des émeutes ont éclaté dans les nuits qui ont suivi dans plusieurs communes autour de Beaumont-sur-Oise, durant lesquelles la vengeance a choisi ses cibles : véhicules des flics criblés de plomb, entreprises, pompes à essence et garage de la police municipale incendié-es, mortiers, tirs de chevrotine et Molotov pleuvant sur les robocops, voitures cramées par dizaines, mairie et écoles également attaquées. Et ce malgré les centaines de flics dépêchés sur place. Le 22, une marche a réuni plusieurs milliers de personnes, « marche blanche » pour certain-es, véritable manifestation de colère pour bien d’autres, criant « assassins » à la face des gendarmes présents.
Le 22 puis le 24, à Mantes-la-Jolie (Yvelines), les flics attirés par des incendies sont pris dans des guet-apens où ils se mangent Molotov, pierres et tirs de mortiers de feu d’artifice. Pendant les affrontements, des cris sont lancés en mémoire d’Adama.
Le week-end du 23-24, une salle de sport est incendiée à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), avec sur le mur du gymnase une inscription pour Adama.
Ce même week-end, à la prison d’Osny (Val d’Oise), une centaine de détenus présents dans la cour de promenade refusent de remonter en cellule et incendient des draps, en arborant des t-shirts faisant référence à la mort d’Adama. Les Eris (unités anti-émeute en prison) sont envoyées sur place, et plusieurs détenus sont transférés pour briser cette action collective et empêcher qu’elle perdure durant l’été. Un bel exemple, et rare, d’extension de la conflictualité des deux cotés des murs, où la révolte crée des solidarités, et où les solidarités alimentent la révolte.
Disons encore que la violence de l’État n’est en rien « ponctuelle », encore moins « accidentelle », elle est structurelle et permanente. Elle vise, par les brutalités policières (meurtres, tabassages, mutilations…) mais aussi par les sentences de la justice et les peines de prison, à inspirer la terreur à toutes celles et ceux qui refusent les vies de misère qui nous sont imposées, à tou-te-s les récalcitrant-es et galérien-es indociles. La violence de l’État est la gardienne de la violence de tous les rapports sociaux existants, et pour se libérer de ceux-ci, il faut se débarrasser de celui-là.