Le Parisien / mercredi 17 août 2016
Doucement mais sûrement, la contestation en marge du futur site d’enfouissement de déchets nucléaires de Bure (Meuse) se durcit, faisant planer le tragique souvenir de Sivens (où un militant anti-barrage était décédé). Selon nos informations, un hélicoptère de la gendarmerie qui survolait dimanche une manifestation contre le projet controversé a été la cible d’une demi-douzaine de tirs de fusées d’artifice. Les projectiles n’ont pas atteint l’appareil, mais ont obligé son pilote à effectuer une manœuvre délicate pour éviter tout accident. Le parquet a ouvert une enquête.
Le rassemblement, essentiellement composé de militants antinucléaires, s’était amassé ce week-end dans le bois Lejuc, site choisi par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) pour y construire une fosse destinée à contenir des rebuts dangereux. Jusqu’ici protégée par des gendarmes mobiles, la zone a été désertée par les militaires samedi, laissant le champ libre à environ 250 activistes qui ont détruit le mur protégeant le chantier préparatoire. Parmi eux, quelques individus virulents et cagoulés munis de barres de fer ou de pioches.
S’ils ne sont pas directement intervenus, les gendarmes ont néanmoins gardé un œil sur la manifestation de dimanche grâce à un hélicoptère. Dans l’après-midi, l’appareil était en vol stationnaire lorsqu’il a essuyé les tirs. « Il s’agissait de fusées d’artifice comme on en voit le 14 Juillet, indique une source proche du dossier. Elles sont passées au-dessus de l’hélicoptère, mais le pilote a dû faire des manœuvres d’écartement. L’appareil et son équipage ont interrompu le vol et sont rentrés dans leur camp de base. »
Rapporté au procureur de la République de Bar-le-Duc, l’incident a entraîné l’ouverture d’une enquête de flagrance pour violences volontaires en réunion, avec arme par destination, et sur personne dépositaire de l’autorité publique. Une qualification qui fait encourir dix ans de prison aux auteurs des faits. Ces derniers n’ont pas été identifiés, la configuration des lieux et la confusion qui régnait ce jour-là rendant l’enquête difficile.
Le projet de centre de stockage radioactif dans le sous-sol du village de Bure est vieux de dix ans. Les travaux engagés ne concernent pour l’instant que des installations préparatoires au chantier, qui doit débuter en 2018 et être achevé d’ici 2025. Contesté par des associations écologistes qui ont lancé des recours devant la justice, le site prévoit le creusement de galeries à 500 m sous terre, destinées à stocker 240 000 fûts de déchets radioactifs. Depuis juin et l’arrivée d’activistes antinucléaires dans la zone, une vingtaine d’enquêtes pour violences ou dégradations ont été ouvertes.