Le Parisien / vendredi 6 mai 2016
Une centaine de détenus de la maison d’arrêt de Villepinte ont refusé de réintégrer leur cellule ce vendredi après-midi. De source pénitentiaire, ils auraient dû regagner la détention en fin de promenade à 16 h 30. A 20 heures, les Eris, ces équipes spéciales de l’administration pénitentiaire qui interviennent en cas de tension, étaient toujours sur place. Vers 20 h 20, la situation semblait rentrer dans l’ordre.
La météo ensoleillée ne saurait à elle seule expliquer ce refus de réintégrer les cellules. Cette protestation aurait plusieurs causes, l’accès à la cantine (l’achat de produits de la vie quotidienne), les sanctions disciplinaires prises récemment… « Rien qu’aujourd’hui, il y a eu cinq interventions, dont un feu au quartier disciplinaire, la découverte d’une arme artisanale », relate Philippe Kuhn [photo plus bas ; NdAtt.], délégué régional du syndicat pénitentiaire SPS.
Lundi, un surveillant s’est fait casser le nez d’un coup de poing [lire plus loin ; NdAtt.], asséné par un adolescent, au quartier mineur.
La suroccupation est au cœur de toutes les inquiétudes. Comme toutes les prisons franciliennes, Villepinte est pleine à craquer. Prévue pour 588 détenus, elle en enferme actuellement 1 053. Le quartier arrivant aussi est saturé, avec 56 détenus pour 40 places. Les détenus se retrouvent parfois à trois dans la même cellule. Sollicitée, l’administration pénitentiaire n’a pu être jointe. « Tant qu’on ne désengorgera pas l’établissement, on risque d’avoir un été difficile », craint Blaise Gangbazo [photo ci-contre; NdAtt.], secrétaire général CFTC.
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NdAttaque : Dans la Maison d’Arrêt pour Femmes de Fleury-Mérogis aussi les prisonnières tentent de lutter pour quelques bribes de survie, contre une modification des horaires de promenade. Lire ici.
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Prison de Villepinte : Un maton se fait casser le nez
Le Parisien / mardi 3 mai 2016
Un surveillant de la maison d’arrêt de Villepinte a cessé son travail, lundi, après avoir reçu un coup de poing au visage de la part d’un détenu mineur. Il souffre d’une fracture du nez et doit se rendre ce mardi à l’unité médico-judiciaire de Seine-Saint-Denis pour faire expertiser sa blessure.
« Le détenu s’impatientait d’accéder à la cabine téléphonique, rapporte Erwan Saoudi [photo ci-contre; NdAtt.], délégué FO Pénitentiaire. Notre collègue lui a demandé d’attendre cinq ou dix minutes car il était occupé, et lorsqu’il est revenu pour lui ouvrir, le détenu l’a insulté et s’est collé à lui. Le surveillant l’a repoussé et c’est alors qu’il a reçu un coup en plein visage. » L’alerte a été donnée, les deux autres agents présents au quartier des mineurs ont maîtrisé le jeune détenu, envoyé depuis au quartier disciplinaire.
Cette agression intervient sur fond de surpopulation carcérale, que dénoncent unanimement les syndicats. « On bourre les cellules, il n’y a pas assez de surveillants, ça crée des tensions qui dégénèrent », déplore Erwan Saoudi. De source syndicale, le quartier mineur regroupe 40 prisonniers de 16 à 18 ans, dont certains partagent la même cellule depuis que deux cellules sont inutilisables en raison d’un incendie et d’un dégât des eaux.« La maison d’arrêt est en situation de surpopulation », reconnaît l’administration pénitentiaire, précisant que toutes les maisons d’arrêt d’Ile-de-France sont dans le même cas. D’autant que depuis l’été 2014, la prison parisienne de la Santé est fermée pour rénovation.De source syndicale « 1 048 hommes sont actuellement enfermés à Villepinte, pour 588 places théoriques », rappelle Philippe Kuhn, délégué SPS (syndicat pénitentiaire des surveillants et brigadiers), alors que le nombre d’agents est lui inférieur au nombre théorique. 160 affectations pour 175 théoriques, 24 heures sur 24, sept jours sur sept.« Au quartier des arrivants, il y a trois détenus par cellule », déplore Philippe Kuhn, qui ne compte plus les matelas au sol : « On entasse, on entasse, mais ça va finir par péter. »Le nombre de détenus ne cesse de croître depuis deux ans : « Il a augmenté de 4,5 % en 2015, après avoir augmenté de 4 % par rapport à l’année précédente », ajoute Philippe Kuhn, qui s’en est ouvert en avril au directeur interrégional.
Au 1er avril 2016, les taux d’occupation des prisons d’Ile-de-France défiaient des records : 201 % à Fresnes (Val-de-Marne), 180 % à Nanterre (Hauts-de-Seine), 178 % à Villepinte, 175 % au centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin (Seine-et-Marne), 171 % à Bois-d’Arcy (Yvelines), 160 % à Osny (Val-d’Oise) et 153 % à Fleury-Mérogis (Essonne).
D’après les informations rapportées par le syndicat SPS, 13567 personnes étaient détenues dans la région début avril pour 9 038 places.