Nous voulons, avec cet exemple d’outre-Alpes, contribuer à la réflexion sur les attaques, leurs revendications, et ceux qui en parlent.
On apprend des médias locaux qu’à 4h37 de la nuit de vendredi 18 à samedi 19 décembre, un engin artisanal a explosé devant la porte de l’école de police de Brescia (Pol.G.A.I. – Scuola di Polizia Giudiziaria Amministrativa Investigativa). Une cocotte-minute remplie de poudre noire a détoné en dégradant la façade et, certainement, en réveillant en sursaut les près de 200 apprentis-policiers qui dormaient à l’intérieur de l’école. Le parquet a ouvert une enquête pour acte de terrorisme avec explosifs ; la Digos est en train de regarder les images de vidéosurveillance (sur lesquelles apparaît un individu seul et le visage couvert), tandis que des barrages routiers ont été immédiatement établis sur les routes nationales et les rocades de la ville. Les investigations se concentrent sur le mouvement anarchiste, et l’hypothèse court d’un lien entre cette action et le lancement de Décembre noir.
[Traduit de l’italien de informa-azione par Brèves du Désordre, Sab, 19/12/2015 – 11:43]
Le lendemain parait le texte Sotto Pressione, allégorie exégétique sur cette attaque anonyme « qui appartient à tous » parce qu’elle est « anonyme ».
Le lundi 04/01/2016 paraissait sur Informa-Azione, le communiqué de revendication suivant, que nous traduisons de l’italien :
« Dans la nuit du 17 au 18 décembre, nous avons placé un engin (8 kg de poudre noire) devant l’ « école » de police de Brescia. Une action symbolique pour faire des dommages matériels. Nous avons agi à cette heure pour ne pas blesser des personnes sans discernement.
Avec cette action nous avons entamé notre projet d’attaque Anarchiste comme Cellula anarchica acca [Noyau anarchiste ache] – C.A.A., en affinité avec l’internationale noire, et nous répondons à l’appel à l’action pour un DÉCEMBRE NOIR.
Nous nous unissons à un tel parcours parce que :
Nous aimons l’idée d’une coordination internationale d’anarchistes pour l’action directe.
Notre idée de « complicité » dépasse les groupes et groupuscules.
Nous utilisons les moyens que nous pensons adéquates, en cherchant la croissance dans les moindres détails de l’action. En ce sens, cet acte est nul quant à ses dommages matériels, mais il est important pour armer notre autoorganisation, surtout en ce moment, quand nous voyons une grande résignation parmi les anarchistes d’Italie.
Nous avons attaqué un des bras armé de l’État. Dans cette « école » sont formés des flics d’Italie et d’autres pays. C’est aussi un petit signal contre la guerre.
Nous nous solidarisons avec les personnes qui luttent contre tous les États et le capital.
Notre pensée va aux nombreux compagnons réprimés, enfermés, torturés ou tués dans le présent et le passé. En solidarité avec tous les détenus qui luttent.
Ceci est un acte de complicité avec les enfermés : pour Alfredo, pour avoir tiré sur Adinolfi, pour Chiara (anarchiste No TAV) pour l’attaque au chantier, pour Nicola Gai qui a jambisé le Directeur Général d’Ansaldo avec Alfredo et c’est le minimum qu’il méritait, pour Nico, anarchiste No TAV…
Pour Monica et Francisco, qui résistent avec simplicité et dignité dans les prisons espagnoles.
Pour Tamara Sol, qui nous a montré comment on venge les compagnons.
Pour Nikos, pour sa contribution simple et humble à un appel à la lutte.
Pour les compagnons de la CCF.
Pour les compagnons qui luttent, en prison et dehors. »
Un appendice est ajouté :
Réponse au texte Sotto pressione [ « Sous pression », publié sur Finimondo le lendemain de l’attaque ; NdT.].
La raison principale de cette action n’est pas la pression [d’une vie d’exploités, comme suggéré dans le texte en question ; NdT] qui nous fait exploser, mais la passion illimitée qui libère.
C’est cela qui nous a armés cette nuit-la à Brescia : la passion d’essayer de nous libérer de l’exploitation, celle d’une vie digne d’être vécue, celle de la liberté.
Ce sont des passions et des désirs transformés en action, certains parmi les plus beaux gestes de la vie devant la banalité envahissante du spectacle. C’est elle, la passion illimitée, qui a explosé cette nuit-là à Brescia.
Les questions que nous posons aux auteurs de ce texte sont :
Les actions ne parlent-elle pas toutes seules ?
Pourquoi, alors, parler des actions ?
Nous n’avons pas aimé lire [dans ce texte ; NdT] que « c’est cette pression-là qui a explosée dans la nuit à Brescia », même si cela a été dit « de bonne foi ». Nous ne l’avons pas vécu ainsi.
Les actions en elles-même ne parlent pas toujours seules – ceci en est la preuve.
Cellula Anarchica acca.
[Ces deux communiqués ont été reçus via des mails anonymes et publiés par Informa-Azione.]