Libération / vendredi 22 janvier 2016
En vigueur depuis les attentats de novembre, l’état d’urgence sera de nouveau prolongé pour trois mois, a annoncé l’Elysée vendredi. La mesure sera présentée mercredi 3 février en conseil des ministres, de même que le projet de loi pénale et les avant-projets de loi d’application de la réforme constitutionnelle. Cette dernière, que les parlementaires doivent examiner le 5 février, prévoit notamment d’élargir la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux nés français. Une mesure controversée à droite comme à gauche. […]
Le Monde / vendredi 22 janvier 2016
Valls veut prolonger l’état d’urgence « jusqu’à ce que nous soyons débarrassés de l’EI »
Le premier ministre, Manuel Valls, est monté une nouvelle fois au créneau, vendredi 22 janvier, pour défendre la prolongation de l’état d’urgence, décrété au lendemain des attentats du 13 novembre et prévu durer jusqu’au 26 février. Dans un entretien donné depuis Davos à la BBC, Manuel Valls a décrit la France comme un état « en guerre », ce qui « signifie qu’il faut avoir recours à toutes les mesures qui, dans le cadre de la loi, nous permettent de protéger les Français. » Et, pour ce faire, l’état d’urgence devrait être prolongé « le temps nécessaire », affirme le premier ministre, c’est-à-dire « jusqu’à ce que nous nous soyons débarrassés de l’Etat islamique ».
Une prise de parole qui intervient dans un contexte délicat pour le gouvernement français. François Hollande a confirmé cette semaine son souhait de voir l’état d’urgence à nouveau prorogé, le temps que la révision constitutionnelle et la réforme de la procédure pénale qui l’accompagne soient entérinées. Mais les recours se multiplient pour exiger la fin de cet état d’exception. La Ligue des droits de l’homme (LDH) a ainsi saisi le Conseil d’Etat, mardi, pour demander la suspension de l’état d’urgence.
Outre ce sujet, le premier ministre évoque longuement la crise des migrants, qu’il qualifie de « crise longue et difficile qui met en cause même le projet européen ». Le premier ministre français estime que l’Union européenne « ne peut pas accepter que tous ceux qui fuient la guerre en Irak ou en Syrie seront accueillis en Europe », au risque de voir les sociétés « être complètement déstabilisées ». Plus d’un million de migrants sont arrivés en Europe en 2015, au terme de périples périlleux. Trois millions de migrants pourraient arriver en Europe d’ici à la fin de 2017, selon la Commission européenne.
L’Europe doit prendre des mesures concrètes pour contrôler et protéger, et de façon urgente, ses frontières extérieures, sinon « c’est l’idée même de son existence qui sera en question », insiste le premier ministre français, pour lequel au-delà de l’espace Schengen, « c’est l’Europe qui peut mourir ». « Elle est aujourd’hui en très grave danger. »
M. Valls estime qu’il va falloir « beaucoup de moyens » pour développer les hotspots, des centres d’accueil et d’enregistrement, en Grèce et en Italie, afin que l’Europe puisse protéger ses frontières.
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