Le Parisien / lundi 7 septembre 2015
Il y en a pour l’instant 1 144. Mais dès l’année prochaine, 165 nouvelles caméras de vidéoprotection pourraient faire leur apparition aux dessus des rues de la capitale. Trois ans après le lancement du PVPP (plan de vidéoprotection de Paris), la mairie et la préfecture de police s’apprêtent à renforcer le dispositif déjà contreversé. Les besoins de nouvelles caméras et leur répartition dans les 20 arrondissements seront débattus au prochain Conseil de Paris, à la fin du mois.
« Il ne s’agit pas de lancer un nouveau plan mais d’adapter l’existant aux évolutions de la ville », insiste Colombe Brossel, adjointe à la maire chargée de la sécurité, comme pour déminer préventivement les polémiques sur le sujet sensible. L’élue rappelle que la nouvelle cartographie de la vidéoprotection a été établie en tenant compte d’abord de questions d’urbanisme. La moitié des 165 caméras supplémentaires feront donc leur apparition dans des nouveaux quartiers ou des secteurs réhabilités : le boulevard Macdonald dans le XIXe, la ZAC de Clichy-Batignolles dans le XVIIe, la dalle de Beaugrenelle dans le XVe ou encore le secteur des Halles qui va bénéficier à lui seul de 15 caméras de plus. Ces nouveaux équipements feront du Ier, l’arrondissement le plus « vidéosurveillé » de Paris avec une caméra pour… 314 habitants.
L’objectif n° 1 de la vidéo surveillance reste la lutte contre la délinquance. Les 3 ZSP (zones de sécurité prioritaires) de la capitale vont donc être les principales bénéficiaires de la montée en puissance du dispositif vidéo. Le XVIIIe qui abrite la ZSP Château-Rouge aura 14 caméras de plus, le XIXe ou se trouve la ZSP de Stalingrad en aura 18 supplémentaires. Quant au XXe (où une ZSP a été créée dans le quartier Saint-Blaise), il bénéficiera de 15 nouvelles caméras. Mais il restera paradoxalement l’un des secteurs les moins vidéo-surveillé de Paris avec une caméra pour 3 300 habitants, soit 10 fois moins que dans l’hypercentre de la capitale.
Est-ce pour donner des gages aux élus verts, farouches opposants de la vidéo-surveillance ? Le réseau des caméras sera désormais utilisé pour une mission à priori très éloignée des questions d’ordre public : la lutte contre la pollution de l’air ! Selon la mairie de Paris, les caméras permettront en effet, à terme, de mieux contrôler les rues où la circulation sera interdite ou réduite. La préfecture de police qui utilise déjà son réseau de caméras pour « vidéo-verbaliser » les automobilistes en infraction sur les grands axes routiers, teste depuis peu un système de détection automatique des stationnements en double file. Ce dispositif pourrait être étendu.
« La vidéo n’est qu’un outil, certes très utile, mais qui ne remplacera jamais la présence policière sur le terrain.C’est un complément. » Le discours de la mairie de Paris est bien rodé Mais il ne suffira peut-être pas à lever les réticences des opposants à la vidéosurveillance (qui dénoncent un système cher à l’efficacité non démontrée), ni celles des pro-caméras qui s’inquiètent déjà des « zones d’ombre » dans le futur maillage parisien… Avec bientôt 1 310 caméras, Paris restera en tout cas à des années lumières du grand Londres et de ses… 75 000 caméras !