Le Parisien / jeudi 23 juillet 2015
Les contribuables ont trouvé les grilles fermées ce jeudi au Service des Impôts des Particuliers (SIP) situé sur le plateau de Creil. Ce sera encore le cas vendredi, les agents exercent leur droit de retrait suite à une agression, une de trop. « Mercredi, un usager n’a pas accepté qu’on lui dise qu’un chéquier ne constituait pas une pièce d’identité, explique Bernadette Philips, secrétaire départementale du syndicat FO des Finances Publiques.
Il a bousculé un agent puis son responsable, en les agressant aussi verbalement. » Une scène qui n’est hélas pas rare au centre de Creil. La détérioration des moyens humains et matériels, doublée d’un environnement difficile a rendu l’atmosphère irrespirable et la tâche des agents presque insurmontable. « Le site est devenu très difficile à gérer, les violences physiques ou verbales sont presque quotidiennes, détaille un agent du centre creillois. Nous demandons la présence d’un vigile ou d’un agent de sécurité à l’accueil mais on nous répond qu’il n’y a pas de moyens. La situation économique des contribuables ne va pas en s’améliorant, du coup, les tensions s’accentuent. » Dépressions, burn-out, les agents des impôts qui travaillent à Creil n’ont souvent qu’un seul objectif : partir. C’est ce qu’a fait une ancienne salariée, qui livre aujourd’hui une analyse sans concessions de la situation. « Les contribuables sont autant victimes que mes collègues, estime l’ancienne Creilloise. Le problème de ce centre, c’est qu’il a le même volume de travail qu’un grand centre d’Ile-de-France mais il a deux fois moins d’effectifs. L’implantation même du centre au milieu des barres HLM est un problème. Il y a une forte population de migrants, qui vient parfois chercher des réponses qu’ils ne trouvent pas dans d’autres administrations. J’ai moi-même été confrontée à des violences physiques ou verbales mais pour déposer une plainte, c’était en notre nom, avec le risque que l’usager nous retrouve sur notre lieu de travail. Mon mari avait peur de me savoir au travail. J’ai demandé ma mutation tous les ans, jusqu’à l’obtenir. » Si aucune amélioration n’est apportée, c’est un nouveau mouvement de grève qui pourrait se déclencher à la rentrée.