Le Parisien / jeudi 14 mai 2015
La grève entamée il y a onze jours se poursuit à Kéolis-CIF. La justice a ordonné mercredi le déblocage des dépôts de Mitry-Mory et Goussainville, dans le Val d’Oise. Le tribunal de Bobigny se prononcera lundi sur celui de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), toujours paralysé par les grévistes.
La circulation a pu reprendre partiellement sur le réseau. Jeudi, selon la direction, 40% du trafic a été assuré. Une douzaine de bus ont circulé en ce jour férié. La direction évalue à 15% le taux de grévistes, les syndicats l’estiment à plus de 60%. Pour vendredi 15 mai, Kéolis prévoit d’assurer «au moins 50% du trafic». La ligne 1 entre Villeparisis et Le Blanc-Mesnil se rapproche le plus de la normale. «La reprise est progressive, des conducteurs ont peur d’essuyer le mécontentement des usagers en reprenant le volant», explique-t-on à la direction de Kéolis.
Autre raison de cette reprise lente : la dégradation de 20% du parc roulant. A ce jour, quatre-vingt-trois bus ont eu les vitres cassées ou des pneus crevés. Dans la nuit de mercredi à jeudi, deux bus du dépôt de Goussainville ont eu les vitres brisées.
Les représentants syndicaux doivent retourner lundi en négociation sur les salaires, après quinze réunions infructueuses. Ils réclament 2,6% de hausse de salaire. La direction a cédé une augmentation de 0,7%, assortie d’une prime de qualité de 160€ et d’une autre de 50€ pour non-accident.
Mobilicites / mercredi 13 mai 2015
Saisis en référé par les Courriers d’Île-de-France, les tribunaux de Cergy-Pontoise et de Meaux ont ordonné, le 14 mai 2015, le déblocage des dépôts de bus de Goussainville et de Mitry-Mory afin que le service minimum puisse être garanti. Depuis neuf jours, un conflit social particulièrement violent, oppose syndicats et direction sur fond de négociations annuelles obligatoires.
Le conflit social entamé voici neuf jours au sein des Courriers d’Île-de-France (CIF) a pris une nouvelle tournure le 14 mai 2015. Les tribunaux administratifs de Cergy-Pontoise et de Meaux, saisis en référé par la direction de cette filiale de Keolis, ont ordonné la levée du blocus des dépôts de bus de Goussainville et de Mitry-Mory. Deux parmi les neuf que compte cette entreprise de transport public qui opère dans le nord-est de Paris. Le dépôt de Dammartin concerné également par ce référé avait été débloqué par les syndicalistes le matin même.
« A partir du moment où un dépôt est bloqué, il n’est pas possible de mettre en place un service minimum, explique-t-on au sein de la direction des CIF. Nous respectons le droit de grève, mais le fait de bloquer un dépôt volontairement pour éviter d’appliquer le service minimum est complètement illégal ».
Depuis le mois d’avril 2015, direction et syndicats ont entamé des discussions dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO). Toutes les réunions – une dizaine – se sont soldées par des échecs. « Les exigences de la CFTC et de la CGT sont extravagantes. Ces deux organisations syndicales voulaient imposer un salaire de base de 2100 euros au lieu de 1900 euros. Aujourd’hui elles seraient d’accord pour un salaire de 1950 euros. C’est un peu plus raisonnable, mais cela représente tout de même une augmentation de 2,6% ».
Autre sujet de discorde : le montant des primes. Une solution proposée par les CIF pour compenser la « faiblesse » de l’augmentation des salaires. « Par exemple, nous avons proposé une prime de qualité de 120 euros par an. Les syndicats veulent porter ce montant à 1200 euros. Hier (le 12 mai 2015, ndlr), ils nous ont annoncé qu’ils voulaient une prime unique et immédiate de 1800 euros par salarié ».
Les CIF emploient 1080 salariés, dont moins de 20% étaient encore en grève le 13 mai 2015.
Ce conflit social est marqué par plusieurs actes de vandalisme : tags sur les bus, pneus crevés, vitres et rétroviseurs brisés, cartes électroniques arrachées, compteurs électriques saccagés… Au total, près de 80 véhicules auraient été la cible de ces dégradations. Par ailleurs, la direction affirme avoir porté plainte contre X pour tentative d’homicide dirigée contre deux de ses cadres. « L’un a failli être écrasé par un gréviste conduisant un bus. L’autre a été menacé avec une barre ».
A ce jour, le coût de la grève est estimé à plus de 1 million d’euros.