La Provence / samedi 18 avril 2015
Soyons clairs : vouloir effacer l’intégralité des tags et des graffitis d’une ville équivaut à peu de chose près à vouloir vider les bassins du Cercle des nageurs avec une cuillère à soupe. Si la Ville a « conscience de l’ampleur de la tâche » dixit Marie-Louise Lota, l’adjointe aux Emplacements publics, elle a pourtant mis le paquet dans ce but. Et plutôt un beau paquet : 800 000 euros, à la société varoise Pizzorno [qui est présente un peu partout, aussi à Paris, NdT], qui a remporté l’appel d’offres succédant ainsi à la société HTP, et qui présentait hier place Bargemon (2e) son dispositif.
« Pizzorno présentait plus de garanties en matière d’efficacité et de disponibilité », glisse l’élue, préférant éluder le fait que l’action de HTP sur les murs marseillais était d’une efficacité relative. Marie-Louise Lota préfère tirer à boulets rouges sur « ces vandales qui n’ont aucun sens du civisme, et dont les agissements polluent Marseille« . En 2014, ces vandales qui donnent des boutons aux services municipaux, ont coûté à la commune « environ 660 000 euros ». « Nous ciblons en priorité les tags sur les établissements scolaires, les monuments historiques, ceux qui évoquent des insultes, énumère l’élue. Nous nous appuyons sur les constats de nos agents et sur le service Allo Mairie, qui recueille de nombreuses plaintes de riverains liées à ce type de dégradations. »
Avec l’arrivée de Pizzorno, celles-ci devraient avoir un peu de fil à retordre. La société basée à Draguignan va mettre en service plusieurs types de véhicules hight-tech, qui permettront « par un procédé chimique simple d’hydrogommage d’enlever rapidement tags et graffs des murs et des sols« . La rue de Rome, que les élus veulent nickel-chrome avant l’arrivée du tramway (ce qui n’est que partiellement le cas actuellement) a servi de cobaye à l’artillerie lourde de Pizzorno durant quinze jours. « Il y avait des tags sur pratiquement chaque immeuble, on y était surtout le matin, et le résultat est aujourd’hui très satisfaisant« , souligne Christian Bouget, directeur d’exploitation du groupe Pizzorno.
D’autres artères devraient bientôt passer sous les jets des « détagueurs », ainsi que des quartiers entiers ciblés par la Ville. « Le quartier de Noailles va faire l’objet dans les prochains jours d’un nettoyage des murs et sols, tout comme les rues de Belsunce. Le cours Julien reste aussi un secteur problématique en la matière, avec beaucoup de créations d’artistes, mais surtout du vandalisme récurrent qui gêne les riverains », indique Marie-Louise Lota, avant de préciser « qu’en 2014, la Ville avait éradiqué 93 000 m² de tags ». C’est dire si la mairie attend beaucoup de Pizzorno, dont les agents devront, à l’aide téléphones portables, photographier les tags avant et après leur effacement. Suffisant pour dissuader les tagueurs et les graffeurs ?