leparisien / mercredi 24 novembre 2014
C’est la consternation au centre social de la cité Germain-Dorel, ex-cité du 212, au Blanc-Mesnil. Samedi en début d’après midi, 12 cocktails Molotov ont été découverts autour de cette maison de quartier. Disposés soigneusement sur les rebords des fenêtres, comme dans une étrange mise en scène destinée à semer le trouble. Des canettes de bière remplies d’essence et bourrées de papier avaient été installées bien en évidence, 4 par 4 à l’arrière du bâtiment, ainsi que dans un local poubelles.
Les fenêtres donnant sur les bureaux de la direction étaient entrebâillées, alors qu’elles avaient été soigneusement refermées la veille au soir. Dans la nuit de vendredi à samedi, à 3 heures, l’alarme s’était déclenchée, mais aucune intrusion n’avait été constatée. Et surtout personne n’avait noté la présence de ces engins incendiaires. S’il s’agit bien — comme plusieurs le supposent — d’une plaisanterie de mauvais goût, celle-ci a atteint son but. Kadji Dieye, la présidente de l’association Maison pour tous qui gère la structure, est sous le choc. Encore tremblante, elle menace de baisser les bras. « Si le centre sautait, on sautait tous », lâche-t-elle. Son logement ainsi qu’une partie des bâtiments de cette cité inscrite depuis 1996 à l’Inventaire des monuments historiques sont en effet étroitement imbriqués dans les locaux du centre social. Elue en juin à la tête de la Maison pour tous, elle se dit découragée par ce nouvel événement. « Si d’autres incidents surviennent, je vais donner ma démission », menace-t-elle. En effet, l’épisode des cocktails intervient dans un contexte bien particulier.
Le centre social du chemin Notre-Dame n’en est pas à son premier incendie. Le 6 juin, une partie des locaux étaient ainsi dévastés par le feu. Un acte criminel jusqu’à présent non élucidé. En décembre 2012, l’autre aile du bâtiment connaissait le même sort. L’enquête est toujours au point mort. « Nous n’avons même pas encore pu lancer les travaux après le second incendie », se désole Ako Da Silveira, le directeur.
L’arrivée de caméras de surveillance est annoncée
Après cette étrange découverte, tous en sont réduits à échafauder des hypothèses. Karim Boumedjane, adjoint à la culture et enfant du quartier, s’interroge : « Pourquoi s’acharne-t-on sur ce lieu qui fait figure de poumon du quartier ? C’est ici que tout le monde se retrouve. »
Le centre social est fréquenté tout au long de l’année par quelque 650 familles. Samedi en début d’après midi, des femmes y sont venues pour préparer des plats destinés à une réception dans la cité. Ce week-end, des habitants envisageaient de faire des rondes nocturnes pour tranquilliser les riverains. « Comme nous l’avions fait en 2005, pendant les émeutes. La cité était restée calme », précise Kadji Dieye.
Un appel est désormais lancé aux élus afin de restaurer la sérénité dans le secteur. Karim Boumedjane indique que la municipalité va installer un réseau de vidéosurveillance dans la commune, et « en particulier vers ce quartier ». Il précise aussi qu’une police municipale se met en place. « Dix agents vont être recrutés avant la fin de l’année », détaille-t-il.
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Le parisien / samedi 22 novembre 2014
Émotion à la cité 212 du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) ! Ce samedi en début d’après-midi, la direction du centre social situé rue chemin Notre-Dame a découvert trois cocktails Molotov déposés sur le rebord d’une fenêtre ouverte. Si l’alarme s’est déclenchée dans la nuit, en revanche aucune intrusion n’a été constatée. Mais à la Maison pour tous, située dans la cité 212, on accuse le coup. Tous gardent encore en mémoire l’incendie qui avait gravement endommagé le bâtiment le 6 juin dernier. Ce n’était pas la première fois que des inconnus s’en prenaient à ce lieu. En décembre 2012, un autre sinistre d’origine criminelle avait déjà ravagé les locaux. A-t-on tenté de s’en prendre une nouvelle fois à la Maison pour tous ou s’agit-il d’une intimidation ? Les habitants de la cité envisagent de faire des rondes pour éviter que leur centre social ne brûle une troisième fois.