lefigaro / vendredi 29 août 2014
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] Des dizaines d’opposants ont jeté 80 cocktails Molotov sur les gendarmes, qui redoutent un mini-Notre-Dame-des-Landes. Le sud de la France va-t-il avoir lui aussi son Notre-Dame-des-Landes? Depuis janvier dernier, la tension monte autour d’un projet de barrage dans le Tarn et la fronde qui s’organise sur place ressemble fort à celle qui bloque depuis des mois le projet d’aéroport en Loire-Atlantique. Campement de fortune dans les bois, installation de tentes, de caravanes, occupation des lieux 24 heures sur 24 et bras de fer régulier avec les forces de l’ordre: tel est le climat qui règne désormais près de Lisle-sur-Tarn dans le nord-ouest du département, au pied de la forêt de Sivens.Ces derniers jours, la situation s’est d’ailleurs sérieusement dégradée. Les gendarmes qui sont intervenus pour démonter des barrages mis en place par les manifestants ont essuyé mercredi des jets de 80 cocktails Molotov, de bouteilles contenant de l’acide chlorhydrique, des bonbonnes d’essence et des pierres. Des personnes encagoulées, casquées apparaissent sur des clichés pris lors de ces violences. Mais ce mouvement qui rassemble sur place une centaine d’opposants et qui reçoit le soutien de la Confédération paysanne du Tarn est loin de ne rassembler que des profils violents. «Certes, il y a des individus venus en découdre avec les forces de l’ordre, mais il y a des altermondialistes, sans doute aussi des manifestants de Notre-Dame-des-Landes venus prêter main-forte et des opposants dont on peut contenir assez facilement les débordements», note un observateur.
Un barrage de «dimension modeste»
Le projet incriminé est bien loin d’avoir l’ampleur de celui de Loire-Atlantique. Il s’agit d’une retenue d’eau d’une capacité de 1,5 million de m³ et que défend le conseil général du Tarn. Maître d’ouvrage, ce dernier insiste même sur «la dimension modeste du barrage» qui sera érigé avec «digue en terre et matériaux pierreux». Surtout, le département, qui a eu toutes les autorisations pour ce projet, met en avant son caractère nécessaire pour résoudre des problèmes d’eau qui affectent notamment les agriculteurs. «Depuis de nombreuses années, le Tescou (nom de la rivière, NDLR) rencontre des situations d’assèchement estival qui perturbent à la fois sa qualité biologique et les activités économiques présentes localement», écrit-il dans un communiqué. En parallèle, souligne encore le maître d’ouvrage, toutes les précautions sont prises pour déplacer les espèces qui y vivent.
Rien n’y fait: les opposants, qui ont multiplié les recours devant la justice et dont certains ont entamé une grève de la faim, sont vent debout contre cette retenue d’eau prévue sur une vaste zone humide, véritable réservoir de biodiversité. «On va massacrer 24 hectares de forêt et 94 espèces sont menacées. Tout ça pour une poignée de paysans qui s’obstinent à faire du maïs», se désole Yassine, 18 ans, résolu à barrer la route aux tronçonneuses. Or ces dernières entrent en action lundi. Le chantier qui a été retardé par les manifestants va, en effet, démarrer. «On redoute des débordements. Nous allons doubler nos effectifs pour sécuriser le site», indique le lieutenant-colonel Sylvain Renier qui dirige le groupement de gendarmerie du Tarn. Sur les réseaux sociaux, les adversaires au projet demandent des renforts… et des cordages. Certains pourraient avoir l’idée, lundi, de se ligoter aux arbres.