lunion / mercredi 2 juillet 2014
Les policiers de la CRS 23 ne peuvent plus courir tranquillement. À chaque footing à la Warenne, ils sont attaqués en piqué par une buse. La LPO est prévenue. Des CRS pris pour des buses, le sujet peut faire sourire. Le volatile commence pourtant à sérieusement agacer les policiers de la Compagnie républicaine de sécurité 23, stationnée à Manchester. Lesquels, malgré la proximité du centre hospitalier, préféreraient ne pas avoir à s’y rendre trop souvent, à cause des serres acérées d’un rapace mal luné.
Les faits se sont déroulés à plusieurs reprises en juin. Des fonctionnaires de la CRS 23, qui faisaient leur jogging à la Warenne, ont vu fondre sur eux une buse. « Trois fonctionnaires ont été attaqués dans le cadre de leur entraînement », confirme Philippe Glorian, commandant la CRS 23. « Un d’entre eux a été blessé, précise-t-il, avant de relativiser : il s’agit d’une blessure légère, ce n’est pas non plus Les Dents de la mer ! »
Pour le commandant et ses hommes, il s’agirait d’une buse qui nidifie. « On doit passer près du nid sans le savoir, du coup la femelle nous demande à sa manière de décamper ! » « A sa manière », c’est-à-dire en volant dans les plumes des CRS.
Une corneille agressive au square Bayard
Pour Bernard Ulrich, infatigable militant de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), ce raisonnement bat de l’aile. Interrogé sur ses attaques à répétition, le grand connaisseur des volatiles rappelle que la buse est, « comme la plupart des rapaces, un animal extrêmement peureux, qui ne s’approche pas de l’homme. La buse fait son nid en forêt, dans des arbres très hauts. Elle n’est pas agressive, elle ne protège pas ses petits en cas de présence humaine, comme le ferait un cygne. »
Mais alors, sauf à être viscéralement anarchiste, pourquoi cette buse s’en prend-elle aux CRS ?
« Le plus vraisemblable, explique Bernard Ulrich, c’est que cet oiseau a été apprivoisé, avant d’être relâché. Quand ils ont été au contact de l’homme, les oiseaux ne savent plus se nourrir seuls. Soit ils se laissent mourir de faim, soit ils s’approchent des gens, comme les cyclistes ou les jardiniers. Bien souvent, ils viennent simplement se poser sur leur épaule ou leur tête pour réclamer à manger. »
Si ce comportement est « rare » pour une buse (et tout autant pour un CRS), il est plus fréquent avec les corbeaux et corneilles. Un coureur a ainsi été taquiné le week-end dernier, au square Bayard. Bernard Ulrich a connu une dizaine de précédents avec des corneilles. « La plus connue était celle qui se posait sur la tête des gens, place d’Erlon à Reims… »