[Pour info: Le 16 novembre 2012, environ 14 000 litres d’effluents radioactifs, constitués des urines de patients traités en médecine nucléaire, ont été rejetés accidentellement dans les égouts. L’autorité de sûreté nucléaire (ASN) a classé cet incident au niveau 1 de l’échelle INES.]
Le Parisien / mercredi 9 avril 2014
Hier, l’Institut Gustave-Roussy a annoncé avoir porté plainte huit jours après la mystérieuse intoxication de trois de ses salariés. C’est une affaire d’empoisonnement hors du commun qu’a dénoncé, hier, le prestigieux Institut Gustave-Roussy de Villejuif, leader européen de la recherche contre le cancer. Huit jours après la mystérieuse intoxication de trois salariés de l’unité de recherche, la direction lâche le mot : c’était « un acte de malveillance ».
La bouilloire qui a servi à préparer trois boissons chaudes, lundi 31 mars, contenait de l’azoture de sodium. Un produit extrêmement toxique, utilisé à très petite dose comme agent de conservation dans les laboratoires. « Cette substance n’avait rien à faire là, s’insurge Charles Guépratte, directeur général adjoint. Les analyses, dont le résultat nous a été communiqué lundi par la préfecture de police, ont révélé une concentration potentiellement létale. Nous sommes face à une attitude criminelle ! »
Ingérée, la molécule peut en effet entraîner un oedème cérébral puis la mort. La semaine dernière, heureusement, les symptômes se sont limités à des chutes de tension et des maux de tête. « Les trois victimes vont bien, répète la direction. Elles ont repris le travail et feront l’objet d’un suivi régulier. Nous devons nous assurer de l’absence de séquelles. »
L’événement continue de faire jaser dans les couloirs de l’Institut. D’autant que la même unité aurait été « visitée » il y a peu. « C’est une impression que nous avons », confie Charles Guépratte. « La vérité, c’est que quelqu’un s’est introduit dans les locaux le week-end précédant l’accident, indique une employée. Des actes de vandalisme ont été commis : un frigidaire a été débranché, du matériel génétique volé. » « Sur place, personne n’en parle ouvertement, assure une élue de la CGT. Les pavillons de recherche concentrent la moitié de nos contrats précaires. Ils auraient trop peur de perdre leur place. »
« Nous n’avons rien à cacher, clame Charles Guépratte. La direction, qui a déposé plainte lundi pour tentative d’empoisonnement, est autant victime que les employés. Nous sommes choqués et fondons de grands espoirs sur l’enquête à venir. »
En attendant, il a été vivement conseillé aux 2 600 employés de rincer les bouilloires avant utilisation, et de fermer les portes à clé. Des mesures de surveillance sont également envisagées.