Notre-Dame-des-Landes : jusqu’à un an de prison ferme après une vague d’arrestations

AFP / mardi 1er avril 2014

En février, une manifestation à Nantes contre le projet d’aéroport avait dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre. Quatre hommes ont été condamnés mardi à Nantes en comparution immédiate à des peines allant de quatre mois de prison avec sursis à un an ferme, pour des dégradations et des violences commises lors de la manifestation nantaise du 22 février contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. L’un des prévenus a écopé d’un an de prison ferme avec mandat de dépôt pour des jets de projectiles sur des policiers, sans ITT (interruption temporaire de travail), et «fabrication d’engin explosif artisanal», en l’occurrence des canettes fumigènes. Des faits pour lesquels le parquet avait notamment requis six mois de prison et un mandat de dépôt, en raison du casier judiciaire du prévenu.

Deux autres jeunes hommes, âgés de 20 à 30 ans, ont été condamnés sans mandat de dépôt, par le tribunal correctionnel de Nantes, à des peines de quatre mois de prison ferme pour le premier et de deux mois de prison ferme avec révocation d’un sursis de deux mois, pour le second. Ils étaient poursuivis, l’un pour dégradations et vols en récidive commis dans les locaux de la TAN, les transports en commun de Nantes, et l’autre pour des jets de pierres sur des policiers. Le quatrième prévenu, âgé de 53 ans, poursuivi pour violences sur des policiers sans ITT, a écopé de quatre mois de prison avec sursis. Au total, sept personnes interpellées lundi à Nantes ont été convoquées devant la justice.

Deux mineurs seront déférés devant le juge des enfants pour des faits de violences sur les forces de l’ordre – des jets de bouteille et de pavés – et dégradations d’un local Vinci, le groupe concessionnaire du futur aéroport. Le dernier individu se verra délivrer une convocation par un officier de police judiciaire aux fins de comparaître ultérieurement devant le tribunal correctionnel pour des faits de violences par jets de pétards contre les forces de l’ordre.

La manifestation anti-aéroport avait rassemblé, le 22 février à Nantes, un nombre record de participants (20 000 à 60 000 personnes selon les sources) et avait dégénéré. Une dizaine de policiers et gendarmes avaient été blessés et hospitalisés, selon la préfecture, et 14 personnes avaient été interpellées. Cinq jeunes gens, interpellés lors de la manifestation, ont par ailleurs été condamnés fin février à des peines allant de travaux d’intérêt général à de la prison ferme mais sans mandat de dépôt.

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Arrestations suite à la manif du 22 février contre l’aéroport

Indy Nantes / mercredi 2 avril 2014

[…] Dès le début d’après-midi, la salle de comparution immédiate du Tribunal de Grande Instance de Nantes est bondée.

Des journaliste sont venus se régaler de la répression qu’ils ont complaisamment attisée contre les manifestant-e-s.

La Justice, à grand renfort de couverture médiatique, a décidé de s’acharner contre les manifestants perquisitionnés et arrêtés à Nantes au lendemain du triomphe du premier flic de France.

Les dossiers sont vides. La procureure à bien du mal à camoufler l’absence d’enquête sérieuse menées par les 30 flics spéciaux dépêchés à Nantes suite à la manifestation. La volonté de faire des exemples est évidente. Les prévenus passent en comparution immédiate, sans avoir pu préparer leur défense.

Après une parodie de procès dont les étapes sont écrites à l’avance, les peines s’abattent froidement sur les prévenus comme sur le public. Insupportables.

Une figure associative nantaise de 53 ans écope de 4 mois de prison avec sursis. Gratuitement. P. n’a pourtant aucun antécédent, à part celui de lutter pour le droit des sans abris. La peine est purement arbitraire : le prévenu est soupçonné d’avoir renvoyé vers les flics un seul des milliers de palets de lacrymogènes propulsés sur la foule à coups de lance-grenades. Puni pour avoir, à son échelle dérisoire, renvoyé la violence à l’envoyeur.

Deux jeunes manifestants, J. et G., soupçonnés d’avoir également résisté à la violence policière et pour l’un d’avoir récupéré un T-Shirt dans le local de la TAN écopent tous deux de prison ferme : 4 et 5 mois de taule. Des peines d’abattage. Il n’y a pas de mandat de dépôt pour eux.

Le coup de marteau le plus violent concerne le dernier prévenu, E., 23 ans. Militant déjà ciblé de nombreuses fois par le passé par les policiers, il est accusé d’avoir fabriqué un fumigène. Alors que la procureur requiert la lourde peine de 6 mois de taule, le Juge aux ordres décide carrément de multiplier par deux ces réquisitions déjà iniques. Il prononce 1 an de prison ferme pour E. Avec mandat de dépôt.

Perquisitionné hier matin, il part à la prison de Nantes ce soir. Les flics, évidemment présents en nombre, arborent un sourire satisfait.

La foule se met à crier de colère, à insulter les juges, la Justice. La salle est évacuée par des policiers nerveux alors que la copine et le bébé de E. sont empêché de lui glisser un dernier mot, une dernière caresse, avant qu’il soit transféré.

Une centaine de personnes défile ce soir en cortège jusqu’au centre ville en criant sa rage contre la Justice.

Pas de Justice, pas de paix !

Solidarité avec les inculpés !

[in italiano]

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