L’est Eclair / mardi 11 mars 2014
« I l a bombé le torse, je l’ai mal pris et lui ai mis un coup de poing au visage. » Lucas Henrot, 29 ans, détenu à Villenauxe, a passé près de la moitié de sa vie derrière des barreaux. Et il éprouve toujours quelques difficultés à se plier à l’autorité. « Il est en détention depuis bien trop longtemps. Il est au bout de ce qu’il peut supporter » a plaidé son conseil, Me Conseil-Mérot.
Samedi dernier, alors qu’il n’a fait aucune demande de sport ou de sortie, il actionne le voyant de sa cellule pour parler à son surveillant. Il réclame un coup de téléphone impromptu qu’il se voit refuser. Alors qu’il ajuste son pantalon, geste que Lucas interprétera comme un signe de défiance, le surveillant se voit frapper au visage. Une plaie à la lèvre et des ecchymoses au cuir chevelu vaudront au surveillant cinq points de suture et un jour d’ITT.
Récidive
Le coup de poing porté par le détenu a précédé une série de coups portés de part et d’autre avant que les deux hommes ne soient interrompus par deux autres détenus. « Je sais que ce n’est pas la bonne manière mais lorsqu’on vous refuse sans cesse les promenades, les coups de téléphone et les machines à laver, c’est trop », a expliqué le prévenu. « De la violence gratuite et démesurée qui résulte d’un sentiment de frustration » a déploré le conseil du surveillant, Me Rocher. « Quand sa date de libération est proche (avant l’audience d’hier, Lucas Henrot devait être libéré en décembre prochain, ndlr), on se doit d’être exemplaire », a poursuivi l’avocat. « À ce stade, on ne peut plus raisonner dans le cadre légal », a protesté Me Conseil-Mérot.
Pour la récidive visée pour des faits similaires du 18 mars dernier, le ministère public a requis l’application de la peine plancher d’un an assortie d’un mandat de dépôt. « Aucune démarche d’insertion, aucun effort : aucun élément qui permette d’écarter la peine plancher. »
« Les démarches de réinsertion ont été engagées à de nombreuses reprises au cours de sa longue détention mais jamais abouties » a regretté Me Conseil-Mérot.
Le tribunal a finalement suivi les réquisitions du ministère public et condamné Lucas Henrot à la peine d’un an de prison avec mandat de dépôt.