GEPSAccage ! (A propos de l’entreprise GEPSA)

Lucioles / mai 2013

Peu de monde connaît Gepsa. Pourtant il s’agit d’une entreprise majeure dans son secteur (tout comme son concurrent principal : Sodexo Justice Services). En effet Gepsa, Gestion établissements pénitenciers services auxiliaires , est spécialisé dans la « prestation de services d’aide au fonctionnement d’établissements pénitentiaires » c’est-à-dire la maintenance et le nettoyage des taules, l’entretien des (peu d’) espaces verts, la restauration, la « cantine », le lavage du linge, la formation professionnelle et les ateliers de travail pour les détenus, leur soi-disant « réinsertion ». Mais ils assurent aussi (à Fleury-Merogis, par exemple) la gestion des dispositifs de sécurité. Ils se présentent eux-mêmes comme les « principaux partenaires de l’Administration Pénitentiaire ». Bref, ce sont de sales collabos des matons.

Gepsa gère, seule ou en consortium avec d’autres entreprises (souvent Eurest, du groupe Compass, pour la nourriture) une petite quarantaine d’implantations. Ce sont presque toutes des taules : Fleury-Merogis, Le Havre, Bourg-en-Bresse, Roanne, Béziers, Mont de Marsan, Lyon Corbas, Bordeaux Gradignan, Poitiers, Rennes, Argentan, Le Mans, Nancy…
Gepsa détient aussi la gestion complète des centres de rétention de Bordeaux, Palaiseau, Vincennes, Rennes et Toulouse et celle partielle (pour ce qui concerne les draps, le nécessaire de toilette et le nettoyage des vêtements des retenus) des CRA de Hendaye, Lyon et Plaisir. Encore, à Roubaix elle fournit ses services à l’Ecole nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ). Pour le Ministère de la Défense elle gère la base militaire de Satory (Versailles) où se trouvent des services techniques de l’Armée de terre et les sièges du Groupement blindé de gendarmerie mobile et du GIGN.
Dans le cadre d’un partenariat public-privé, Gepsa participe à un consortium chargé de construire puis gérer quatre nouvelles prisons : Lutterbach, Riom, Valence et Beauvais. Le Ministère de la Justice payera un loyer à ce consortium, afin de garer les détenus dans leurs geôles privées, et payera également Gepsa pour l’entretien des bâtiments et les « services » aux prisonniers. Ainsi, depuis 2008, les matons de Gepsa ont participé à l’ouverture de dix nouvelles taules.
Enfin, à l’étranger, Gepsa participe, avec d’autres coopératives, à la gestion du centre de rétention de Gradisca d’Isonzo, le deuxième plus grand d’Italie.

Gepsa est une filiale de Cofely (groupe GdF-Suez), et a donc parmi ses entreprises-sœurs Cofely Ineo, qui vient de gagner un marché pour la fourniture des uniformes des 120 000 fonctionnaires de la Police Nationale. GdF-Suez, tout le monde les connaît : ce sont ceux qui s’enrichissent avec nos factures, ceux des bagnoles blanches qui se promènent ou sont garées un peu partout dans la ville…
Gepsa a été créé en 1990, suite à l’ouverture aux entreprises privées du marché de la gestion et de la construction des prisons. Cette décision du gouvernement a fait suite à la décision d’augmenter le nombre de places disponibles dans les prisons françaises (le tristement célèbre « plan 13000 »). Pour emprisonner toujours plus, l’Etat a besoin de collabos privés, qui se font du fric avec. Gepsa, qui compte 360 employés et sert 145 000 repas (dégueulasses, pour la plupart) par jour, avait en 2010 un chiffre d’affaire de presque 66 millions d’euros.
Mais Gepsa ne fait pas du fric qu’avec l’Etat : sous le prétexte de la formation professionnelle et de la réinsertion, ils font bosser les détenus pour des entreprises tierces. On ne parle pas des quelques 650 personnes détenues qui sont exploitées directement dans les travaux de gestion dans les prisons, aux ordres du personnel/matons de Gepsa, qui, eux, se prennent peut-être pour des grands frères aidant des malheureux. En effet, des centaines d’autres détenus travaillent tous les jours pour des entreprises clientes de Gepsa, dans les ateliers internes des taules. Ils effectuent surtout des tâches de sous-traitance industrielle : confection, assemblage, conditionnement, montage, tri, etc. pendant que Gepsa se fait payer, comme une quelconque agence intérimaire. Bien sûr, tout cela sans les petites contraintes du code du travail et en payant ses esclaves à vil prix. Gepsa affirme pouvoir « mobiliser » (mettre à la tâche) 2700 « opérateurs » (détenus) chaque jour dans ses 18 ateliers situés dans différentes taules. Les détenus travailleurs seraient « tous volontaires et polyvalents, […] habitués à passer d’une tâche à l’autre et fourniss[a]nt des travaux particulièrement soignés » clament les matons/esclavagistes dans leur pub. Mais on sait bien à quel point la pauvreté de la plupart des prisonniers, liée à leur situation de privation de liberté, participe au chantage du travail en prison.
Pourtant ces salopards se présentent comme des bienfaiteurs : selon les matons/esclavagistes de Gepsa, l’exploitation des prisonniers « contribu[e] à l’amélioration de leurs conditions de détention » et en travaillant pour eux le détenu est censé « évoluer dans un environnement professionnel qualifiant et s’inscrire ainsi dans une dynamique positive de retour à la vie civile ». C’est-à-dire le retour dans une société qui est elle-même une prison…


Si vous voulez dire à ces matons ce que vous pensez d’eux :

Gepsa
8-10, rue Henri Sainte Claire Deville
92563 Rueil-Malmaison Cedex
Tél. : 01.47.10.32.40

M. Pascal Roger : Directeur général et Président du Conseil d’administration.
Mme Christelle Roux : Directeur général délégué.


[Extrait de Lucioles n°9, bulletin anarchiste de Paris et sa région, mai 2013.]

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