bfmtv / vendredi 28 mars 2014
Manuel Valls a récemment fixé aux forces de l’ordre leur feuille de route dans le renseignement dit de proximité, qui concerne notamment la surveillance des « mouvements protestataires et revendicatifs ». Tirant encore la leçon des failles apparues dans le traitement de l’affaire Mohamed Merah, Manuel Valls a posé, par une circulaire du 21 mars, les bases d’une réforme du renseignement territorial. Le document cité vendredi par Le Figaro est adressé aux responsables de la police et de la gendarmerie. Il traite notamment de la surveillance des « mouvements protestataires et revendicatifs ».
Un seul service pour centraliser les notes transmises aux autorités
Cette réforme, annoncée en juin 2013 par le ministre, crée à la place de la Sous-direction générale de l’information (SDIG, ex-Renseignements généraux, les RG) le Service central du renseignement territorial (SCRT) « seul chargé de centraliser et transmettre sous forme de notes aux autorités gouvernementales et administratives l’ensemble des renseignements » recueillis sur le terrain.
Ceux-ci, selon cette circulaire, « concernent tous les domaines de la vie traditionnelle, économique et sociale susceptibles d’entraîner des mouvements revendicatifs ou protestataires ». Ainsi des « phénomènes violents » dans les « quartiers sensibles » et « l’économie souterraine ». Mais également les « faits de société » remettant « en cause les valeurs républicaines », tels les « dérives sectaires » ou la « contestation politique violente », les mouvements de l’ultra gauche et ultra droite, selon ce qu’a précisé à plusieurs reprises Manuel Valls en évoquant cette réforme.
Cela « induit » notamment, écrit le ministre, « des méthodes de recherche opérationnelle » et le « développement du cyber-renseignement ».
SCRT et DCRI devront « coopérer »
Le SCRT, selon son organisation détaillée dans la circulaire et qui doit faire l’objet d’une publication au Journal officiel prochainement, est centralisé à la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP) dont dépendait le Sdig. Des gendarmes y seront détachés et le SCRT est appelé à « coopérer » avec la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et la préfecture de police de Paris (PP).
Le ministre veut une « reconnaissance d’un métier à part entière », une « organisation plus adaptée » et une « coopération efficace » entre services.
Son objectif est de « dynamiser » la filière du « renseignement de proximité », qui se sentait le parent pauvre du secteur, avait-il dit en juin 2013.
Dans cet esprit, en 2013, un directeur policier, Philippe Bertrand, 44 ans, ancien conseiller technique au cabinet du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, avait été nommé à la tête de la Sdig, secondé par deux adjoints, l’un policier, l’autre gendarme.
La SDIG est née lors de la disparition des RG en 2008. Une grande partie a rejoint la DCRI, une autre la SDIG. La première est spécialisée dans l’antiterrorisme, la seconde dans le renseignement traditionnel.