Indonésie : Des informations importantes pour les compas à l’international

Dark Nights / dimanche 21 septembre 2025

Indonésie, le 18 septembre – par XIII-XIV

Après les manifestations de masse qui ont eu lieu fin août et début septembre, une vague d’arrestations massives a suivi, avec des milliers de personnes détenues dans différentes villes d’Indonésie – soit des arrestations à la suite de manifestations, soit des rafles parmi les personnes arrêtées auparavant. Même maintenant, plusieurs groupes anti-autoritaires en Indonésie vivent une paranoïa généralisée, ce qui est compréhensible pour certaines personnes, à cause des opérations numériques de l’État, visant à cartographier les cellules anti-autoritaires, formelles et informelles. Plusieurs noms, collectifs et individuels, ont déjà été recueillis, ce qui ne fait qu’en rajouter au climat paranoïaque qui continue de persister. Certain.es parlent d’« entrer dans la clandestinité », ou même de méthodes de sécurité individuelles, pour continuer plus tard les efforts de solidarité avec les compas qui ont été désigné.es comme suspect.es. L’État a désigné les anarchistes comme les cerveaux de toutes les actions de masse qui ont eu lieu dans différentes villes. Par exemple, à Bandung, les autorités ont désigné 42 manifestant.es comme suspect.es et à Jakarta 16 personnes ont été désignées comme suspectes. Cela ne tient même pas compte des autres villes, qui n’ont pas encore été vérifiées. Tou.tes ceux/celles qui sont détenu.es font face à des obstacles pour accéder à une assistance juridique et la torture ne leur est pas épargnée, lors des interrogatoires et des inspections.

Dans une conférence de presse tenue par les autorités, il y a quelque temps, ils ont déclaré qu’il y a un lien entre les anarchistes en Indonésie et des réseaux anarchistes internationaux. Ils ont aussi soulevé des inquiétudes concernant le flux d’argent provenant de portefeuilles numériques, considéré comme de l’argent à utiliser pour le chaos, en parlant même de sommes allant jusqu’à des dizaines, voire des centaines de millions de roupies [un million de roupies indonésiennes correspond à environs cinquante euros, au change du 26 septembre, mais il faut tenir compte du fait que le salaire moyen en Indonésie est peu plus qu’une centaine d’euros par mois ; NdAtt.] – un montant qui semble tout à fait déraisonnable. Ils ont utilisé différents livres, fanzines et brochures comme preuves des actions anarchistes. Tout cela a été criminalisé sous une forme nouvelle, pour l’Indonésie, de terrorisme. Cependant, si on suit la logique, l’État est clairement le véritable terroriste pour les personnes opprimées d’Indonésie, à travers les accaparements de terres, les bas salaires, l’inégalité dans l’éducation, la répression des médias, les meurtres de militant.es, etc. Ces efforts de criminalisation sont aussi des actions pour désigner comme bouc émissaire les méthodes alternatives pour vivre en dehors de l’emprise de l’État et de son appareil.

Aujourd’hui, en Indonésie, nous sommes entré.es dans une nouvelle phase – après les fantasmes du communisme et la « méthode Jakarta » – dans la chasse aux anarchistes, voire de tout mouvement considéré comme perturbateur de la stabilité et des intérêts de l’État. Tout le monde est susceptible d’être criminalisé.e par l’État. Par conséquent, à tou.tes celles/ceux qui lisent ces lignes : continuez à manifester votre solidarité envers les prisonnier.es politiques d’août-septembre, pour qu’ils/elles sachent qu’elles/ils ne sont pas seul.es. Vive la résistance, vive l’anarchie !

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Des informations importantes d’Indonésie pour les compas à l’international

Après un certain temps, suite aux manifestations à grande échelle dans différentes parties de l’archipel, le manque d’informations de la part de nos compas qui ont été arrêté.es pour leurs actions a été un défi difficile pour nous.

Tout d’abord, le manque de communications de la part de nos compas qui ont été arrêté.es et mis.es en cause est dû aux restrictions à la communication imposées par les flics. On les a même privé.es d’assistance juridique et de communications avec leurs familles, pendant environ deux semaines. Cela a été confirmé dans le cadre de l’effort pour enquêter sur les motifs qui sont derrière les accusations.

Ensuite, soudainement, les flics ont tenu une conférence de presse et ont invité différents médias locaux à tout relayer, révélant au grand public même les noms de ceux/celles qui avaient été mis.es en cause.

Selon les informations révélées au grand public, notamment celles concernant les personnes retenues au quartier général de la police de Java occidental, nos compas sont traité.es par deux service policiers : celui qui s’occupe de la criminalité générale (26 personnes) et celui de la cybercriminalité (16 personnes). Ces ordures ont identifié les anarchistes-égoïstes-nihilistes comme une nouvelle source de menace en Indonésie, en particulier à cause de leurs liens présumés avec des réseaux internationaux.

Pour la sécurité de tout le monde, si quelqu’un.e a eu, ou a encore des échanges avec Black Bloc Zone ou Contemplative Publishing, nous recommandons d’arrêter immédiatement, car ces deux noms ont été identifiés par les flics comme des acteurs clefs. Il est très probable que leurs sites web, leurs comptes Instagram, ou même leurs comptes Signal fassent toujours l’objet d’investigations.

Restez en sécurité et ne vous laissez pas abuser !
Pour l’Internationale Noire !

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Chronologie de la nouvelle vague d’arrestations (« la chasse aux Égoïstes »)

1. Évènement déclencheur – Le groupe autour du camarade Acil (Itenas – Université de Bandung, Java occidental). Acil a été arrêté après une publication sur les réseaux sociaux à propos d’un drapeau indonésien en train de brûler.

2. Premier lien – À partir de l’affaire d’Acil, la police a suivi et arrêté huit personnes de la région de Kiara Condong ; elles avaient publié du matériel les montrant en train de fabriquer et de lancer des cocktails Molotov.

3. Extension du réseau – Adit (UIN – Université de Bandung) et Opal (zone de Cijerah/Ciparay) ont été arrêté.es aussi. Il n’est pas clair s’ils/elles étaient directement lié.es à Acil ou pas, mais leur arrestation a ouvert une nouvelle piste d’enquête.

4. Début de la chasse à l’homme – Grâce aux nombreuses communications sur Instagram entre Adit et Opal, la police a commencé à établir d’autres liens.

5. Cartographie initiale – Les autorités ont identifié des liens entre des comptes d’Égoïstes, des sources de financement et des preuves matérielles (cocktails Molotov, etc.). À partir de cette chaîne, Pem (qui vit à Ciamis, dans la province de Java occidental) a été arrêté.e.

6. Vague successive – Les arrestations se sont poursuivies avec Katong Press (Komar, Java oriental), suivi de Dana, Herdi (Palang Hitam/ABC Indonesia) et Abu de Makassar. Katong Press est le nom d’un collectif anarchiste.

7. Changement de cadre judiciaire – Les enquêteurs commencent à appliquer la loi antiterroriste, en invoquant :
des soupçons de financement étranger,
des incendies criminels,
des aveux de détenu.es, qui reconnaissent des destructions pendant des manifestations.

8. Fuite d’informations – À partir de l’affaire de Dana, des pistes supplémentaires ont émergés, qui mènent à des réseaux dans les villes de Bogor et Tangerang (Java occidental).

Notes préliminaires pour nuancer ce cadre :
Jusqu’à présent, seule la « vague égoïste » est clairement cartographiée, mais les autres vagues d’arrestations restent incertaines. Jusqu’à présent, en ce qui concerne l’âge des personnes arrêtées, il s’agit principalement d’adolescent.es et de personnes dans la vingtaine. Il est impossible pour notre groupe de compter tou.tes les anarchistes arrêté.es, il n’y a pas une seule grande organisation. Juste des cellules informelles et des individus. Mais les universités mentionnées sont des sanctuaires pour la plupart des anarchistes. Ces universités ont été attaquées et perquisitionnées par la police pendant les affrontements. En ce moment, de nombreux anarchistes sont concentré.es au commissariat central de Bandung.

14 septembre 2025

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Seize compas arrêté.es pour des attaques avec des cocktails Molotov

Selon les médias grand public, en date du 15 septembre 2025, seize personnes ont été arrêtées, presque simultanément, dans différents endroits autour de Jakarta et accusées d’attaques au cocktail Molotov. L’ampleur de l’opération et les preuves recueillies (images de vidéosurveillance, conversations téléphoniques, objets pillés, etc.) sont très graves.

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D’autres mises-à-jour suivront…

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Une mise à jour sur les prisonnier.es politiques des manifestations de masse de la période 25-30 août

Dark Nights / vendredi 26 septembre 2025

Java
– Police de Banten (Polda Banten)
Total des personnes arrêtées : 15
– Commissariat central de la police métropolitaine de Jakarta
Total des personnes arrêtées : 1 240
Total des personnes incriminées : 43
– Police de Java occidental (Polda Jawa Barat)
Total des personnes arrêtées : 147
Total des personnes incriminées : 42
– Police de Yogyakarta (Polda DIY)
Total des personnes arrêtées : 60
– Police de Java central (Polda Jawa Tengah)
Total des personnes arrêtées : 1240
Total des personnes incriminées : 118 (dont 56 sont des mineur.es)
– Police de Java oriental (Polda Jawa Timur)
Total des personnes arrêtées : 709
Total des personnes incriminées : 51

Bali
– Police de Bali
Total des personnes arrêtées : 138
Total des personnes incriminées : 14

Célèbes (Sulawesi)
– Police de Sulawesi occidental (Polda Sulawesi Barat)
Total des personnes arrêtées : 6
– Police de Sulawesi du Sud (Polda Sulawesi Selatan)
Total des personnes arrêtées : 53
– Police de Sulawesi central (Polda Sulawesi Tengah)
Total des personnes arrêtées : 1

Sumatra
– Police de Sumatra du Nord (Polda Sumatera Utara)
Total des personnes arrêtées : 50
– Police de Sumatra du Sud (Polda Sumatera Selatan)
Total des personnes arrêtées : 25

LIBERTÉ POUR TOU.TES LES PRISONNIER.ES POLITIQUES DE LA RÉVOLTE DU 25-30 AOÛT 2025 !
PERSONNE N’EST LIBRES TANT QUE TOUT LE MONDE N’EST PAS LIBRE !

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