Grèce : Octobre est un mois de mémoire et d’action pour le révolutionnaire anarchiste Kyriakos Xymitiris

Act for freedom now! / samedi 15 septembre 2025

Tant qu’il y aura des personnes tombées au combat, nous existerons pour continuer la guerre

Et quand nous mourrons, nous mourrons comme des étoiles qui répandent de la lumière. Comme cette lumière qui a brillé il y a un an, avant l’explosion dans l’appartement d’Ambelókipi, le 31 octobre, quand l’anarchiste Kyriakos Xymitiris, combattant de la lutte armée, parcourait la dernière partie de son voyage, où tout s’est condensé en un instant, où sa conscience révolutionnaire s’accordait avec le désir de mettre fin à ce monde vieillissant qui se nourrit de sa propre chair.

Rempli d’un immense sens de la camaraderie, de détermination et sans aucune intention de reculer, il s’était engagé dans la lutte avec une vision de liberté. Avec un regard clair, le compagnon Kyriakos Xymitiris ne cédait pas aux émotions, il aimait la vie et l’honorait avec chacun de ses souffles. Tant à Berlin qu’à Athènes, il a participé à tous les terrains de lutte, sans distinction. Aux rassemblements et manifestations contre la gentrification, aux patrouilles antifascistes et antipatriarcales, aux collages massifs d’affiches, à la défense militante des squats, aux luttes contre le colonialisme et les prisons.

Il était ferme dans ses convictions anarchistes. Dans ce monde étouffant, bâti sur des pouvoirs qui étranglent la beauté sauvage d’une liberté débridée, sur des politiques prédatrices, sur les politiques de mort et de guerre que les centres occidentaux mettent en place dans les pays du « tiers monde », en marchant sur des cadavres, bâti sur l’aveu cynique que « qui ne s’adapte pas, meurt », le compagnon Kyriakos Xymitiris n’a pas détourné le regard. Dans ce monde d’émotions artificielles, de comportements standardisés, de contrats sociaux et d’apathie généralisée, le compagnon Kyriakos Xymitiris a vécu sans compromis, dans l’ici et maintenant. Dans un contexte d’autoritarisme et de militarisation croissants, d’insécurité grandissante et de paupérisation généralisée, le compagnon Kyriakos Xymitiris s’est dépassé, il a nié ses privilèges sociaux et a pris ses responsabilités. À une époque où les relations amicales sont criminalisées par des pages d’actes d’accusation, où les emprisonnements systématiques essayent d’envoyer un message retentissant de terrorisme criminel, où le mécanisme judiciaire montre ses dents aux pauvres diables et détourne son regard des crimes du Capital et de l’État, le compagnon Kyriakos a prouvé que la stratégie de la répression n’intimide pas les consciences révolutionnaires. À une époque où le mouvement connaît un recul, devant l’intériorisation de la répression, devant l’adaptabilité et l’intégration, le compagnon Kyriakos Xymitiris a décidé de ne pas accepter de compromis et de contribuer à façonner l’histoire par des événements subversifs. En défiant cette époque, il s’est engagé sur le chemin des responsabilités politiques et révolutionnaires. Armé de courage et de détermination, il a choisi de répondre à la violence de la domination.

Sa priorité était la préservation de la tradition révolutionnaire des moyens de lutte spécifiques, qui étaient devenus inactifs, au fil du temps. Contre le monopole de la violence de la part du pouvoir, il a répondu en choisissant la contre-violence libératrice comme moyen de mettre fin à la souffrance subie par la plus grande partie de l’humanité. Le compagnon Kyriakos Xymitiris a aiguisé la dialectique et refusé d’accepter que ceux qui détiennent le pouvoir soient les seuls légitimés à recourir à la violence. Il a combattu sans garanties, sans conditions sûres ou inattaquables, avec âme, foi et dévouement.

Parce qu’il s’agit d’une guerre. Une guerre sociale et de classe. Et pour le compagnon Kyriakos Xymitiris, la possibilité de l’inaction n’existait même pas.
Dans cette guerre, en choisissant la vie, il est tombé en combattant. Sa mort est donc une affirmation de vie et la préservation de sa mémoire révolutionnaire est tout sauf un processus neutre. C’est une épine dans le flanc de l’oubli et une fissure dans l’histoire imposée par les dominants. C’est une partie de notre propre lutte, de notre présent et de notre avenir. C’est de l’histoire vivante. Une histoire qui a été construite sur les sourires et les regards complices de notre propre peuple, de nos propres ami.es, de nos propres compas.

Et si certain.es ne sont jamais revenu.es, ils/elles vivent parmi nous, dans chaque souffle de liberté. Et si certain.es sont tombé.es au combat, elles/ils nous soutiennent dans chaque action que nous menons. Et si certain.es sont partis trop tôt, ils/elles marchent devant nous et nous ouvrent la voie. Et ce sont tou.tes celles/ceux qui ont rempli avec leur sang l’encrier de l’histoire révolutionnaire. Nous n’avons peut-être pas marché à leurs côtés, mais nous avons marché le long de leur parcours. Nous n’avons peut-être pas choisi le même chemin, mais nous regardons le même ciel. Parce que nous avons choisi la résistance, la vision révolutionnaire, la haine de ce monde et l’amour de la vie. Et leur mémoire subversive agit comme du combustible pour nos feux, comme de l’encre pour nos textes, comme des slogans pour nos manifestations et comme des pierres dans nos poches, en donnant un sens à leur mort, les appelant à une autre bataille. Encore et encore…

C’est à nous de préserver leur mémoire, de rappeler leur action explosive et leur détermination aiguisée. C’est à nous de transformer le deuil commun en colère et en formations agressives. C’est à nous de donner quelque chose pour ceux/celles qui ont tout donné.
Transformons octobre en un mois de mémoire et de lutte insurgée. Tenons-nous fièrement aux côtés de notre compagnon Kyriakos Xymitiris, par des actions et des interventions, par des affiches et des barricades, par des événements et des conspirations. Gardons son souvenir vivant, défendons ses choix, faisons en sorte qu’il reste PRÉSENT.
Créons donc des moments d’expression anarchiste, en brisant la norme. Remettons en question le mythe de la toute-puissance de l’État et de la paix sociale, en proposant solidarité, égalité et liberté, dépassons nos limites, déployons nos dispositions subversives dans la rue, de manière militante. Affrontons ce système cannibale, en vivant des moments qui nous coupent le souffle. Défendons nos programmes dans la pratique, en revendiquant la vie plutôt que la survie, la camaraderie plutôt que l’aliénation, la liberté plutôt que la soumission, le conflit plutôt que l’assimilation.

Il appartient à celles/ceux qui se sentent concerné.es de se tenir aux côtés de Kyriakos et de manifester, de toutes les manières possibles et improbables, leur rupture avec le monde du pouvoir.
Et nos cœurs, depuis nos poitrines, vous accompagneront dans chaque combat. Encore et encore…

Nous ne serons plus jamais les mêmes.
Nous devons changer profondément
La façon dont les choses se sont passées.
Quand des camarades meurent
Nous pleurons
Quand des camarades meurent
Nous nous vengeons
Quand des camarades meurent
Nous demandons pourquoi.
Nous devons changer profondément
La façon dont les choses se sont passées.*

* poème du Weather Underground, suite à une explosion dans une habitation de New York, dans laquelle Diana, Ted et Terry, membres du Weather, sont mort.es.

Dimitra Zarafeta
Marianna Manoura
prison pour femmes de Korydallos

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