Sykiés (Grèce) : Revendication de l’attaque incendiaire contre la maison d’un flic

Act for freedom now! / jeudi 29 mai 2025

Le paysage change constamment. Les développements mondiaux et nationaux nous amènent constamment devant le prisme de la guerre, nous remplissant de peur et d’incertitude. La redistribution de la richesse, des guerres « proches », l’inflation et tant d’autres mots qui frappent constamment notre esprit dans les gros titres des quotidiens. Rien ne peut nous rappeler les décennies dorées d’hier, alors que l’avenir semble sombre. La Grèce, de par sa position géopolitique stratégique, n’est pas absente du théâtre des développements mondiaux. En tant que pays membre de l’OTAN, elle fait sa part au service des grandes puissances, tout en essayant, dans le même temps, de combattre ses « ennemis intérieurs » ; elle renforce donc ses mesures répressives.

Ces dernières années, nous avons observé une forme extrême d’escalade de la violence arrogante de l’État et de ses institutions. Un scandale politique suit l’autre, tandis que la connexion entre État et para-État est plus évidente que jamais. Le coût de la responsabilité politique est un rêve illusoire du passé, alors que tout se déroule sous nos yeux. Des réseaux de trafic, des réseaux pédophiles, des accords pour des constructions illégales, des catastrophes naturelles qui révèlent la corruption dans les projets d’infrastructures, la privatisation de la richesse de l’État, des lois pour persécuter les activistes et bien plus encore, tout cela tisse la toile d’un État profond, qui s’entrelace dans toutes ses parties individuelles et crée un État mafieux. L’exemple le plus grand et le plus flagrant de ce qui précède est l’affaire de Tempé*. Une affaire qui a démontré les privatisations [des entreprises autrefois étatiques] aux capitalistes étrangers, la connexion de l’État avec le crime organisé, le recrutement de leurs gens dans des postes clefs, tout en attribuant à la société grecque la responsabilité du long silence de l’État à propos de la mort de 57 personnes.

Tout ce qui précède ne pourrait pas être réalisé sans l’existence de la police grecque. Un passe-partout pour ouvrir toutes les portes. Partout, il y a un flic prêt à servir les bons échanges de services entre l’État et le para-État, en contrepartie d’une rémunération, bien sûr. Et l’État leur assure une sécurité absolue. Même dans des cas flagrants (des exécutions de Roms, le naufrage de Pýlos**, des féminicides devant des commissariats), du jour au lendemain les flics sont blanchis du sang versé, ce qui leur donne le droit d’aller et venir sans être dérangés. Ils investissent nos villes comme des shérifs, militarisent nos quartiers, tentent de reprendre les souffles de liberté que nous avons gagnés par des grandes mobilisations, ils attaquent quiconque lutte et n’exprime pas leur modèle de soumission. Ce sont toujours eux qui réprimeront la colère populaire et protégeront leurs patrons, en épuisant toute la violence qu’ils ont le droit d’utiliser contre nous. Ils sont la barrière humaine armée qui protège nos ennemis, donc les premiers à être ciblés et les premiers au delà desquels il faut passer. Et cela parce que notre haine est un chaudron bouillonnant et prêt à se répandre partout, comme de la lave qui brûlera tout sur son passage, en commençant par les bottes qui nous barrent la route, jusqu’à la destruction totale de l’appareil d’État.

Pour notre part, en luttant dans la guerre sociale et de classe qui se déroule en dehors des écrans de la télévisions et des portables, nous devons plus que jamais prendre position, par tous les moyens, contre l’État et ses institutions. Tant que le mécanisme répressif nous montre les dents, nous savons que derrière lui se cache la peur, puisque ils savent qu’à tout moment la doctrine de « loi et ordre » peut s’effondrer et que leur « paix » sociale peut être rompue. En suivant le chemin tracé par nos compas qui ont péri en choisissant la voie du feu, créons nous aussi de petites fissures dans leur système fragile, en ouvrant des voies pour que notre colère se déverse, en leur rendant une partie de la violence que nous recevons quotidiennement.

La peur change alors de camp. Dans les premières heures du 15 avril, nous avons placé un engin incendiaire à l’entrée de l’immeuble d’appartements situé au 15, rue Kanari à Sykiés [ville limitrophe de Thessalonique ; NdAtt.], où vit le voyou en uniforme Konstantinos Gantatsios, qui sert dans l’équipe YAT (une section de la police anti-émeute). Si vous avez l’illusion d’être invulnérable, rappelez-vous que la ville est petite.

Nous dédions cette attaque au compagnon anarchiste Kyriakos Xymitiris, mais aussi à tou.tes les compas qui ont choisi le chemin difficile et sont tombé.es en combattant tout ce que nous détestons. Nous ne devons pas oublier qu’ils/elles continuent à vivre à travers nos actions, puisque la poursuite de leur lutte est la plus grande arme contre l’oubli.

KYRIAKOS XYMITIRIS TOUJOURS PRÉSENT
FORCE ET SOLIDARITÉ À TOU.TES LES PRISONNIER.ES POLITIQUES
SOLIDARITÉ AVEC LA SALLE OCCUPÉE DE LA FAC DE PHYSIQUE

Groupe d’allumage rapide
(Ομάδα Γρήγορης Ανάφλεξης)

 

Notes d’Attaque :
* le 28 février 2023, à Tempé, près de Larissa, il y a eu une collision entre un train de voyageur.euses et un train de marchandise, qui a provoqué la mort de 57 personne et des dizaines de blessé.es.
** Dans la nuit du 13 au 14 juin 2023, un bateau avec quelques 750 migrant.es a chaviré au large de Pýlos, sous les yeux des garde-côtes grecs, et plusieurs centaines de personnes sont mortes.

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