Avtonom / vendredi 23 mai 2025
L’anarchiste Alexey Rozhkov condamné à seize ans de prison pour avoir mis le feu à un bureau de recrutement de l’armée
Rozhkov a mené la troisième attaque incendiaire connue contre un bureau de recrutement de l’armée, après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par l’armée russe. Il a réalisé ce geste le 11 mars 2022, comme une forme de protestation et un moyen d’attirer l’attention sur cette situation. Dans un entretien qu’Ivan Atashin a réalisée avec Alexey, en décembre 2022 – quand il avait réussi à s’enfuir au Kirghizistan – l’anarchiste a expliqué ses motivations :
« J’ai juste compris que je ne pouvais pas rester indifférent. (…) Chaque guerre signifie la mort, pour les gens ordinaires et simples. La guerre, au 21e siècle, me semble quelque chose de complètement étranger. Surtout avec des raisons si absurdes [que celles qu’ils ont données]. Nous avons annexé la Crimée en 2014 et déjà à l’époque j’ai dit que tout cela avait était fait pour rien. La Crimée n’est pas à nous et elle ne le sera jamais. Il y aura des conséquences. Et c’est exactement ce qui s’est passé.
Je me sent profondément bouleversé par le fait que des gens meurent – des civil.es meurent, ainsi que ceux qui ne veulent pas combattre mais qui ont été enrôlés et meurent quand-même. Je voulais faire une déclaration, pour que les gens luttent contre cette guerre. Je voulais influencer la situation, faire quelque chose pour arrêter ou au moins affaiblir [l’armée russe]. C’est pourquoi j’ai mis le feu au bureau de recrutement de l’armée. »
Jusqu’à l’automne 2022, de tels incendies n’étaient pas toujours classés comme du terrorisme. C’est pourquoi, après six mois dans un centre de détention préventive (SIZO), Rozhkov a été libéré, avec une interdiction de sortir du pays, car au début il avait été accusé d’un délit de gravité moyenne, une dégradation de la propriété d’autrui. Alexey a réussi à s’échapper au Kirghizistan, en attendant les documents pour aller dans un pays de l’Union européenne. Mais le processus bureaucratique a été péniblement lent. Après six mois, le FSB [le service de renseignement de la Fédération de Russie, digne héritier du KGB ; NdAtt.] et les autorités kirghizes (le GKNB [leurs cousins du cru ; NdAtt.]) ont organisé une opération secrète pour enlever Rozhkov, le ramener en Russie, le torturer et le renvoyer en détention préventive.
Ensuite, le chef d’accusation a été re-classifié comme « terrorisme ». Rozhkov a été accusé aussi d’« apologie de terrorisme » et de diffuser des « fausses informations » sur l’armée russe, en raison d’une interview qu’il a donnée à la chaîne [de médias sociaux de l’opposition libérale ; NdAtt.] Khodorkovsky Live.
La sentence : seize ans. Une sentence similaire a été donnée à l’anarchiste Roman Shvedov, originaire de la région de Rostov, qui a mis le feu à un bâtiment du gouvernement utilisé pour enrôler des gens pour la guerre. Après avoir reçu sa sentence, il s’est suicidé [voir ici ; NdAtt.].
Comme chose minimale, vous pouvez écrire une lettre à Alexey Rozhkov. Rien ne soutient un.e prisonnier.e plus que des liens humaines. Il n’y a pas besoin de pitié ou de faux espoirs – ce qui compte est de montrer qu’on se rappelle de lui et de lui donner de l’espace pour s’exprimer. Vous pouvez partager avec lui des histoires d’autres prisonnier.es politiques qui ont enduré de nombreuses années en prison mais qui sont resté.es fort.es et qui ont eu un impact, après leur libération – de telles histoires ont toujours été une source d’inspiration pour lui. Ou vous pouvez simplement parler de quelque chose qui n’a rien à voir – un rappel qu’il y a une vie au-delà des murs de la prison.
L’adresse pour lui écrire :
Rozhkov Alexey Igorevich (né en 1997) [Рожков Алексей Игоревич, 1997 г.р.]
SIZO-1 [СИЗО-1]
ul. Repina, 4 [ул. Репина, 4]
620019 Iekaterinbourg [г. Екатеринбург] (Russie)
Les lettres doivent être écrites en russe, vous pouvez utiliser des outils de traduction automatique en ligne.
Si vous êtes en dehors de Russie et vous ne pouvez pas utiliser le service Zonatelecom, écrivez à ABC-Moscou, à l’adresse : abc-msk [at] riseup.net
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Aucun.e d’entre nous n’est libre, tant que nous ne sommes pas tou.tes libres.





















































