Act for freedom now! / mercredi 4 décembre 2024
L’obédience est une existence programmée, aux ordres
Une explosion intempestive dans un appartement d’Athènes, le 31 octobre, a tué un anarchiste et en a grièvement blessé une autre. En une milliseconde, la préparation d’une seule attaque libératrice contre un aspect de la domination se développe pour devenir un vaste panorama de la guerre sociale.
Avec un souffle retentissant, la lutte est bouleversée, ses acteur.trices, jusqu’alors anonymes, sont jeté.es au premier plan de l’affrontement. Le choc et l’angoisse envahissent nos cœurs et nos esprits, à cause de la mort de Kyriakos Xymitiris et des blessures de Marianna Manoura – des compas bien connu.es et estimé.es, actif.ves dans la lutte anarchiste, aux multiples aspects, en Grèce et au-delà – mais c’est cela qui fait une complicité déterminée et indéfectible. Immédiatement, une alchimie d’amour rebelle et de défiance surgit, en dépassant les frontières par lesquelles les États segmentent leur contrôle sur cette terre en ruine.
De l’autre côté, il y a la haine, la haine que tous les maîtres ressentent quand ils se trouvent face à l’insubordination, une haine qui traverse les puissantes institutions de ce pays et est fidèlement transmise à ses citoyens. Tout au long de la journée, la télé, les journaux et internet pondent cette « opinion publique » – concoctée par des bouchers, avalée par du bétail nourri de force. Juges et procureurs complotent pour une vengeance et préparent le terrain pour la criminalisation des anarchistes. Même les médecins de l’hôpital où se trouve Marianna Manoura déchirent, dans son cas, toutes leurs prétentions éthiques, pour jouer un rôle dans la dernière inquisition en Grèce.
Au milieu de l’hypocrisie sociale, que l’on considère aujourd’hui comme sagesse – où rester à sa place, tourner dans l’autre sens et s’intégrer sont des signes certains de dignité – les rêves portés à leurs possibles conséquences, maintenant, ne sont pas compris, pas plus que les actions qui vont au-delà de la croissance de mouvements qui ne sont que des mises en scène. L’expertise scientifique, la raison économique et la stratégie politique sont discutées sans effort – de simples opinions – parce que ce dont elles parlent (des marchandises et des images) s’est substitué à la richesse insurgée de la vie.
Nous savons que chaque vie prise entre ses mains est une vie mise en jeu, mise en danger. Parce que faire ce choix brise les défenses de la moralité, de la politique et de l’habitude. Se révolter malgré et contre ce conditionnement est déjà une question de vie ou de mort. Mais décider d’agir avec conscience, préparation et intelligence est quelque chose de plus. Quelque chose d’indicible pour les défenseurs de cette société et de clairement plein de sens pour celles/ceux d’entre nous qui, dans notre soif d’une vie libre, cherchent sa destruction.
L’urgence de briser les chaînes de la normalité augmente, nous poussant à aller de l’avant dans la lutte, à chercher les moyens que chacun.e trouve vraiment appropriés – avec la lucidité et la passion de l’individu comme facteur ultime de décision.
Kyriakos Xymitiris, nous ne t’avons jamais rencontré, mais tu as transpercé la conscience de nous tou.tes. Ton acte, c’est la démolition des châteaux construits sur le sable de l’accommodement. C’est secouer les murs des ersatz ritualisés de l’action, pour mettre au jour notre « Moi » le plus secret. Ces tremblements se répandent. Tu seras l’un des nombreux pas sur les chemins du feu et de la liberté.
Marianna Manoura, une chaleureuse accolade de loin. Ta force et ton courage nous inspirent.
La lutte continue, à grand pas, poussée par la rage, forgée par la qualité, dans une attaque sans limites contre l’existant. Qu’est-ce qui peut retenir les pratiques les plus exagérées de liberté, l’élaboration la plus complète de l’insurrection propre à chacun.e, où la vie n’est pas quelque chose à convoiter, à calculer et à prolonger avec crainte, mais à vivre farouchement, sans mesure ?
anarchistes,
Londres.