La Nemesi / jeudi 7 mars 2024
Op. Scripta Scelera : Le tribunal a imposé à Luigi, aux arrestations domiciliaires, le procès en visioconférence. Appel à une présence solidaire à l’audience du 8 mars.
Le tribunal de Massa, la Direction anti-mafia et antiterrorisme du district de Gênes et la DIGOS de La Spezia poursuivent leurs tentatives d’isoler les quatre compagnons qui sont jugés avec jugement immédiat dans le cadre de la première partie de l’opération Scripta Scelera contre le bimensuel anarchiste internationaliste Bezmotivny. En effet, on a appris que le juge unique Fabrizio Garofalo, du tribunal de Massa, a imposé le procès en visioconférence à Luigi, enfermé aux arrestations domiciliaires avec toutes les restrictions. Du coup, pour l’audience du procès Scripta Scelera, ainsi que pour une autre (pour la dégradation d’un distributeur de billets et des tags, à Carrare, le 25 avril 2022), qui se tiendra le même jours, toujours au tribunal de Massa, il sera transféré par les surveillants de la prison à la taule de Bologne, dans une salle prévue pour les visioconférences. Il s’agit de quelque chose de grave, pour plusieurs raisons.
I. C’est la première fois, à notre connaissance, que la visioconférence est imposée aussi à un inculpé qui se trouve aux arrestations domiciliaires. Juste après que l’utilisation du procès en visioconférence a été dédouanée, pendant la période de l’ainsi-dite urgence pandémique, au sein de la magistrature la crainte a été exprimée que cela aurait pu devenir un précédent qui aurait persisté aussi après la fin de l’urgence. Ensuite, cette mesure a parfois été accordée (mais le plus souvent refusée) à la demande de l’inculpé ou de son avocat. Même si, depuis longtemps, la visioconférence est devenue une pratique habituelle à l’encontre des prisonniers révolutionnaires ou jugés comme dangereux, pour l’instant elle n’est utilisée que rarement à l’encontre de l’ensemble de la population carcérale. Qu’on comprenne donc la gravité de son utilisation dans le cadre d’arrestations domiciliaires, contre la volonté de l’inculpé. Cette décision du juge représente donc un mauvais précédent en général.
II. Cette décision assez originale s’inscrit dans un contexte où les accusateurs ont profité de chaque occasion pour bouleverser leurs propres pratiques inquisitoriales, afin d’obtenir une condamnation rapide, dans la tentative d’isoler les inculpés, d’affaiblir leur initiative lors des audiences et d’entamer la solidarité. Nous rappelons que le procès de Massa implique en ce moment seulement quatre inculpés (la compagnonne et les trois compagnons qui se trouvent aux arrestations domiciliaires) sur dix, alors que pour cinq autres les mesures de contrôle judiciaire subsistent toujours. Ce procès a été convoqué avec l’outil de l’ainsi-dit jugement immédiat : une procédure exceptionnelle qui devrait être utilisée seulement dans le cas d’une certitude absolue de la culpabilité du prévenu. Un levier technique qui, dans ce cas, a été utilisé pour des simples raisons tactiques : fatiguer la participation solidaire en multipliant les segments de la procédure judiciaire, empêcher une initiative plus énergique de la part des inculpés (par exemple avec un plus grand nombre d’entre eux qui font des déclarations spontanées, qui font des polémiques, qui utilisent le procès comme une tribune révolutionnaire, etc.), empêcher aux compagnons aux arrestations domiciliaires de rencontrer les autres coïnculpés, même à l’occasion des audiences du procès, et empêcher que les quatre aux arrestations domiciliaires puissent en sortir pour la fin du délai maximal du contrôle judiciaire.
III. Enfin, la décision d’imposer la visioconférence à Luigi, aux arrestations domiciliaires, a lieu dans le contexte des contradictions provoquées uniquement par le fait que les flics de La Spezia et le procureur Manotti sont bornés et stupides. Pendant ces mois, en effet, la justice a toujours exigé que les compagnons soient transférés de leurs habitations au tribunal avec une escorte policière. Les provocations policières n’ont pas manqué, comme l’exigence de faire passer les quatre compagnons, pendant le trajet, par une caserne des Carabinieri ou un commissariat, afin de les soumettre à des perquisitions ; cela notamment dans le cas de Luigi, qui doit être transféré avec escorte policière de la Romagne, un endroit éloigné. Par exemple, le 23 novembre 2023, toujours au tribunal de Massa, aurait dû se tenir l’audience préliminaire pour une manifestation qui avait eu lieu à Marina di Carrara le 10 septembre 2022. Une manifestation particulièrement importante, parce qu’elle a été une des premières en solidarité avec Alfredo Cospito et contre son transfert en régime 41-bis, même avant le début de sa grève de la faim. Encore aujourd’hui, pour cela, une compagnonne et deux compagnons ont l’obligation de pointer chez les flics et parmi les prévenus (sans contrôle judiciaire) de cette affaire il y a aussi Luigi. Eh bien, cette audience a sauté et a été renvoyée au 18 avril 2024, parce que la police de la Romagna n’a pas réussi à organiser le transfert sous escorte de Luigi. Même chose le 23 janvier dernier, au tribunal de Bologne, quand l’audience préliminaire pour un procès pour le collage de quelques affiches à Imola, à charge de Luigi et d’une compagnonne qui est aussi sous enquête dans le procès Scripta Scelera, a sauté à cause des difficultés pour organiser le transfert du compagnon, ce qui a mis en rage le juge du chef-lieu de l’Émilie.
IV. Nous sommes heureux du fait que la stupidité des enquêteurs soit en train de « saboter » des procès dans toute l’Italie et nous espérons qu’ils continuerons de cette façon, sans avoir aucune intention de donner des suggestions à la magistrature pour résoudre leur problème. Étant donné la manière dont se sont déroulées les audiences précédentes, en cette occasion aussi le juge de Massa a accepté les exigences du parquet et en plus – en prenant une décision très grave au sujet de l’utilisation de la visioconférence – il a donné sa disponibilité pour créer ce précédent inhabituel.
L’enjeu est très clair. Il s’agit de faire taire le bimensuel anarchiste internationaliste Bezmotivny, d’obtenir un important précédent à utiliser contre toute la presse anarchiste, d’essayer de donner un avertissement aux publications révolutionnaires. Ils sont prêts à tout pour atteindre ce résultat, même à bouleverser les règles du droit bourgeois, sur lequel nous crachons. Ces tentatives minables ne peuvent pas être passées sous silence.
[Il y avait un appel à une présence solidaire au tribunal, aujourd’hui… NdAtt.]
Nous rappelons aussi que, vers 14h30, Luigi [a été] fait entrer dans la prison de la Dozza, à Bologne.