Abolition Media / dimanche 5 novembre 2023
Aux premières heures du 28 octobre, les Cellules d’action directe ont mené une attaque incendiaire au domicile du député de l’Attique orientale, membre des Spartiates [un parti politique d’extrême droite, fondé en 2017 ; note d’Abolition Media], Yannis Dimitrokalis, dans le secteur d’Ilizia.
Cette date n’a pas été choisie au hasard. L’époque de la résistance aux occupants nazis et à leurs collaborateurs locaux, les sacrifices, les souffrances, la lourde tâche et les luttes de milliers de combattant.es, pendant la période 1940-1949, est un héritage politique que nous défendons activement contre toute sorte de révisionnistes et de falsificateurs de l’histoire. Les ancêtres politiques de Dimitrokalis, de Kassidiáris [Ilías Kassidiáris, politicien d’extrême droite et l’un des anciens dirigeants d’Aube Dorée, encore politiquement actif malgré le fait qu’il soit en prison depuis 2021 ; NdAM.] et de son groupe sont ceux qui ont livré aux envahisseurs nazis allemands les milliers de communistes qui étaient emprisonné.es et qui demandaient en vain d’être relâché.es pour les combattre. Ils sont ceux qui ont mis une cagoule et sont devenus des informateurs. Ils sont ceux qui ont fait du marché noir et condamné à la faim et à la misère des centaines de milliers de personnes. Ils sont ceux qui sont devenus hitlériens et national-socialistes, qui ont juré allégeance au Troisième Reich et qui ont combattu du côté des Allemands et ensuite des impérialistes anglais. Que tous ces patriotes avides sachent donc que l’histoire se rappelle des ancêtres politiques de Kassidiáris et de ses adeptes : les complices de ceux qui, avec leurs bottes fascistes, ont marché sur les têtes des combattant.es qui ont donné leur sang pour leur pays.
Avec notre attaque, peu avant l’anniversaire de l’exécution de deux néonazis par le groupe « Forces révolutionnaires du peuple militant »*, à Néo Héraklion, nous voulons envoyer un message d’antifascisme militant, en prenant pour cible un membre de celui qui, à l’heure actuelle, est le plus important parti d’extrême droite en Grèce. Le 1er novembre est un moment de ralliement pour les fascistes, au niveau européen. Pour nous, le 1er novembre symbolise la dynamique politique de l’action armée, sa signification historique, sa nécessité intemporelle. Il symbolise le jour où la victimisation constante de la gauche et de certaines parties du milieu anarchiste a été brisée de manière assourdissante. N’oublions pas que des nombreuses forces politiques qui aujourd’hui s’empressent de participer aux rassemblements antifascistes étaient de ceux qui, face à la peur des fascistes et de la répression, condamnaient cette action et parlaient d’agents provocateurs et de réactionnaires.
Au fond, les Spartiates appartiennent à Ilías Kassidiáris, qui a réussi à rallier le plus grand partie de l’extrême droite grecque. En se vendant, de derrière les barreaux, avec une image anti-système, il a réussi à reconnaître une réalité objective. Dans les sociétés capitalistes dites occidentales, il y a une tendance de l’électorat à regarder avec intérêt aux évolutions de la droite du spectre politique. Dans toute l’Europe, l’ainsi-dite « alt-right en costard-cravate » est représentée par des partis puissant, qui profitent du glissement du courant populaire de droite vers le centre-droite, mais aussi de l’intégration politique de la gauche, dans une première phase, et ensuite du mouvement anarchiste, en tant qu’ailes « radicales » du camp libéral. Le recul, à travers toute l’Europe, de la plupart des secteurs les plus combatifs de la gauche radicale et de l’anarchisme a crée un vide politique que l’on retrouve également dans la « lutte dans la rue » et qui est exploité par le bloc fasciste, qui offre une présence dans les rues et une perspective anti-système, même si vague et confuse dans son essence. Mais des personnes dégoûtées par le système politique et des jeunes qui métabolisent leur besoin d’antagonisme en participant à des rassemblements fascistes se tournent vers celui-ci.
Kassidiáris a habilement anticipé toute cette situation et l’a exploitée au maximum. L’émergence des Spartiates en tant que plus grand parti de l’extrême droite grecque actuelle est un exemple typique de la réalité sociale et politique fluide des sociétés modernes. Un parti inconnu de tout le monde encore 20 jours avant le second tour des élections, en juin, a réussi a devenir ce qu’il est aujourd’hui, rien qu’avec le soutien, depuis sa prison, de Kassidiáris, l’avant-garde de l’extrême droite en Grèce.
Bien sûr, on a clairement vu de quelle façon toutes ces personnes, de Kassidiáris à Dimitrokalis, au dirigeant du parti, Stigkas, sont anti-système : dans la seule bataille qu’ils ont mené depuis leur apparition dans le paysage politique de ce pays – le combat sempiternel que mène toujours la racaille d’extrême droite, c’est-à-dire rien d’autre que le combat pour leurs propres intérêts et pour l’argent. Historiquement, ils ont prouvé que derrière chaque crime qu’ils commettent il y a toujours la poursuite du gain financier. Ils le recherchent comme une mouche cherche la merde. Cette fois, il y a eu une guerre interne à leur parti pour les financements parlementaires. Celui qui contrôlait le parti contrôlait l’argent. Ils nous ont fait rire, avec des accusations mutuelles d’être des mafieux, avec les accusations de Stigkas, qui disait avoir été menacé et s’être fait confisquer son parti, mais surtout avec le dernier (pour l’instant) acte de ce drame, leur entêtement dans la poursuite de leur objectif commun : ne pas perdre leurs financements.
Les rires et la sensation passagère d’être en train de regarder une comédie se sont effacés. Ces ordures obéissent, d’une manière ou d’une autre, à un personnage politique qui a une trajectoire à laquelle il faut mettre un frein. Le même frein qui a été mis le 1er novembre, à Néo Héraklion, avec l’exécution de Fountoulis et Kapelonis ; le même frein que, historiquement, le mouvement antifasciste militant a toujours mis, en envoyant des fascistes à l’hôpital, en mettant le feu à leurs véhicules et maisons et en les écrasant, en masse, dans les rues. Le cirque des Spartiates a été soutenu aux élections par plus de 240 000 voix et, même si leurs luttes intestines pour l’argent du gouvernement ont pu paraître ridicules, il reste la force la plus puissant de l’extrême droite, ainsi qu’un aimant pour encore plus de gens qui sont attirés par le camp fasciste.
Notre engin chez Dimitrokalis n’est qu’un premier message, pour célébrer l’anniversaire du 1er novembre. Rappelons à toutes ces ordures que les organisations révolutionnaires armées ont mis une pierre tombale sur les bataillons d’assaut du passé. Pour envoyer un message aux nôtres : seulement une lutte radicale peut nous faire redevenir une vraie menace, de façon à faire face à la menace fasciste grandissante, que ce soit sur le plan de la société ou dans la rue. Pour montrer clairement aux fascistes ce qui les attends, chaque fois qu’ils pensent pouvoir sortir, avec ou sans escorte européenne. Seuls les groupes militants du mouvement antifasciste les feront ramper, le 1er novembre et pendant longtemps encore, comme bon nombre de leurs « camarades de lutte » ont rampé quand ils ont fait en première personne l’expérience de l’impact de l’action antifasciste.
SOLIDARITÉ AVEC TOU.TES LES PRISONNIER.ES POLITIQUES ANTIFASCISTES, EN HONGRIE, EN ALLEMAGNE, EN BULGARIE ET AUX ÉTATS-UNIS.
QUE LA PEUR CHANGE DE CAMP.
SEULE LA LUTTE RADICALE MILITANTE ÉCRASERA LE FASCISME.
Cellules d’action directe
* Note d’Attaque : le 1er novembre 2013, deux personnes sont arrivées à moto devant le local du parti d’extrême droite Aube Dorée, à Néo Héraklion, dans l’agglomération d’Athènes, et ont tiré sur les néonazis qui se trouvaient devant la porte. Deux sont morts et un troisième a été grièvement blessé. Deux semaines plus tard, l’attaque a été revendiquée par le groupe « Forces révolutionnaires du peuple militant », comme forme de représailles pour le meurtre de Pavlos Fyssas, poignardé le 18 septembre précédent par un membre d’Aube Dorée.