Le Parisien / vendredi 24 juillet 2015
Alors que le Val-Fourré connaît depuis quelques jours une relative accalmie après plusieurs nuits de violences urbaines, l’une des figures de ce quartier de Mantes-la-Jolie appelle au calme. Ousmane, connu dans toute la cité sous le pseudonyme de « Youv », a convié ce vendredi après-midi les jeunes du Val-Fourré à un barbecue au cours duquel il a asséné quelques messages de prévention. Cet homme âgé d’une trentaine d’années est connu de tous ici. Il est extrêmement actif sur les réseaux sociaux [et parmi ceux qui, à la gauche de la gauche, ont repris sa prose de craneur moralisateur, il y a le blog Le Jura Libertaire et les Editions antisociales… NdA] et a lancé depuis quelques mois sa marque de vêtements baptisée « For Youv ». Le tout, depuis… sa cellule d’une prison où il est incarcéré depuis presque treize ans à la suite d’une série de braquages. « Mon passé me permet d’être crédible auprès de ces gamins, explique Youv, qui profite d’une permission pour organiser ce barbecue. Brûler des voitures, caillasser la police, je l’ai fait ! Et aujourd’hui, je suis en prison. Et croyez-moi, la prison, ce n’est vraiment pas un exemple. »
Assis au milieu d’une bande d’adolescents dévorant une merguez ou vidant un coca, le jeune homme impose le respect. Les gamins l’écoutent en silence, intimidés. « Autant que son passé et les services qu’il continue de rendre, c’est son hyperactivité sur les réseaux sociaux qui contribue à sa notoriété, donc au respect qu’il impose », confie un jeune adulte du Val-Fourré qui observe la scène, amusé. « Qui a déjà brûlé, ici ? », demande-t-il. Un ado au visage poupon se dénonce, presque penaud. Et Youv de l’alerter sur les risques qu’il encourt à multiplier les bêtises. La discussion se poursuit plusieurs minutes. Le ton n’est jamais moralisateur. Il prévient, pacifie, sans pointer du doigt l’un ou l’autre des jeunes. « Je ne veux pas cibler, je ne veux pas être dans la confrontation. Je veux juste utiliser ma petite notoriété pour faire bouger les choses à mon niveau » insiste Youv.
Une intervention qui pourrait peut-être porter ses fruits chez ce public très jeune, et assez peu sensible aux messages de prévention traditionnels.