Indymedia Lille / lundi 14 février 2022
2016 – il s’est passé quoi en fait ?
A l’été 2016, Henkel, le ministre de l’intérieur du gouvernement de Berlin, a essayé d’expulser la Kadterschmiede, le bar de la maison partiellement squattée Rigaerstrasse 94. Cela s’est terminé avec trois semaines de siège de la Rigaer94, accompagnées de nombreuses attaques contre les symboles de l’embourgeoisement et de la politique municipale, de grosses manifestations et d’un sentiment général d’une éclosion dans la ville. Après trois semaines, les flics ont du reconnaître leur échec et débarasser le plancher, la Kadterschmiede a gagné face à la société-écran, la lutte pour des espaces auto-organisés et autonomes était plus solide qu’auparavant. Une situation qui a eu pour conséquence que l’appareil répressif s’est concentré après les faits sur des tentatives de cibler des individus. Thunfisch a été arrêtée dans le cadre de la manif du 9 juillet 2016 et a été enfermée en détention provisoire de novembre à février à la prison de Lichtenberg. Après quatre jours d’audience, elle a été condamnée à 7 mois et une semaine pour violences aggravées (contre personne dépositaire de l’autorité publique), trouble à l’ordre public, violation de la loi contre la dissimulation du visage et rébellion. La peine a été assortie d’un sursis de 2 ans.
Pour plus d’informations, de textes et une vue sur les nombreuses actions de solidarité : freethunfisch.blackblogs.org.
Cinq ans plus tard
C’était il y a si longtemps et pourtant actuel. Les stratégies changent, et pourtant aujourd’hui encore, les politicien*nes et spéculateur*ices se cassent régulièrement les dents sur la porte de la Rigaer94. Ces mois-ci, nous faisons face à une offensive juridique, pas seulement contre la Kadterschmiede et contre le Club Jeunesse Keimzelle, mais aussi, pour la première fois, contre les appartements loués dans la Rigaer94, pour lesquels la société écran veut obtenir des commandements d’expulsion. En même temps, des personnes sont traînées isolément en justice. Et maintenant, 5 ans après, le procès en appel de Thunfisch a lieu à la cour d’assises de Moabit. L’appareil d’Etat s’est dit que Thunfisch serait bien à sa place, au chaud en salle d’audience entre le bar et l’appartement.
Encore et encore au tribunal …
C’est justement ce moment-là, que la Justice a choisi pour le procès en appel de Thunfisch, qui est l’illustration d’une stratégie étatique perfide mais pas étonnante. On fait crouler les individus de manière ciblée sous une répression massive et on essaie de les détacher du réseau de résistance. Des procédures sans fin, beaucoup de “petits” procès et le fait de devoir s’occuper sans cesse de répression peuvent avoir comme objectif d’épuiser nos structures, de nous assécher et d’isoler les personnes. Il peut arriver que, à cause de cela, nous soyons non seulement poussé*es en posture défensive et à être constammment en position d’auto-défense passive, mais encore, souvent, que nous n’arrivions pas à être à la hauteur de notre souhait d’entre-aide et de solidarité. Comment pouvons-nous alors renforcer nos relations rebelles, comment nous donner du courage ?
Unir un présent de luttes avec un passé rebelle
Parfois, les moulins de la bureaucratie tournent lentement. On pourrait en arriver à commettre l’erreur de ranger les actes et les moments dans les archives de l’ “autrefois”, voire à se tenir devant les juges et à soupirer un “j’étais si jeune ..”. Or l’importance d’une lutte ne disparaît pas avec les mois et les années, nous avons conscience de la continuité de nos confrontations. Que la Justice doive à nouveau se prononcer, cinq ans après, sur la manifestation du 9 juillet ne nous montre qu’une seule chose : que le combat autour de la propriété et du logement, de l’auto-organisation et de l’autonomie est aussi pertinent qu’autrefois. Prenons-nous le temps, pour celleux qui étaient là en 2016 ou qui en ont entendu des récit, de nous souvenir de cette fabuleuse solidarité. En 2016, nous avons cru quelques fois que tout était fini. Cinq ans plus tard, Thunfisch est toujours au tribunal et la Rigaer94 est toujours là. Les combats du passé peuvent nous inspirer pour les luttes à venir. La répression a pour but de nous détruire – prenons soin notre solidarité, notre courage et notre élan. Nous utilisons ce procès en appel comme occasion d’unir un présent de luttes avec notre passé rebelle.
Venez au procès les 21/02, 28/02, 04/03 et 22/03 à la cour d’assises Moabit !
Adresse : Turmstraße 91, 10559 Berlin, Raum 3/739
Le 21.02 à 11:00, les 28.02, 04.03 et 22.03 à 9:30.
RDV pour débriefer après chaque jour d’audience à la Kadterschmiede :
21.02 Cantine et Infoevent « Liberated Grounds and the connection to student struggles » à partir de 18h + débrief dans la soirée.
28.02 Bar dès 20h et débrief à 21h.
04.03 Bar dès 19h et débrief à 20h.
Le groupe de solidarité de Thunfisch (Rigaer94 et autres) + Thunfisch