imc_barcelona / jeudi 8 avril 2021
Vallekas n’est pas une fauve à dompter : ni par les partis politiques, ni par les fascistes, ni par la police. Chronique du rassemblement de Vox à Vallekas
Mercredi dernier, le 7 avril, Vox [parti espagnol de l’extrême droite populiste ; NdAtt.] a fait la présentation de sa campagne électorale à Vallekas, dans une tentative évidente de faire de la provocation. Les jours précédents, il y a eu beaucoup d’agitation, avec la gauche institutionnelle et ses satellites qui étaient effrayés que la manifestation pacifique, ordonnée et « électorale » puisse être débordée par la rage d’un quartier ravagé par les files d’attente de personnes réduites à la faim, par les abus policiers, par le contrôle social, les caméras de vidéosurveillance, les rafles racistes, les évacuations et les expulsions locatives, les maisons de jeu et les proxénètes, l’exploitation, la misère et, pour couronner le tout, par la provocation fasciste permanente et la criminalisation du quartier par le biais de discours « sécuritaires », qui visent simplement à augmenter la répression dans le quartier. Le « vacarme médiatique », le même qui attise l’extrême droite grâce à la peur, de sorte que les gens oublient sa complicité avec le capital, ne voulaient pas d’une réponse forte de la part du quartier. Ils se foutaient de notre gueule, mais ils se sont trompés.
Ils se sont trompés, parce que, malgré les tentatives effectués par le service d’ordre du rassemblement, sur la Plaza Roja, de nombreux membres de Vox sont rentrés chez eux au chaud, entre les pleurnicheries, et il semblerait qu’un député ait été blessé. Si la pluie de pierres qui a arrêté les cocaïnomanes de l’UIP [les CRS espagnols ; NdAtt.] était tombée sur les fascistes, cinq minutes avant les charges policières, ça aurait tourné court pour Santiago Abascal [le chef de Vox ; NdAtt.] et compagnie. Notre réaction a été lente. Parce que les gens, ça oui, ont répondu à la charge des flics avec force, solidarité et autodéfense. Parce que le « consensus » construit par les partis politiques et leurs collectifs satellites dans ce quartier (qui ne sont pas tous des collectifs du quartier et qui n’ont aucune légitimité pour décider à la place d’autres personnes, sur leur manière de manifester) a été brisé. Parce qu’à Vallekas, nous ne nous résignons pas, nous ne nous limitons pas à faire l’éloge de l’autodéfense contre le fascisme quand elle a lieu à d’autres endroits, nous la mettons en pratique, comme ce quartier l’a fait dans son histoire, malgré le CONSENSUS DU RÉFORMISME. Parce que Vallekas a de la mémoire.
Certains, qui voulaient une photo d’une manifestation bien ordonnée, sont rentrés chez eux frustrés. Ceux d’entre nous qui voulaient l’image d’un quartier comme Vallekas, qui reçoit la police et les fascistes à coups de pierres, l’ont eue. Qu’est ce qu’on pensait pouvoir entendre, de la part des porte-parole du système, à propos des gens du quartier qui se battent avec dignité, avec tout ce qu’elles/ils ont à leur disposition ? Eh bien, comme d’habitude. Les émeutiers, les révolutionnaires, ceux qui luttent seront traités comme des criminels par l’État et ses complices des médias. Toujours. Le jour où ils ne le feront pas, nous aurons perdu, parce qu’ils nous auront enlevé de mains l’épine qui menace de piquer la tranquillité de paix sociale que la gauche et la droite défendent bec et ongles.
L’idée est claire : Vallekas répond à la provocation fasciste et policière, au-delà de la légalité, directement, sans intermédiaire et sans attendre quoi que ce soit des urnes, que nous savons être le tombeau de toute lutte qui cherche à remettre en cause les piliers de l’État et du capitalisme, ainsi que leurs projets de mort et d’exploitation.
Parce qu’on en a marre, parce que face à la misère, aux fascistes, à l’exploitation et à la répression il n’y a pas de place pour le consensus, ni pour les demi-mesures.
Apportons maintenant toute notre solidarité à nos voisin.e.s arrêté.e.s et blessé.e.s. Sans oublier que la lutte continue. Et faisons gaffe à une éventuelle future répression pour les événements de mercredi. Les rues seront toujours à nous.
Vallekas zone ingouvernable !
Quelques anarchistes de Vallekas