Kontrapolis / mardi 29 décembre 2020
L’appareil de sécurité allemand, en particulier le BKA [Bundeskriminalamt, la police judiaicire fédérale, dont l’un des trois centres est à Berlin ; NdAtt.], a été très actif cet année, dans son opposition aux milieux anarchistes et antifascistes. Ces efforts n’ont pas été oubliés en cette fin d’année ; c’est pourquoi le 22 décembre, peu après minuit, nous avons rendu une visite de Noël, sous forme poubelles incendiées et de bouteilles de bitume, au Centre de l’antiterrorisme du Ministère de l’intérieur, dans le secteur de Seehofer.
Le BKA, l’Office fédéral pour la protection de la Constitution et la Police fédérale sont responsables de la guerre contre les réfugiés et de leur expulsion, ainsi que de s’organiser avec les forces de l’État profond, comme la NSU*. Au Centre national de lutte contre le terrorisme, convergent également les lignes de communication du LKA de Berlin [Landeskriminalamt, la police judiaicire de chaque Land, ici de Berlin ; NdAtt.], qui est aussi en train de développer la pratique des méthodes conspiratrices, avec la « Loi sur la sécurité et l’ordre général », et a vu lui aussi un nombre non négligeable de « cas individuels » de fascistes en son sein, ces dernières années.
Le BKA est actuellement en train d’agrandir ses locaux de Berlin-Treptow. L’ancien bâtiment de Vattenfall à Schlesischer Busch est déjà en cours de rénovation et viendra s’ajouter à l’énorme terrain situé entre Bouchéstrasse et Elsenstrasse. Ils vont faire de l’espace pour encore plus d’espions, de spécialistes d’interrogatoires, de gestionnaires d’indics, d’experts en informatique, qui ciblent la population pour pouvoir traquer et combattre le plus rapidement possible les « éléments nuisibles ».
En cette époque de fascisation, avec d’un coté la montée d’un dangereux mélange de théories conspirationnistes qui gagnent en consensus et de structures nazies organisées, et de l’« autre » côté avec l’effritement des droits fondamentaux, une surveillance extrême et de forces des police et d’autres agences de « sécurité » hautement équipées et organisées à un niveau international – le fait de faire partie de ces « éléments nuisibles » est franchement le bon choix à faire.
Au cours de l’année écoulée, beaucoup de personnes se sont dérobées et ont ainsi, tristement, exprimé leur croyance dans une main protectrice et responsable de l’État. Il s’agit d’une aberration qui, par naïveté et manque de finesse analytique, conduit inévitablement à l’impasse de l’autorité et a la perte de son autonomie. La crise est déjà partout et, alors qu’ailleurs la révolte fait son chemin, ici nombre de ceux/celles qui ont autrefois inscrit le combat pour la justice sociale sur leurs bannières restent figé.e.s. Les dirigeants sont bien conscients de cette situation et utilisent la crise sanitaire comme terrain d’essai pour leurs manœuvres de contre-insurrection et de contrôle de la population.
Reconnaître cela et arriver à avoir une présence dans la rue qui soit à la fois distincte de la foule de droite et en rupture avec une gauche étatiste : tel sera le défi de l’année à venir.
Nous envoyons des salutations chaleureuses dans les cellules froides des centres de détention et des prisons, ainsi que dans les cœurs de ceux/celles qui risquent de se refroidir sous l’effet de la violence, de l’isolement et de la répression. Nous trouverons des moyens pour ne pas nous faire stopper et pour faire face à la situation.
Liberté pour Lina, Dy et Jo !
Beaucoup de force aux inculpé.e.s dans les affaires pour association de malfaiteurs de Berlin, Leipzig, Francfort et Hambourg et aux nombreux.ses inculpé.e.s dans le procès de l’affaire « Rondenbarg », pour le G20 [de 2017 ; NdAtt.] !
Groupes autonomes
Notes d’Attaque :
* Nationalsozialisticher Untergrund : groupe nazis clandestin responsable, entre autre, de la mort de neuf immigrés, entre 2000 et 2006 ; il était « couvert » par la police et les services secrets allemands.