Le Télégramme / mercredi 4 novembre 2020
La cour d’appel d’Angers a refusé, ce mercredi, de remettre à l’Italie le militant altermondialiste [sic ! NdAtt.] Vincenzo Vecchi pour sa condamnation principale prononcée après les émeutes en marge du G8 de Gênes (Italie), en 2001, et a ordonné un supplément d’information pour un reliquat de peine. Les magistrats ont par ailleurs refusé l’exécution en France de cette peine principale de dix ans de prison pour « dévastation et pillage », estimant que cette incrimination n’avait pas d’équivalent en France.
La cour déterminera par ailleurs lors d’une nouvelle audience si M. Vecchi exécutera un reliquat de peine d’un an, deux mois et 23 jours de prison en France ou en Italie. Avant cette audience, la juridiction invite le procureur général d’Angers à demander à la justice italienne si elle accepte que M. Vecchi, 47 ans, purge ce reliquat de peine en France. Le président de la cour a précisé qu’une telle peine pouvait être aménagée. […]
Mise à jour du 12 novembre : le parquet se pourvoit en cassation, la défense aussi
France 3 / jeudi 12 novembre 2020
[…] mercredi 4 novembre, la chambre d’accusation de la Cour d’appel d’Angers a, comme la Cour d’appel de Rennes l’année précédente, refusé d’exécuter le mandat d’arrêt européen émis par l’Italie à l’encontre de Vincenzo Vecchi. Motif invoqué : la peine principale de dix ans de prison encourue par Vincenzo Vecchi pour « dévastation et pillage » n’avait pas d’équivalent en France.
Cette incrimination, introduite dans le code pénal italien sous Mussolini, concentre depuis le début de l’affaire les critiques de la défense et du comité de soutien de Vincenzo Vecchi.
« Suite au verdict équilibré de la chambre d’accusation de la Cour d’appel d’Angers du 4 novembre, après celui de la Cour d’appel de Rennes qui, un an auparavant, avait libéré Vincenzo Vecchi, nous pensions qu’il était de l’honneur de la justice d’en rester là, comme le demandaient les signataires de la tribune [sic ! NdAtt.] (dont Christiane Taubira, Eva Joly et Marylise Lebranchu) parue dans Le Monde le 5 novembre » poursuit le comité de soutien dans son communiqué.
Mais deux jours plus tard : le vendredi 6 novembre, le parquet général a formé un pourvoi en cassation contre cet arrêt de la Cour d’appel d’Angers. « Humainement, c’est très difficile car ça fait 20 ans qu’on poursuit M. Vecchi sur la base d’une infraction injuste », commentait alors Maître Maxime Tessier, avocat de Vincenzo Vecchi.
Son comité de soutien dénonce un « acharnement judiciaire ». Il s’interroge sur les motivations du parquet : « Le procureur d’Angers, apparemment peu respectueux de la notion d’intérêt de la justice, se pourvoit en cassation en soutenant l’accusation italienne de « dévastation et pillage », issue d’une loi fasciste, sur la base du « concours moral » qui permet de condamner quelqu’un sur sa simple présence lors d’une manifestation. »
Face à ce qu’il considère donc comme un « acharnement », Vincenzo Vecchi décide maintenant de se pourvoir lui aussi en cassation « incidente » (cassation qui portera sur l’ensemble du dossier). « Nous espérons que la Cour de cassation saura enfin faire cesser l’absurdité de la situation actuelle, en s’appuyant sur le bon sens et la justice », conclut le comité de soutien.
Condamné en 2009 à douze ans et demi de prison, Vincenzo Vecchi faisait partie des « dix de Gênes », dix militants condamnés, souvent à des peines très lourdes, pour les affrontements du G8. Lui, avait été arrêté le 8 août 2019 à Rochefort-en-Terre (dans le Morbihan), où il travaillait comme peintre en bâtiment depuis de nombreuses années.
Après trois mois de détention, il a été libéré le 15 novembre 2019 par la Cour d’appel de Rennes, qui a jugé irrégulière « la procédure d’exécution » du mandat d’arrêt européen. La Cour de cassation avait finalement renvoyé l’affaire devant la Cour d’appel d’Angers.