Le Parisien / mercredi 27 mars 2019
Ils ont été reconnus coupables d’avoir dégradé 37 caméras de vidéosurveillance. La justice les soupçonne d’avoir voulu dissimuler le trafic de stupéfiant aux regards. Cinq jeunes, âgés de 15 à 21 ans, ont été déférés, ce mercredi matin au palais de justice de Versailles pour avoir détruit ou dégradé 37 caméras de vidéosurveillance appartenant au bailleur social de la cité des Indes de Sartrouville. Le préjudice pour « CDC habitat » est estimé à plus de 27 000 €.
Le premier « coup » remonte à juin dernier. Plusieurs soirs de suite, allée Camille-Pissaro, cinq hommes encagoulés brisent dix-huit caméras installées dans les bâtiments. « La première fois, ils étaient équipés d’une perceuse et d’une bombe de peinture noire, précise une source proche de l’affaire, avec lesquels ils s’en sont pris aux caméras installées dans les halls et les parkings souterrains de la résidence. » Au cours d’une autre nuit, le même groupe, armé de bâtons, brise d’autres caméras sur le toit de la résidence.
En décembre et en janvier, les casseurs mènent de nouvelles expéditions et dix-huit caméras dans les bâtiments de la même allée sont dégradées. Une autre, implantée sur la promenade Maxime-Gorki, subit le même sort. Mais cette fois, un casseur apparaît à visage découvert sur les dernières images enregistrées. Et les enquêteurs de l’agglomération de Sartrouville identifient les quatre autres grâce à leurs vêtements. Ils ont aussi été remarqués par des témoins avant les faits et les policiers les ont contrôlés dans des halls d’immeuble connus pour être des lieux de vente de drogue.
Lundi trois suspects, âgé de 17, 18 et 21 ans ont été interpellés chez eux à Sartrouville. Un quatrième, âgé de 19 ans, a été extrait de centre pénitentiaire de Bois-d’Arcy, où il est incarcéré pour six mois dans le cadre d’un trafic de stupéfiants. Le dernier, âgé de 15 ans, a été arrêté dans un pensionnat de la Creuse où ses parents avaient décidé de l’éloigner pour qu’il travaille à l’école.
Tous ont été placés en garde à vue à l’hôtel de police Houilles, où ils ont nié les faits en bloc. « Ils assurent qu’on ne peut pas les reconnaître sur les photographies car ils portent les mêmes vêtements que les autres jeunes gens du quartier, confie sur source proche du dossier. Ils soutiennent même qu’ils ne se connaissent pas alors qu’ils vivent dans le même quartier et même parfois dans le même immeuble. » Les trois mineurs au moment des faits (l’un a eu 18 ans depuis) ont été présentés à un juge pour enfant avant d’être remis en liberté. Les deux majeurs ont été condamnés mercredi soir par le tribunal correctionnel de Versailles à des peines de huit et dix mois de prison avec sursis.
Depuis l’implantation de la vidéosurveillance en 2000, la ville fait régulièrement face à ce type de dégradation. Certaines caméras sont incendiées, d’autres prises pour cible par des projectiles et parfois même détruites par des armes à feu. En 2012, la ville avait ainsi décidé de protéger les équipements par des « boucliers » de plexiglas [photo ci-dessous; NdAtt.]. En juin dernier encore, une caméra de l’avenue de l’Europe avait été prise pour cible par des tirs de carabine.