Anarchy Today / 20 septembre 2018
Note d’Anarchy Today : les médias ukrainiens n’ont pas voulu relayer l’incendie du centre d’entraînement, même si la nouvelle et les photos sont publiés sur internet. Nous avons reçu l’information par mail le 20 septembre. Traduit en anglais par Anarchy Today.
La répression et la prison font désormais partie de nos vies, comme des vies de tou.te.s les compas récalcitrant.e.s qui préfèrent mener une lutte offensive contre l’État et le capital, attaquant toutes les manifestations du pouvoir et détruisant l’ordre oppressif. De façon toujours plus régulière, au cours de ce combat, nous entendons des appels à la solidarité, venant des quatre coins du monde, avec des personnes qui ont sont dans des logiques similaires aux nôtres, réprimées et emprisonnées, nous avons vents de nouvelles selon lesquelles l’un.e. d’entre nous a été foutu.e derrière les barreaux, torturé.e ou même tué.e. et nous entendons aussi parler de telle ou telle infrastructure anarchiste qui a été détruite, pillée, de telle ou telle initiative qui a subi les descentes des forces répressives du Ministère de l’Intérieur (MVD).
Les autorités, tout comme il y a un siècle, essayent de nous stopper. Aujourd’hui comme hier, nous nous trouvons face aux gardes des structures d’État, entraînés et dotés du « droit légal », bref, les chiens de l’État fidèles à leur patrons et intéressés au maintien du statu quo, qui répriment les anarchistes et autres personnes insoumises.
Tous ces moments difficiles continueront et nous accompagneront tout le long de notre chemin vers notre libération. Tout cela est attendu et ne surprend pas. Le défi de l’ennemi on l’a accepté il y a longtemps, dès que nous sommes devenu.e.s anarchistes, et les appels de nos compas sont devenus très clairs. Pour nous, cela signifie simplement que la lutte contre toutes les manifestations de pouvoir se doit d’être permanente. Par conséquent, seule la solidarité sans limites existe, la lutte jusqu’à la victoire complète et la satisfaction de nos désirs rebelles ! Aucune négociation avec les fonctionnaires de l’État : un conflit permanent avec toute autorité !
Avant de parler à nos frères et sœurs de notre dernière action, ça vaut la peine de parler de la cible choisie et des méthodes qu’on a utilisé. La méthode que nos cœurs rebelles ont préféré a été coordonnée avec les convictions et les idées d’autres anarchistes insurgé.e.s : que les attaques, les incendies, les explosions et les actions armées devraient être partie intégrante de la guerre.
A propos du choix de la cible. Comme cibles d’attaques de représailles, nous retenons les structures ennemies, ses groupes et individus, aussi bien que tout infrastructure liée à la terreur d’État contre les anarchistes et les personnes conscientes, ou qui serve à celle-ci. L’État continue de torturer, casser, détruire, manipuler des procès et jeter en taule les combattant.e.s de la liberté. Du coup, nous attaquons ceux qui nous contrôlent, nous arrêtent et nous tuent tous les jours.
Notre ennemi : à commencer par la police, les juges, les procureurs et les matons, jusqu’aux bons citoyens qui forment et soutiennent cette société pourrie. En bref, toute figure de relief du système, tous ses larbins, ce sont des cibles pour nous, partisans anarchistes.
Contrairement à eux, nos sommes anarchistes, nous ne voulons donc appartenir à aucun État ni en suivre les lois. Nous ne sommes pas soumi.e.s ni ne voulons obéir aux lois, puisque toute loi est maintenue par l’inévitable punition en cas de la violation du droit de vengeance que l’État s’arroge. Dans nos relations avec d’autres personnes, nous ne sommes pas guidé.e.s par des lois écrites par des juristes. Notre loi c’est notre éthique !
Chaque partie de la cible nécessite un examen séparé et l’explication de sa mauvaise conduite. Étant donné qu’une nuit le feu a été bouté au Centre d’entraînement du Ministère de l’Intérieur, on doit se pencher sur cette bande criminelle organisée.
Après les éventements de la place Maidan de 2014, le nouveau gouvernement ukrainien a commencé qu’ils ont appelé la réforme du Ministère de l’Intérieur. Sa tâche principale était alors de transformer la police en une « police nationale », pour améliorer l’image des structures du pouvoir et rétablir la confiance populaire en celles-ci. Ils sont en train d’essayer de convaincre les gens que la nouvelle police n’est pas celle, tant détestée, de l’époque soviétique. Cette méthode est vieille comme le monde. En dépit de toutes les réformes, ils restent toujours des flics! Il y a plus d’un siècle, le territoire de l’Ukraine moderne appartenait à l’Empire Russe et même en ce temps-là il y avait une police pour protéger l’État et les riches, comme elle le fait aujourd’hui. Puis tous les révolutionnaires ont mené la guerre contre celle-ci, jusqu’à la Révolution de Février 1917, après quoi les services de police ont été abolis.
Maintenant, l’invention du Ministère de l’Intérieur, créée par les autorités et qui leur rend ses comptes, est complètement organisée et est pensée pour mener des fonctions répressives et punitives, protéger les riches et les puissants de notre présence dans les rues. Par conséquence, aucun gouvernement, ni nouveau ni vieux, et aucun État – Ukraine, Russie, Biélorussie, Grèce, etc., avec leur polices et leurs ministères, ne pourra jamais gagner notre confiance. Nous connaissons parfaitement leur intentions et donc, aussi longtemps que l’apparat répressif reste en place, nous continuerons notre lutte !
Les agents de patrouille ordinaires, comme les groupes d’intervention spéciale, sont toujours prêts et, au signal de leurs supérieurs, emprisonneraient n’importe qui, pour lui appliquer ensuite des mesures de contrainte et de punition. Le tout selon les instructions et les lois qui protègent l’État et le capital. Avant d’être envoyé en prison et placé entre les mains des matons, nos frères et sœurs auront à faire aux représentants du Ministère de l’Intérieur. Du coup, nous voyons le Ministère de l’Intérieur et tout ce qui le concerne comme un moyen pour briser l’esprit et la volonté d’un rebelle anarchiste qui va énergiquement de l’avant.
Du point de vue de la perspective révolutionnaire, on peut tranquillement dire que l’existence d’une institution spécialisée telle que le Ministère de l’Intérieur ne frappe pas seulement nous autres anarchistes, mais aussi le reste de la société : il déstabilise et affaiblit ses opportunités d’autodéfense – laissant les personnes sans le droit de se défendre, faisant ainsi en sorte qu’elles se sentent impuissantes. La population, étant incapables de résoudre ses propres problèmes de façon indépendante, transfèrent ses pouvoirs au système et à son tour au Ministère de l’Intérieur, comme toute autre institution, qui se repose et se développe sur la peur, sur l’incapacité des gens à réaliser leur potentiel intérieur sans contraintes extérieures.
Du coup, dans la nuit du 19 septembre 2018 le centre d’entraînement du Ministère de l’Intérieur a été la cible de notre attaque. C’est ici, dans ce centre d’entraînement, que ses agents sont formés pour nous enfermer, nous tirer dessous efficacement, perquisitionner et prendre d’assaut nos appartements avec leurs armes à la main, des armes que les personnes lambda n’ont pas le droit de posséder.
Le centre d’entraînement se situe à 500 mètres de Boryspilskaya Street, dans la forêt, dans le quartier Darnytskyi de la ville de Kiev. Dans ce centre, il y a des galeries de tir pour pistolets et armes automatiques, un parcours de course à obstacles, un terrain de tennis, un terrain de volley, un terrain de mini-football, des salles de cours et aussi une structure où ils s’entraînent pour les opérations de capture. C’est dans cette structure que nous avons concentré notre attaque ! Nous avons surveillé cet objectif pendant plus de quatre mois. Précisément pendant cette période, dans le bâtiment mentionné, des aménagements coûteux ont été faits et de l’équipement électronique a été installé. Pour l’incendie, nous avons eu besoin de 17 litres de mélange incendiaire, 10 pneus de voiture et de vieilles affaires trouvés dans la rue. Nous avons allumé deux foyers à deux endroits différents. Nous avons également laissé un message sur un mur : « Détruire le Ministère de l’Intérieur ». Le gardien et ses deux chiens n’ont rien entendu…
Bien que notre attaque soit symbolique, elle pointe toujours vers l’ennemi et la direction vers laquelle la résistance doit se développer.
Nos salutations chaleureuses et notre solidarité aux anarchistes incarcérés dans les prisons russes et biélorusses : Ilya Romanov, Oleksandr Kolchenko, Sergey Romanov, Yevgeny Karakashev, Ilya Shakursky, Vasily Kuksov, Dmitry Pchelintsev, Victor Filinkov, Andrei Chernov, Arman Sagynbaev,
Mikhail Kulkov, Maxim Ivankin, July Boyarshinov et tous les autres. Ce feu est pour vous. Cela ne nous importe pas si vous êtes impliqués dans ce qui vous est reproché. Le fait est que, dans la lutte contre l’État, nous sommes tous coupables. Sachez donc ceci : si les « innocents » méritent une fois notre solidarité, alors les « coupables » la mériteront mille fois…
Nous voulons aussi envoyer des mots de solidarité aux anarchistes qui agissent au Chili, en Grèce, en Italie et à tous les autres compas qui combattent, à l’intérieur comme à l’extérieur des prisons ! Sachez que vos actions et vos luttes sont importantes pour nous.
Vive l’Anarchie !
Détruisons le Ministère de l’Intérieur ! Détruisons l’État !
Cellule anarchiste Ilya Romanov / FAI-IRF