Athènes (Grèce) : Solidarité avec les quatre inculpé.e.s dans le procès du squat Gare

athens.indymedia.org / lundi 27 septembre 2021

Le 29 septembre, au tribunal d’Evelpidon, à Athènes, il [y a eu] le procès contre deux compas originaires de Berlin et deux compas d’Athènes. Le 26 novembre 2017, les quatre ont été arrêté.e.s lors de l’expulsion du Gare Squat, dans le quartier athénien d’Exarchia. Ils/elles sont accusé.e.s, entre autres, d’intrusion dans une propriété privée, de tentative de lésions corporelles graves, de refus de se soumettre à des relevés signalétiques, ainsi que de possession de matériaux explosifs et de bombes.
Cette expulsion était la première de trois, pendant lesquelles les quatre compas ont été détenu.e.s, 4 jours durant. Ils ont été libéré.e.s sous caution et maintenant, près de quatre ans plus tard, elles/ils doivent comparaître devant un tribunal. Environs un mois après l’arrestation de l’anarchiste révolutionnaire Dimitris Chatzivasileiadis, qui était en cavale depuis un an et demi, car accusé de faire partie du groupe de guérilla « Autodéfense révolutionnaire » et qui est l’une des quatre personnes arrêtées lors de l’expulsion du Gare en novembre 2017.

Le Gare était une maison squattée à Exarchia, dans le centre d’Athènes. Pendant de nombreuses années, elle a été un espace de vie qui allait, activement, à l’encontre de la propriété privée et du fait que le logement soit une marchandise. En essayant de favoriser un mode de vie communautaire dans lequel des termes comme « privé » étaient toujours discutables. Les gens ne pouvaient pas simplement avoir une chambre privée, mais c’était un espace entièrement collectif, qui était là pour celles/ceux qui en avaient besoin, en rendant pratique les mots « collectif » et « commun ». Mais le Gare n’était pas seulement un mode de vie communautaire, c’était aussi un lieu politiquement actif, où les gens s’organisaient et se politisaient. Dans le but de devenir une île de libération et non pas un îlot de vie libre, on voulait être politiquement actif.v.s, à l’intérieur et à l’extérieur du squat. De la participation aux assemblées et aux différentes luttes sociales, à la mise en place d’une infrastructure auto-organisée dans le quartier d’Exarchia, le Gare n’était pas seulement « un squat du milieu », mais il avait une relation sociale avec le quartier. Grâce à des structures comme les bains publiques et la laverie, le Gare offrait ses installations à toute personne en ayant besoin. Ouvert aux personnes venant de l’étranger, le Gare était aussi l’un des rares endroits à essayer d’intégrer les visiteurs/visitatrices et les combattant.e.s internationaux.les aux luttes locales, à essayer de briser dans la pratique les frontières et les récits nationaux, en montrant que nos luttes doivent être et sont liées. Et en tant que lieu rejetant les compromis avec l’État, il a dû faire face à une répression importante. Criminalisé par les médias et ciblé par les flics, le Gare a été dans le viseur de la répression policière, en particulier lors de journées importantes pour le mouvement local, comme le 17 novembre (anniversaire de la résistance contre la Junte militaire) et le 6 décembre (anniversaire du meurtre d’Alexis Grigoropoulos). En effet, la première expulsion du Gare Squat, quand les quatre inculpé.e.s ont été arrêté.e.s, a eu lieu juste avant un 6 décembre.

Le Gare était l’une des nombreuses maisons et lieux politiques auto-organisés et squattés à Exarchia. Tous ensemble, ils créaient un quartier où des concepts comme privatisation, profit, égoïsme, contrôle étatique étaient mis en question dans la vie quotidienne. Au cours des dernières décennies, de nombreuses maisons ont été occupées à Exarchia, dont un certain nombre par et pour des migrant.e.s. Dans ce secteur existaient des structures comme un hôpital autogéré, la distribution de nourriture, des cours de langue, des terrains de jeux, des espaces politiques ouverts, pour apporter des solutions aux problèmes quotidiens et offrir des endroits pour s’organiser, agir et socialiser. Ils fournissaient des espaces pour les réunions de différents collectifs politiques, pour des événements culturels et une base pour des discussions politiques, offrant un point de rencontre et une infrastructure pour le mouvement. Tous ces lieux, où la lutte avait l’habitude de s’enraciner, combinés aux affrontements réguliers avec les forces de police, donnaient vie à un quartier de résistance. Un quartier où la présence de la police n’était pas souvent tolérée, un espace vivant où développer des idées d’auto-organisation et d’autonomie.

Ces dernières années, surtout après la victoire électorale de Néa Dimokratía, partout en Grèce les squats ont fait face à une attaque virulente, beaucoup ont été expulsés, certains ont été défendus de manière combative et d’autres ont été réoccupés. Cette attaque, combinée à la pandémie et au dur confinement, aux politiques antisociales et réactionnaires du gouvernement, a créé une situation insoutenable pour le mouvement local. Le contrôle et les harcèlements de la part de la police, les amendes élevées et la répression caractérisaient la vie en ville. La situation a changé pendant la grève de la faim du révolutionnaire communiste Dimitris Koufondinas et les grandes manifestations d’étudiant.e.s contre la présence policière dans les universités. Face à cette grève de la faim, les gens ont trouvé une raison de reprendre les rues et lutter contre la vengeance de l’État. Le point culminant de cette période-là a été la manifestation massive à Néa Smýrni, dans la banlieue d’Athènes, contre la présence de la police dans les quartiers (la manifestation a eu lieu après que les flics ont attaqué des gens qui traînaient sur la place principale du quartier), quand différentes luttes ont été reliées et des gens de divers horizons se sont réunis pour montrer la rage sociale contre la gestion de l’État et les flics.
Pendant toute cette période, à Berlin la situation était à peu près la même. De nombreux lieux auto-organisés ont été expulsés, cette fois sous la coalition SPD-Die Linke-Verts, certains ont été défendus et tous ont donné l’opportunité au milieu de se radicaliser et de se lier davantage, avec de grandes manifestations, des actions, des discussions. La gestion étatique de la pandémie a été problématique là aussi. Les vies des gens étaient considérées comme des chiffres et notre vie sociale comme une opération mathématique compliquée (en calculant à chaque fois le nombre de foyers et de personnes qu’on pouvait rencontrer). La présence et les interventions de la police ont conduit à des affrontements à différents endroits, comme le parc Gleisdreieck, le parc Monbijou et le Mariannenplatz, où des gens ont durement attaqué les flics.

Chaque lieu est différent, comme les luttes qui s’y déroulent. Mais de notre part, en regardant au-delà de leurs frontières, nous reconnaissons de nombreuses similitudes et luttes communes. En tant que Coordination de solidarité radicale, des personnes qui se sont rapprochées pendant la grève de la faim de Dimitris Koufondinas, la solidarité internationale est l’un des sujets les plus importants de notre agenda. En reconnaissant les stratégies communes des États et les tactiques de répression, les opérations policières et les campagnes de pacification, mais aussi les problèmes et les obstacles communs, les perspectives et les analyses communes, nous pensons que la solidarité devrait être sans frontières ! C’est pourquoi nous sommes aux côtés des quatre personnes inculpées pour l’expulsion du Gare, en montrant que les luttes ne connaissent pas de frontières nationales !

SOLIDARITÉ AVEC LES QUATRE PERSONNES ARRÊTÉES LORS DE L’EXPULSION DU GARE.
SOLIDARITÉ AVEC L’ ANARCHISTE RÉVOLUTIONNAIRE DIMITRIS CHATZIVASILEIADIS.

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