Agen (Lot-et-Garonne) : Ville recouverte de tags anarchistes, anticapitalistes et antifas

La Dépêche / jeudi 30 avril 2015

agenHier matin, une trentaine de slogans anarchistes et anticapitalistes sont apparus sur les murs de la commune. Quatre personnes ont été interpellées et la ville porte plainte.

Dans la nuit de mardi à mercredi, les murs d’Agen ont bénéficié de plusieurs coups de peinture dont ils se seraient bien passés. Au matin, une trentaine de slogans anarchistes, anticapitalistes et antifascistes avaient redécoré des locaux privés et publics en centre-ville, mais aussi des véhicules et des distributeurs automatiques.

Une plainte et quatre gardes à vue

Grâce aux caméras de sécurité mais aussi au signalement des Agenais, la police a pu mettre la main sur quatre individus — deux hommes et deux femmes âgés de 19 à 32 ans — à l’origine des tags colorés sur le boulevard de la République. Bien que ces artistes n’aient peut-être pas été les seuls à bombarder la ville d’« Agen ne te soumet pas au fascisme » ou à repeindre les locaux d’Europe écologie — Les Verts, d’un « Collabos », ils ont été mis en garde à vue.

Si le montant des dégâts n’est pas connu, les bombes de peinture ont suffisamment sévi pour que le conseil municipal décide de porter plainte contre les auteurs de cette « campagne de graffitis contestataires et anarchistes qui ont considérablement dégradé les bâtiments visés ». Des auteurs « apparemment en relation avec le mouvement « zadiste » de Sainte-Colombe », précise le communiqué.

« Casseur-payeur »

La municipalité envisage dans un premier temps de demander réparations pour les dommages causés, en vertu du principe « casseur-payeur » et compte bien engager, en cas de refus, « toutes les procédures nécessaires pour obtenir réparation auprès de ceux-ci ».

Pour l’instant, les quatre individus sont sortis de garde à vue. La voiture de l’un d’entre eux a été saisie et ils sont convoqués devant le juge le 23 juin. Au tribunal, leurs œuvres pourraient être récompensées de travaux d’intérêt généraux, mais des amendes et des peines d’emprisonnement peuvent aussi être requises.

agen

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MAJ 13 janvier 2016 : le procès

La Depeche / mercredi 13 janvier 2016

Le plus âgé des quatre a écopé de trois mois avec sursis et d’un travail d’intérêt général. Faute de preuves, les trois autres tagueurs présumés ont été relaxés.

En avril dernier, le rouge ou le noir étaient mis sur des distributeurs en façade des agences bancaires du boulevard de la République, du tribunal de commerce de la rue Louis-Vivent ou encore de la direction des impôts place des Jacobins à Agen. Le rouge était la couleur choisie pour tagger ces bâtiments. Deux hommes, deux femmes, deux chiens avaient été aperçus. Ils ont été interpellés par les policiers dans la foulée, peu avant minuit ce jour-là.

Identifiés comme appartenant au mouvement Zone à défendre (ZAD) de Sainte-Colombe en Bruilhois, trois des quatre prévenus ont été relaxés hier à l’issue de l’audience du tribunal correctionnel. Le plus âgé du quatuor, un habitué des ZAD ayant fréquenté Sivens, a écopé de trois mois de prison avec sursis, et l’obligation d’effectuer un travail d’intérêt général (TIG) de 100 heures. Il a été reconnu coupable des dégradations commises boulevard de la République, mais a été relaxé pour les autres dégâts constatés.

Également soupçonnés d’avoir bombé bâtiments publics et agences bancaires, les trois autres ont donc été relaxés faute d’éléments probants allant dans le sens de leur culpabilité. En revanche, les quatre doivent s’acquitter d’une somme dépassant les 500 € en réparation des dégâts subis. Avocates des trois relaxés, Mes Isabelle Gillet et Pascale Laillet ont ensemble dit qu’il n’existait «rien pour entrer en voie de condamnation» pour les trois. «Il n’y a aucun élément justifiant d’un acte commis en réunion.» Pour Me Sylvie Brussiau, aucun élément n’atteste que son ZADiste de client ait pu commettre l’ensemble des dégradations.

Vers 19 heures, accompagnés d’une dizaine de ZADistes venus les soutenir et surveillés par autant de fonctionnaires de policie, les quatre ont regagné soit la ZAD, soit leurs pénates familiales. Car de ZADiste, ce quatuor n’en compte vraiment qu’un, les autres étant des défenseurs de la cause sans être de réels activistes. Que faisaient-ils donc à Agen au printemps dernier alors qu’ils sont de Rennes, d’Albi ou de Tours ? «On revenait du Portugal. On a appris qu’il y avait une ZAD, on s’est arrêté», détaille l’un d’eux. C’était «une semaine ou deux» avant la nuit des tags. Comme justificatif de leur déplacement nocturne, ils ont mis en avant qu’ils voulaient recouvrir «des stickers fachos. On nous a demandé de les décoller», explique l’une des jeunes filles, sans dire qui était le commanditaire. «À la ZAD, c’est pas un conseil des ministres. On est grands, on est majeurs. On n’était pas là pour taguer.»

Le tribunal a essayé d’en savoir un peu plus sur le parcours des quatre. L’une a mis un terme prématuré à ses études en 1ere, l’autre jeune femme est en année sabbatique après une année de droit. Le Rennais a fait des études de sociologie. Le quatrième, ZAdiste de Sivens et d’ailleurs, dit avoir «perdu son CDI, sa femme» grâce à «Monsieur Sarkozy, qui a décrété que c’était la crise.» [sic!] La ville d’Agen était partie civile, elle estime les frais de nettoyage s’élèvent à plus de 4 200 €, qui resteront à la charge de la collectivité.

 

 

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